Le projet de loi 157 sur le cannabis de l’Assemblée nationale est clair: il sera interdit de fumer du cannabis sur les lieux d’un établissement universitaire. Dans le même ordre d’idée que la loi sur le tabac, toute consommation sera prohibée dans un rayon de neuf mètres des bâtiments de l’UQAM.
«L’UQAM a un règlement qui restreint de fumer sur son campus, rappelle la directrice des relations de presse de l’UQAM, Jenny Desrochers, en parlant de la loi sur le tabac et l’usage du tabac adoptée en 1988. Par définition, cela s’appliquerait également à la fumée du cannabis au moment où sa consommation sera permise sur le plan légal.»
L’UQAM n’a toutefois pas voulu commenter le projet de loi de manière plus définitive, arguant que son application sur le campus devait encore être discutée par les hautes instances de l’établissement. Rappelons que la légalisation du cannabis au Canada est prévue en juillet 2018.
Sensibilisation délaissée
Si les Services à la vie étudiante offrent actuellement du «soutien-conseil» en matière de drogues, d’alcool et de tabac aux membres de l’UQAM, aucun groupe interne de prévention ou de sensibilisation n’agit sur le campus de l’école.
Des numéros de téléphone et des liens menant à des organisations extérieures — tels Alcooliques anonymes ou Drogue – Aide et référence — sont tout de même mis à disposition des élèves.
«Déjà qu’il existe très peu de mesures entourant l’alcool et sachant que le cannabis devrait être traité comme l’alcool et la cigarette, c’est difficile d’avoir des attentes, établit la coordinatrice de l’Association facultaire étudiante de langues et communication de l’UQAM (AFELC), Chanel Vincent-Dubé. Il n’y a pas de mesures claires pour le moment ». Selon elle, les possibilités que l’UQAM forme des groupes de prévention demeurent faibles actuellement.
Ce ne sont pas toutes les associations étudiantes qui pensent que le mandat de prévention et de sensibilisation sur la marijuana revient à l’Université. «La SAAQ, entre autres, a commencé à faire de la publicité préventive dans l’école, fait remarquer le responsable à l’information et aux communications de l’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED-UQAM), Louis-Simon Besner. Dans la mesure où il n’y a pas d’enjeu ou de problématique, je ne vois pas en quoi l’UQAM elle-même aurait à faire de sensibilisation. Chaque étudiant a la responsabilité de se gérer.»
Une responsabilité assumée
Plusieurs associations ont, de leur côté, commencé à offrir des mesures préventives, en particulier dans les évènements. Le cannabis étant toujours illicite, ces mesures ne le couvrent pas.
«Nous n’avons pas encore de mesures par rapport au cannabis, indique Chanel Vincent-Dubé, mais je ne pense pas que [l’AFELC] doit trancher à savoir si la consommation, c’est bien ou c’est mal. On doit plus se concentrer sur ce qu’on peut faire pour [sensibiliser nos membres aux violences sexuelles].»
«Dans les 8 à stop, [évènements organisés entre les murs de l’UQAM par plusieurs associations de la faculté de communication], nous avons commencé à ouvrir des safe space sans alcool», précise-t-elle.
Toutefois, la consommation de drogues n’est pas et ne sera pas permise dans les safe space lorsque le projet de loi entrera en vigueur. Chanel Vincent-Dubé croit que la création d’espaces sans consommation est l’une des étapes les plus importantes dans la légalisation prochaine du cannabis.
Même s’il se dit intéressé par une sensibilisation de l’association sur la conduite avec les facultés affaiblies, Louis-Simon Besner voit difficilement l’AFESPED prendre des décisions directement en lien avec le cannabis. «Je ne pense pas que des mesures seront adoptées, admet-il. Nous n’avons même jamais pris de mandat sur la consommation d’alcool et la voiture. Tous les membres sont majeurs et vaccinés, et nous priorisons l’autonomie.»
photo: THOMAS PICOTTE-LAVOIE MONTRÉAL CAMPUS
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