Le passage de Valérie Plante à l’émission Tout le monde en parle a soulevé une question importante pour certains Québécois : la nouvelle mairesse encouragera-t-elle le retour de la mythique équipe des Expos et, par le fait même, la construction de son stade coûteux?
Un point intéressant a été soulevé par plusieurs : pourquoi investir dans la construction d’un stade et dans le retour d’une équipe quand l’équipement sportif des écoles publiques est défaillant, que les services ne sont pas optimaux pour les enfants issus de familles à faible revenu et que les activités parascolaires sont souvent dispendieuses pour les parents en difficulté financière?
Ces enfants peuvent rarement se permettre d’être membre d’équipes sportives – vu le coût de l’équipement, des inscriptions, des tournois, etc. – d’où l’existence d’organismes comme le programme des sports mineurs Timbits, dédiés aux jeunes en situation économique précaire. N’étant pas seulement à but sportif, ces activités permettent également de développer un sentiment d’appartenance et d’inclusion sociale.
La pratique d’un sport compétitif n’est qu’un des privilèges partagés par les classes plus aisées de la société. Il en va de même pour la culture.
Montréal a la chance d’avoir une scène culturelle populaire foisonnante toute l’année, avec bon nombre de festivals gratuits, d’expositions, de spectacles dédiés à toutes sortes de formes d’arts.
Une foule de gens se retrouve dans ces événements, notamment en raison de leur gratuité et, du fait même, de leur accessibilité. La culture dite plus classique, que ce soit dans les musées, les expositions artistiques ou les galeries vit toutefois une réalité contraire.
Ces établissements et ces événements plus « exclusifs », non pas parce qu’ils le sont, mais parce qu’on veut les rendre ainsi, regroupent souvent les touristes pendant la période estivale, les connaisseurs et une grande majorité d’hommes et de femmes qui ont le privilège d’avoir eu un entourage s’intéressant moindrement à la culture « classique ».
Que ce soit des peintures pendues à ses murs, une bibliothèque bien garnie, des parents s’intéressant à différentes formes d’art ou le privilège d’être allé voir des spectacles artistiques en tout genre, tous sont des composantes d’un privilège qu’on ne calcule bien souvent pas.
Les institutions culturelles demeurent un luxe pour ces familles, qui préfèreront avoir de quoi garnir leur assiette plutôt que de dépenser plus de 15$ pour une entrée au musée. Il y a également de très fortes chances que les classes moins aisées de la société aient été peu exposées à cette forme de culture et qu’elles n’y voient donc aucun attrait, aucun intérêt. Non pas parce que l’engouement est intrinsèquement absent, mais parce que les écoles ne mettent pas d’accent particulier sur la culture plus classique. Elle passe outre, pour un extra non nécessaire à l’éducation.
Pouvoir s’émanciper d’un point de vue culturel devrait être un droit, non pas un privilège.
Dans le cadre d’une étude menée par le gouvernement britannique en 2014, des chercheurs ont conclu que la sphère pauvre de la société anglaise était moins encline à s’immerger dans le monde culturel et artistique. Les citoyens à faible revenu disaient ne pas se sentir à leur place, que ces lieux étaient faits pour d’autres personnes.
Il y a un travail à faire sur ce sentiment d’exclusion, cette idée que l’art et la culture dits classiques appartiennent seulement à certaines classes sociales. Même les bibliothèques anglaises, qui sont gratuites, sont souvent moins fréquentées par les enfants venant de milieux défavorisés que ceux venus des foyers mieux nantis.
L’art classique a encore sa place, il n’y a pas de doute. Il est le témoignage d’époques et d’idées diverses. Mettons le snobisme et l’inaccessibilité à la poubelle, il est temps de mettre l’inclusion sur un piédestal.
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