Montréal, une ligne du temps en images

L’idée d’imager l’histoire de Montréal trottait dans la tête de Paul-André Linteau, Serge Joyal et Mario Robert depuis quelques années, les menant à publier Traces de l’histoire de Montréal, un ouvrage non seulement accessible à tous par son écriture, mais qui veut intéresser et rejoindre le grand public à travers des traces presque uniquement visuelles.

« On ne faisait pas un livre savant, un livre encyclopédique ou un catalogue d’exposition, explique l’historien et professeur à l’UQAM, Paul-André Linteau. Je voulais quelque chose qui connecte le lecteur avec l’histoire de [la ville]

C’est une lecture aisée pour tous les âges et tous les niveaux de lecture en raison des brèves descriptions qui accompagnent les multitudes d’images. Ce facteur n’enlève toutefois rien à l’aspect hautement informatif du livre. Les images ont été regroupées au terme de longues recherches entre autres aux Archives de Montréal et à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Divisé en cinq époques distinctes, allant de la colonisation française au 17e siècle à l’émergence artistique et culturelle montréalaise de la seconde moitié du 20e siècle, Traces de l’histoire de Montréal permet d’apprivoiser dans son ensemble chaque période décisive dans l’évolution de la ville, à travers ses moments les moins reluisants comme dans ses meilleurs. Que ce soit l’Expo 67 ou les deux guerres mondiales, on retrouve au minimum une référence visuelle de ces moments événements au travers desquels la ville est passée, créant parfois une équité tirée par les cheveux.

La contrainte du nombre de pages fait en sorte qu’il y a un nombre égal d’images pour chaque événement. Il y a donc autant d’illustrations pour parler de ces moments majeurs et mineurs,  ce qui donne l’impression qu’on sous-estime le caractère décisif ou marquant de certains chapitres de l’histoire de la métropole. « On avait un éventail d’illustrations possibles et considérables, on a graduellement fait la sélection, souligne M. Linteau. Il n’y a pas de discrimination volontaire et on est bien conscient qu’on n’a fait qu’effleurer les choses. »

Les révolutions sociales, les changements politiques, les faits marquants de l’histoire montréalaise et la dualité linguistique ne sont que quelques-uns des thèmes abordés dans le livre à travers différents moyens d’expression illustrés. On y trouve des photographies d’époque ou plus actuelles, des cartes de la ville au fil des siècles, des toiles d’artistes montréalais ou encore des illustrations diverses.

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Couleur culturelle

Au-delà de l’histoire de la ville, l’art montréalais est lui aussi extrêmement bien représenté, que ce soit du côté anglophone ou francophone, passant du Groupe de Beaver Hall aux Automatistes, surtout dans la dernière partie de l’ouvrage. Le lecteur pourra y retrouver Hochelaga, le tableau hautement coloré de Jean-Paul Riopelle ou les escaliers tournoyants de la toile Stairways, peinte par Marian Dale Scott. L’atmosphère plutôt factuelle créée par les images urbaines et cartographiques est cassée par l’analyse subjective des toiles aux couleurs et aux motifs vibrants.

Paul-André Linteau souligne d’ailleurs que la ville est l’une des seules au Canada à posséder autant d’institutions muséales spécifiquement dédiées à son histoire. Que ce soit Pointe-à-Callière, le musée McCord ou les édifices comme le Château Ramezay, les Montréalais ne manquent pas de ressources pour s’informer, selon lui.

« Montréal est un carrefour de cultures, de populations et de langues, résume l’auteur. En histoire, c’est ce qu’on appelle une frontière linguistique, c’est un lieu de séparation et de rencontres continuelles où deux langues s’influencent et s’enrichissent mutuellement. »

Avec les prochaines célébrations entourant l’anniversaire de la métropole, les Montréalais ne pourront que bénéficier d’un accès aisé à leur histoire. Sans oublier que certains événements sont réellement plus importants même si leur caractère marquant ne transparaît pas, Traces de l’histoire de Montréal convient parfaitement comme introduction à celui qui voudrait s’intéresser plus en profondeur à son environnement.

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Traces de l’histoire de Montréal
Serge Joyal, Paul-André Linteau, Mario Robert
Boréal, 184 pages. En librairie depuis le 31 janvier.

Photos: JULIEN BOIES

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