Changements climatiques : à la recherche de relève

DOSSIER | Recherche sur le climat

Seul programme francophone de météorologie en Amérique du Nord, le baccalauréat de l’UQAM en sciences de la Terre et de l’atmosphère, concentration météorologie, peine à recruter une masse critique d’étudiants.

« Les étudiants cherchent un domaine d’études qui leur donnera un emploi. Notre profession manque de visibilité », déplore le directeur du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère, René Laprise. Les bacheliers en météorologie ne sont qu’une dizaine par cohorte. « Il faut rendre le programme plus attrayant », estime M. Laprise. Il est notamment ardu de recruter des candidats ayant des connaissances suffisantes en physique et qui détiennent un diplôme d’études collégiales en sciences de la nature.

La visibilité réduite de l’UQAM à l’étranger affecterait aussi le recrutement. « En matière de changements climatiques, l’UQAM n’est pas vraiment connue à l’international », soutient l’étudiante à la maîtrise en sciences de la Terre Cynthia Le Duc. Aux côtés de chercheurs provenant de divers pays, Mme Le Duc a participé, l’année dernière, à une expédition navale dans l’Arctique dans le cadre du programme international de formation ArcTrain.

Le manque de recrues au sein du baccalauréat en sciences de la Terre et de l’atmosphère est partiellement compensé par l’intérêt porté aux autres disciplines liées à l’étude des changements climatiques. Les programmes de géologie, d’environnement et de géographie, eux, ne rencontrent pas de problèmes d’effectifs. C’est donc souvent à travers ces formations que des étudiants sont amenés à étudier les impacts des changements climatiques. « Le décloisonnement disciplinaire est bénéfique pour la recherche », affirme la titulaire de la Chaire de recherche sur le climat et l’évolution de l’Arctique, Anne de Vernal.

Les étudiants des dernières années sont plus sensibilisés sur ces questions, ajoute la professeure de géographie spécialisée dans l’impact des changements climatiques sur les milieux tourbeux, Michelle Garneau. Elle sent que l’UQAM « veut investir dans cette filière », ce qui se traduit par un nombre grandissant d’études dans le domaine. « Les changements climatiques sont un sujet de recherche moins original qu’il y a vingt ans », souligne néanmoins la professeure Anne de Vernal.  

Créer des vocations en Arctique

La bachelière en biologie à l’UQAM Stéphanie Guernon mène, dans le cadre de sa maîtrise, un projet de recherche portant sur les changements climatiques.

Celle qui avoue ne pas aimer le froid n’aurait jamais imaginé s’envoler en Arctique pour y étudier la relation entre le carbone et la présence de méthylmercure dans le zooplancton. Certains lacs sont contaminés à un point tel que les communautés locales ne peuvent plus y pêcher, explique l’étudiante.

Sans s’intéresser directement aux changements climatiques, Stéphanie Guernon espère que ses recherches permettront de jauger plus efficacement leurs impacts dans le futur. Pour ce faire, elle tente entre autres de trouver la méthode de classement du zooplancton lacustre la plus efficace pour évaluer sa contamination.

Si elle ne se prédestinait pas à la recherche au début de ses études, Stéphanie Guernon envisage maintenant le doctorat. Les jeunes chercheurs qui ont choisi de faire une maîtrise ou un doctorat seront un jour appelés à prendre la relève de leurs professeurs. L’expertise de l’UQAM sur les régions arctiques et subarctiques permet à des étudiantes comme Cynthia et Stéphanie de se trouver une vocation.

La faible notoriété de l’UQAM en matière de recherche sur les changements climatiques tiédit cependant la portée de ces récits inspirants. Le recrutement anémique en météorologie contribue au déclin de la visibilité de l’expertise uqamienne. « Le nombre d’étudiants que nous avons actuellement n’est pas viable », reconnaît le directeur du programme, René Laprise.

 

photo : COURTOISIE DE STÉPHANIE GUERNON

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