Le syndrome du gymnase vide

En sport universitaire, des gradins remplis peuvent déclencher un effort double chez un athlète. Les Citadins de l’UQAM, qui ont l’habitude de jouer devant des estrades dégarnies, obtiennent généralement des résultats sportifs en deçà de la moyenne.

« La foule a un grand impact, surtout au volleyball, souligne la centre de deuxième année des Citadins Gabrielle Archambault. Je ne dis pas que c’est difficile de jouer avec une foule moins garnie, mais il est vrai qu’avoir plus de partisans n’amènerait que du positif. »

Cette saison, l’équipe de volleyball féminine des Citadins s’est classée au quatrième rang sur six équipes de la première division québécoise. Qualifié in extremis pour les séries éliminatoires, qui s’amorcent au début du mois de mars, le club bleu poudre possède une fiche de six victoires et quatorze défaites.

L’affluence partisane aux matchs intérieurs des Citadins varie selon le sport. D’après le coordonnateur du programme de sports d’excellence des Citadins de l’UQAM, Daniel Méthot, l’équipe uqamienne de basketball enregistre des moyennes de 440 partisans par partie, avec une pointe de 950 personnes au match d’ouverture, en novembre. L’équipe de volleyball, mise sur pied il y a trois ans, attire de 75 à 240 personnes par partie, avec une moyenne qui s’établit à 145.

Influence psychologique

Les faibles foules enregistrées par les équipes sportives uqamiennes, comparativement à d’autres programmes universitaires plus établis, peuvent agir sur le mental des athlètes. « Généralement, pour les athlètes de haut niveau, la présence d’une foule lors de l’événement vient augmenter les performances, explique le professeur en psychologie sportive de l’UQAM Robert J. Vallerand. C’est ce qu’on appelle l’effet de facilitation sociale. »

Ce phénomène suppose que la présence d’un observateur peut initier des réponses positives ou négatives chez un athlète, selon sa personnalité. Une étude du chercheur David T. Yi de l’Université Xavier, publiée en mars 2017, révèle, grâce à des analyses de données statistiques, que les encouragements de la foule à domicile font partie intégrante de l’avantage du terrain.

Menée auprès de plusieurs équipes américaines de basketball universitaire, la recherche évalue qu’une foule 10 % plus nombreuse que la moyenne enregistrée au cours de la saison peut augmenter le nombre de points marqués dans un match d’environ 6 %.

« Dans un moment plus difficile, quand tu es à ton niveau d’énergie le plus bas et que rien ne marche, la foule amène cette petite poussée, cette petite dose d’énergie qui peut te permettre de remonter la pente », ajoute la volleyeuse des Citadins Émilie Germain-Russel.

Modèle à suivre

Dans le monde du soutien partisan, c’est l’Université Laval qui trône au sommet du classement. Selon l’équipe de communication du Rouge et Or, 800 partisans se présentent en moyenne aux matchs de volleyball. Au basketball, la moyenne grimpe à 1 000 partisans par affrontement.

Au volleyball, cela se traduit par d’excellents résultats sur la scène québécoise. En sept ans, l’équipe féminine du Rouge et Or a amassé six top deux. Cette saison, à l’entrée des séries, elle présente une fiche de quatorze victoires et six défaites. « Quand 1 000 personnes se lèvent pour fêter tes points, le caractère et l’orgueil embarquent, souligne l’attaquante du Rouge et Or Alice Cloutier. Puis, la performance va dans le même sens. »

Amélioration marquée

Selon Daniel Méthot, la foule a eu son rôle à jouer dans la qualification du club de volleyball des Citadins dans le premier tournoi éliminatoire de sa courte histoire, le 17 février dernier.

« Notre équipe adore jouer devant un public et sentir un soutien, dit-il, en parlant du club de volleyball. Sur le plan émotif, on a l’impression que les joueuses travaillent un peu plus fort, plongent un peu plus loin, et que, par hasard, des choses arrivent. Quand le vent tourne et que ça se met à brasser dans les estrades, ça aide royalement. »

Dans un sport où la précision du service est aussi importante que la force du smash, l’appui de la foule à domicile, aussi petite soit-elle, devient des plus importants. Les volleyeuses des Citadins ont conclu la dernière saison avec une fiche de quatre victoires et six défaites à domicile, comparativement à une fiche de deux victoires et huit défaites à l’étranger.

Effet contraire

Pour Robert J. Vallerand, les athlètes peuvent réagir différemment à la présence de foules. Certains sont influencés par les exclamations d’une masse de partisans, alors que d’autres apprennent à performer peu importe les circonstances.

« Plusieurs athlètes vont vous dire que la foule peut parfois nuire, parce qu’elle va les amener à déployer plus d’énergie qu’ils devraient, précise-t-il. C’est là qu’il faut savoir doser. Souvent, les athlètes de haut niveau n’entendent presque plus la foule. »

Les joueuses de l’UQAM doivent souvent apprendre à faire le vide face à ces gradins dégarnis. « Le volleyball est d’abord un sport d’équipe, lance Gabrielle Archambault. Si l’équipe coopère pour créer une belle atmosphère et une belle énergie, une foule inexistante ou mauvaise ne changera pas grand-chose au résultat. »

 

photo : SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS

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