Écoles démocratiques : apprendre librement

Des ateliers qui passent des «batailles de fusils “Nerf» à des «débats sur le racisme et le sexisme», telle est la mission des centres éducatifs agiles qui permettent aux élèves d’apprendre selon leurs envies, explique la codirectrice du centre Mont-Libre à Montréal, Noémie Bourbonnais.

Les jeunes adolescents s’informent selon leurs champs d’intérêt durant les ateliers. « On passe du coq à l’âne de minute en minute, ajoute Mme Bourbonnais. Pour avoir un bon moment d’apprentissage, il faut qu’il soit réel […] qu’il provienne de leurs besoins et désirs. »

Environ cinq enfants, âgés de dix à quinze ans, se rendent au centre chaque jour, ce qui fait varier les ateliers en fonction des personnes présentes. Pour la majorité de ces jeunes, ils se sont tournés vers l’école à la maison parce qu’ils étaient trop turbulents ou parce que leurs parents ne croyaient pas au système traditionnel.

« Près de 75 % des jeunes qui fréquentent le centre sont des jeunes pour qui l’école n’a pas fonctionné », ajoute l’un des cofondateurs du Réseau des écoles démocratiques au Québec (REDAQ), Marc-Alexandre Prud’homme. Comme l’école est obligatoire au Québec jusqu’à seize ans, la seule façon de la quitter est de suivre des cours à la maison.

Impact du mouvement au Québec

À l’heure actuelle, le gouvernement n’accorde aucune reconnaissance au mouvement des écoles démocratiques, qui sortent de la structure scolaire traditionnelle. Même les écoles alternatives, qui offrent aux étudiants de choisir leurs horaires et leurs apprentissages, doivent suivre le curriculum éducatif et obtenir des dérogations.

De plus, dès qu’un certain nombre d’enfants sont réunis dans un même lieu pour recevoir de l’instruction, automatiquement, l’organisation se trouve sous la juridiction du gouvernement et le curriculum doit être appliqué, explique l’un des cofondateurs de la REDAQ, Jean-Simon Voghel.

Les lois forcent donc l’organisme à trouver d’autres façons de s’organiser. « On est dans l’obligation de se créer d’autres cadres pour agir. Nous offrons des services qui s’adressent aux parents qui donnent l’éducation à la maison à leurs enfants », raconte M. Voghel. Ce dernier fait allusion aux projets Mont-Libre et le Centre Communidée, qui ont pris de l’ampleur dans les dernières années.

Le mouvement est en réelle expansion. Au fil des années, de plus en plus de personnes assistent aux conférences L’Éducation autrement, présentées à l’UQAM. « Il y a un engouement pour ce type d’enseignement, constate M. Voghel, il y a une crédibilité à cette journée-conférence et il y a une crédibilité envers les personnes qui interviennent. »

Objectifs clés

La REDAQ a été fondée il y a quatre ans dans un désir de rassembler les projets d’éducation populaire qui sortent du cadre traditionnel actuel. « L’un des objectifs est d’échanger des stratégies et des ressources pour faciliter la création de projets éducatifs», dit Jean-Simon Voghel.

Ces projets éducatifs misent sur des objectifs de type prétexte, présentés sous forme d’ateliers. Ceux-ci permettent à l’adolescent de se développer non seulement sur une base d’acquisition de connaissance brute, mais également sur d’autres plans, par exemple sociaux ou affectifs.

Tout cela rend l’enfant plus enclin à apprendre, puisqu’il donne son consentement aux sujets. Cependant, les enfants qui fréquentent ces lieux font l’école à la maison et dans la majorité, « les parents axent l’apprentissage sur la vision utilitariste, à savoir quel métier l’enfant peut faire avec ses acquis », explique le professeur de didactique spécialisé en éducation à l’UQAM, Renald Legendre.  

Le professeur émérite ne critique pas pour autant cette forme d’apprentissage qu’offrent les centres éducatifs. « Leur façon est bonne, mais ils sont encore axés sur une priorité éducative dans un contexte et une atmosphère qui diffèrent tout simplement du cadre actuel, dit-il. Ce n’est pas la solution, si on a conscience de la problématique. »

La solution pour lui réside dans un système éducationnel qui vise à présenter un maximum d’objectifs prétextes, dès la maternelle, pour perfectionner le développement de l’enfant dès le jeune âge. Le but est de donner goût à l’enfant d’apprendre et de le rendre autodidacte.

 

photo : NICOLAS ST-GERMAIN MONTRÉAL CAMPUS

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