Pour la rentrée, l’UQAM a mis sur pied une série d’ateliers pour la prévention des violences sexuelles. Si leur but est de donner des outils pour déceler et désamorcer une situation potentielle d’agression ou de harcèlement, les rares participantes rencontrées sur place semblaient attendre davantage des conseils reçus.
« Il y a des tas de situations dans lesquelles on ne sait pas comment réagir. Je pense que ce type de formation devrait être obligatoire pour tout le monde », confie l’une des quatre participantes. À 22 ans, l’étudiante en psychologie à l’UQAM est venue assister à l’atelier « Violences sexuelles : et si vous faisiez la différence », proposé à plusieurs reprises par l’Université. Cet atelier est le fruit d’une collaboration entre les Services à la vie étudiante (SVE) et le Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement de l’UQAM, notamment pour compléter la campagne « Sans oui, c’est non » lancée l’an passé. Puisqu’il s’agit d’un sujet sensible, les organisateurs ont souhaité préserver l’anonymat des personnes présentes. « Nous avons déjà prévu cinq ateliers pour la rentrée, mais il n’est pas impossible que d’autres s’ajoutent dans les prochaines semaines ou les prochains mois », précise la directrice du bureau d’intervention et de prévention, Maude Rousseau.
Les ateliers, animés par un intervenant psychosocial, sont offerts par les Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS). Certains ateliers avaient déjà été mis en place l’an passé par Maude Rousseau, mais sans les CALACS. « Nous faisons cela pour avoir les pouvoirs d’agir en cas de situation d’agression et c’est apprécié par les participants », souligne l’intervenante psychosociale dans le CALACS de l’Ouest-de-l’Île Pamela Plourde. Au Québec, près de 1 900 personnes ont demandé de l’aide aux CALACS entre le 1er avril 2016 et le 31 mars 2017. Dans 97 % des cas recensés dans ces établissements, l’agresseur était de sexe masculin; il était connu par les victimes pour 87 % d’entre elles.
Comprendre pour réagir
En 2016, les CALACS ont proposé une soixantaine d’ateliers de prévention, tous milieux confondus. Ils ne sont en effet pas seulement proposés dans les milieux scolaires. « Nous nous déplaçons selon les demandes. Cela peut aussi bien être en entreprise », ajoute Pamela Plourde. En tout, plus de 37 000 personnes ont pu bénéficier de ces rendez-vous préventifs, selon les statistiques du Regroupement québécois des CALACS. Mais le 14 septembre dernier, la séance animée par l’intervenante psychosociale Caroline Deslauriers à l’UQAM n’a regroupé que quatre personnes sur la douzaine qui avait signalé son intérêt.
L’intervenante psychosociale a, lors de ce rendez-vous, comme démarche d’aider les participants à définir le terme d’agression sexuelle et à reconnaître ce type de situations pour les désamorcer. Mythes sur le viol, culture du viol avec banalisation de la violence envers les femmes, rôle des témoins d’agression: Caroline Deslauriers cherche à faire réagir les participants en montrant des exemples concrets, tout en gardant une atmosphère sereine dans la salle. Elle s’aide notamment de plusieurs vidéos, dont une qui explique la notion de consentement par l’intermédiaire d’une tasse de thé.
« C’est vraiment important. Une formation avec davantage de cas pratiques serait très intéressante », glisse l’une des participantes. L’atelier en manque sans doute, puisqu’il reste très théorique. Reproduire une scène d’agression avec les participants aurait été concret, mais Caroline Deslauriers propose tout de même des mises en situation. « Pour faire prendre conscience de situations gênantes, je demande à deux participants de marcher l’un vers l’autre et de se rapprocher jusqu’à atteindre l’espace de l’autre. C’est gênant pour ceux qui le font, mais aussi pour ceux qui regardent », explique l’animatrice de l’atelier. Elle donne également des pistes d’intervention en cas de suspicion d’agression, mais aussi des ressources pour les victimes et les témoins. La durée de l’atelier, une heure trente à peine, est sans doute trop courte pour aborder le sujet en profondeur. Quoi qu’il en soit, pour Maude Rousseau, il est clair qu’il faut « aborder de front tout ce qui touche aux problèmes à caractère sexuel. »
photo: ADELINE DIVOUX MONTRÉAL CAMPUS
Caroline Deslauriers, animatrice lors d’un atelier à l’UQAM sur les agressions à caractère sexuel.
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