La culture fait son nid dans les quartiers

La transmission de la culture et des savoirs occupe une place importante dans le développement d’un quartier. Les maisons de la culture et les bibliothèques jouent un rôle clé dans la prospérité des arrondissements de la Ville de Montréal.

« Le développement économique dans le monde s’appuie sur les activités créatives et culturelles », affirme le professeur au Département de géographie de l’UQAM Juan-Luis Klein. Le chercheur et son équipe du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES-UQAM) travaillent actuellement sur une étude qui vise à mesurer l’influence de la transmission culturelle dans les différents quartiers montréalais.

« Autrefois, la culture était considérée comme improductive, alors qu’aujourd’hui on la considère comme un élément de création des richesses », explique-t-il. C’est pourquoi un établissement comme le cinéma Beaubien a eu une si grande influence dans le quartier, situé au coeur de l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie, selon lui.

À la maison de la culture Claude-Léveillée, dans Villeray–St-Michel–Parc-Extension, le développement socio-économique du quartier fait partie des objectifs principaux. « Chaque quartier a des gens qui sont éloignés des arts et de la culture, affirme l’agent culturel de la maison, Claude Morissette. Souvent, nous offrons un lieu où les gens peuvent faire leurs premiers pas. »

Selon Juan-Luis Klein, une grande partie de la propagation des arts et des lettres à Montréal prend place dans les maisons de la culture disséminées dans les quartiers de la ville, un point de vue partagé par la Ville de Montréal.

« Des synergies ainsi qu’une dynamique de développement se créent entre les acteurs interagissant sur le territoire des maisons de la culture, souligne la relationniste à la Ville de Montréal Linda Boutin. Ça favorise l’émergence ou la pérennité d’un quartier culturel et, par conséquent, ça améliore la vie des citoyens. »

Pôles de transmission

La gratuité des maisons de la culture s’inscrit dans un désir de toucher à toutes les couches sociales d’un quartier. Des personnes avec des niveaux d’éducation divers trouvent leur compte dans ces institutions, selon Claude Morissette.

« Pour beaucoup de citoyens, l’art et la culture ne sont pas nécessairement acquis, observe-t-il. Ils veulent acquérir des connaissances pour mieux apprécier l’art. »

D’une certaine façon, un pôle culturel central de ce type permet aussi d’influencer l’éducation des enfants du quartier, poursuit M. Morissette. « Évidemment, ils peuvent aller dans d’autres institutions, comme la Maison Théâtre ou l’Agora de la danse, dit-il. Mais la maison de la culture, les élèves peuvent s’y rendre à pied ou en métro. Ça favorise la rencontre avec l’art pour les jeunes. »

Même l’architecture des maisons de la culture peut jouer un rôle dans la démocratisation de l’art. La présence d’un large hall d’entrée, par exemple, facilite la rencontre des habitants de la communauté, souligne M. Morissette.

Contrevenir à la pauvreté

D’après Juan-Luis Klein, ce sont les arrondissements les moins favorisés de la ville de Montréal — comme Villeray–St-Michel–Parc-Extension ou Montréal-Nord — qui profitent le plus des lieux de diffusion culturelle.

« Les maisons de la culture sont importantes partout, mais encore plus dans les quartiers pauvres, analyse le chercheur. L’un des problèmes majeurs de la pauvreté, c’est l’isolement. Les maisons de la culture donnent la possibilité de briser cet isolement. »

Cependant, les maisons de la culture partout sur l’île profitent d’un financement public similaire. « Ça peut varier plus ou moins de dix à vingt pour cent », note Claude Morissette.

Dans le quartier de la maison Claude-Léveillée, inaugurée il y a près d’un mois, la culture et les bibliothèques recevront un budget de 5,3 millions de dollars pour l’année 2018. Dans Outremont, l’un des quartiers les plus scolarisés de Montréal, environ cinq millions de dollars seront alloués aux loisirs et à la culture, dont un million de dollars à sa bibliothèque, la bibliothèque Robert-Bourassa.

Dans le Plateau-Mont-Royal, l’un des arrondissements de l’île où le loyer est le plus élevé, la maison de la culture se verra octroyer 600 000 dollars, alors qu’environ deux millions de dollars seront investis dans les bibliothèques.

Pour le chargé de communication à l’arrondissement d’Outremont Sylvain Leclerc, le financement varie selon les priorités du quartier. « C’est peut-être plus facile de valoriser la culture dans un milieu déjà bien pourvu, mais c’est important de le faire en bonifiant l’offre d’activités et de services », explique-t-il.

L’intégration de la culture prend encore plus d’importance dans des milieux défavorisés, affirme Juan-Luis Klein. « Westmount n’a pas de problème de nature culturelle et possède tous les moyens pour s’en prémunir, dit-il. Là où on a besoin d’investissement, c’est dans les quartiers où il y a de la pauvreté et de la dévitalisation. »

Place aux quartiers

Le projet de Juan-Luis Klein au Centre de recherche sur les innovations sociales de l’UQAM vise à étudier l’apport des acteurs communautaires et de Culture Montréal dans la revitalisation des quartiers. Depuis 2007, la table de concertation Culture Montréal encourage une décentralisation de la culture vers les quartiers.

« Il avait été question que Montréal soit une métropole culturelle, mais on pensait plutôt à des lieux comme le Quartier des spectacles, explique-t-il. C’est très bien, mais ça ne garantit pas la vitalité des quartiers. »

 

photo : SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS

La maison de la culture Claude-Léveillée dans l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

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