CAP-CF : étudier le fédéralisme en mode indépendant

Lancé le 12 mars dernier, le Centre d’analyse politique sur la constitution et le fédéralisme (CAP-CF) vise à observer à la loupe les tenants et aboutissants de la fédération canadienne, et ce, dans une optique indépendante des institutions politiques.

Le projet, élaboré par le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes de l’UQAM (CREQC), Alain-G. Gagnon, survole avant tout le fonctionnement de la fédération canadienne, tout en tenant à l’oeil d’autres fédérations à l’international. « Nous voulons comparer et contraster avec ce qui se passe ailleurs », explique M. Gagnon.

Le Centre, présentant cinq axes principaux administrés par des professeurs de l’UQAM, fera aussi appel à des chercheurs de l’Alberta, de l’Ontario et d’ailleurs au Canada pour alimenter ses recherches.

« L’objectif du Centre est de mobiliser de nouvelles ressources pour se pencher sur les politiques concernant l’environnement, l’énergie, le développement régional, ajoute-t-il. Plusieurs secteurs seront touchés dans une perspective de mieux saisir l’élaboration des politiques publiques en fédération. »

Il y a un intérêt important à installer le CAP-CF au Québec, selon le ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Jean-Marc Fournier, qui a versé 100 000 dollars au Centre par l’entremise du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes (SQRC).

« Il y a une banque de chercheurs québécois qui deviennent les animateurs principaux d’une constellation de chercheurs canadiens, a-t-il lancé en entrevue avec le Montréal Campus. Nous avons donc des antennes extérieures qui peuvent faire écho ici. »

Financé, pas influencé

Le nouveau pôle de recherche fait appel au financement de plusieurs établissements, dont trois facultés de l’UQAM et le SQRC, entre autres. Le CAP-CF ne souhaite toutefois pas s’identifier sur l’échiquier politique.

« L’idée, c’est de produire une recherche indépendante, comme les universitaires sont supposés le faire, établit M. Gagnon. Nous ne sommes pas à la solde de qui que ce soit. »

« Comme chercheurs, nous sommes au service de la science et de la connaissance, assure le professeur de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM Jean-Denis Garon. Un centre de recherche universitaire, c’est un centre où le financement est indépendant des résultats. » D’après lui, la recherche dans plusieurs institutions québécoises est motivée par une ligne directrice et un objectif final, au contraire du CAP-CF.

Parallèle incorrect?

Malgré l’investissement de son Secrétariat, Jean-Marc Fournier insiste sur l’autonomie du centre d’analyse. Selon lui, le CAP-CF se distingue de chaires comme l’Institut de recherche sur l’autodétermination des peuples et des indépendances nationales (IRAI), financé par l’ancien chef du Parti québécois Pierre-Karl Péladeau.

« Un centre de recherche appuyé par un parti politique n’est pas pareil qu’un centre de recherche créé par l’UQAM, dit-il. Entre l’étude académique et une démarche politique et partisane, il y a un monde de différence. »

M. Gagnon rappelle qu’une bonne partie du budget annuel du CAP-CF, qui se situera entre 300 000 et 400 000 dollars, provient de trois facultés de l’UQAM. « Il y a un projet politique derrière l’IRAI, ce qui n’est pas notre cas, affirme-t-il. On s’est assuré d’avoir une diversification de notre financement pour avoir les mains libres et une analyse ferme et porteuse pour la suite des choses. »

Peu importe le parti au pouvoir, l’étude des fédérations fait écho auprès de la classe politique québécoise, dit Jean-Denis Garon. « La recherche là-dessus intéresse le gouvernement du Québec et le SQRC. Ça intéresse tout le monde, explique-t-il. Ça transcende les lignes de tout parti. »

Pôle québécois

Situer le CAP-CF au Québec s’inscrit dans le simple intérêt de la recherche, selon Jean-Denis Garon, qui s’occupera de l’axe « fédéralisme fiscal et décentralisation » du centre.

« D’abord, le Québec est la deuxième plus grosse province du pays, et Montréal est la ville où il y a le plus d’universités, souligne-t-il. On fait partie d’une province où les questions de fédéralisme et de décentralisation ont toujours été au centre des préoccupations des gouvernements. Il n’y a rien de surprenant. »

Pourquoi s’installer à l’UQAM? D’abord parce que le Centre d’analyse a été lancé avec l’aide de la CREQC, une chaire établie à l’UQAM, mais aussi en raison de l’intérêt des chercheurs de l’établissement montréalais en recherche sur la Confédération, selon M. Gagnon.

« On retrouve, au Québec et à l’UQAM, les chercheurs qui ont fait le plus pour comprendre le fonctionnement des communautés politiques au pays et à plus grande échelle », note-t-il.

« L’UQAM a toujours fait le pont entre la recherche académique et ce dont la société a besoin, observe Jean-Denis Garon. On est en plein centre-ville, dans un campus urbain, donc c’est un endroit naturel pour cela. »

 

photo : MONTRÉAL CAMPUS

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