Dissoute en 2011, l’équipe de ski alpin de l’UQAM a pourtant connu un franc succès à ses débuts en remportant le championnat masculin à sept reprises entre 1986 et 1995. Retour sur les belles années du programme de ski des Citadins, et sur sa chute.
« C’était une bonne période », résume l’ancien président de l’équipe de 1985 à 1987, Normand Lussier. La bannière de 1986 marque d’ailleurs le premier championnat interuniversitaire gagné par l’UQAM. Selon Normand Lussier, la force du programme résidait dans son recrutement, puisqu’il a fait appel à d’anciens coureurs de l’équipe du Québec et de l’équipe nationale. « Il y en a plusieurs qui n’avaient pas nécessairement l’intérêt de venir à l’UQAM, mais pour faire partie d’une bonne équipe bien organisée, ils nous choisissaient », explique-t-il.
C’était le cas de Jean Laframboise, membre de la formation de 1988 à 1991. L’invitation des Citadins lui a fourni une double motivation : dévaler les pentes pour remporter des médailles et réussir dans ses études en administration des affaires. « Sinon je ne serais probablement jamais allé à l’université », confie-t-il. Aujourd’hui propriétaire d’entreprise, l’ancien athlète est toujours aussi fier de son ancienne association. « Je ne veux pas être prétentieux, mais on avait beaucoup de talent dans l’équipe, estime-t-il. C’était une bonne cuvée et on n’en a jamais eu d’autres pareilles après. »
Jean Laframboise conserve d’agréables souvenirs de ses années avec les Citadins. « C’était formidable parce qu’on était toute une gang de chums et on gagnait pas mal souvent. La fête était au village » se rappelle-t-il. Selon Normand Lussier, « chaque course était un “happening” et on avait peut-être une dizaine de coureurs qui étaient vraiment forts, le reste je dirais plus que c’était pour la participation, mais tout l’hiver c’était une ambiance incroyable. »
Une montagne de défis
Les programmes universitaires de ski font face à plusieurs obstacles logistiques et financiers. D’abord, les coureurs doivent sortir de la ville et se diriger vers les Laurentides ou les Cantons-de-l’Est pour les camps d’entraînements et les compétitions. « Il n’y avait rien à proximité, on ne pouvait pas aller s’entraîner dans la piscine de l’UQAM », souligne à la blague Normand Lussier. L’équipe se rendait à l’extérieur chaque fin de semaine, ce qui occasionnait des coûts importants. « On était au moins 30 ou 35 coureurs et il fallait payer pour l’hébergement, la nourriture, les entraîneurs, les frais pour l’entrée de course et l’entraînement – les billets de ski finalement », fait savoir l’ancien président.
Selon le coordonnateur du programme des Citadins, Daniel Méthot, l’équipe de ski a été dépassée par l’ascension des dépenses. « Au fil des ans, le niveau d’organisation et les prérequis en termes de participation ont augmenté et depuis les années 2000, l’exigence financière était beaucoup plus grande », regrette-t-il. Daniel Méthot indique que l’UQAM offrait une subvention de base au club, mais celui-ci devait s’autofinancer. La hausse des coûts rendait difficile la levée de fonds nécessaire pour couvrir la saison et les frais à débourser ont atteint les 1500 $ par participant.
« À un moment donné, il y a eu un essoufflement et pendant deux ans, [le Centre sportif] a soutenu l’équipe financièrement pour qu’elle reste en vie. Malheureusement, c’était difficile de voir la lumière au bout du tunnel », se souvient le coordonnateur. L’Université a alors décidé de miser sur les sports pour lesquels elle possède déjà les installations. Le programme de ski a pris fin et il n’y a pas eu de demandes pour le relancer depuis, affirme Daniel Méthot. « Il n’y avait déjà pas beaucoup d’intérêt, on avait de la difficulté à trouver cinq skieurs masculins ou féminins chaque année », précise-t-il.
La situation universitaire
L’Université Concordia a également démantelé son équipe de ski l’an dernier. Du côté de l’Université de Montréal (UdeM), cependant, les Carabins comptent en moyenne de 35 à 40 coureurs et sont en tête du podium combiné depuis six saisons. L’entraîneur-chef, Michel Huot, se dit déçu de la faible participation des autres universités dans cette discipline. « Je trouve ça dommage parce que le ski alpin est le sport le plus pratiqué au Québec et au Canada, déplore-t-il. Je trouve que l’UQAM a lâché le morceau un peu trop rapidement et qu’il faut avoir le support de l’université. »
Michel Huot, qui a entraîné les Citadins de 1992 à 1996, reconnaît que le ski est un sport dispendieux. Les Carabins se sont d’ailleurs rendus au Colorado dernièrement afin de commencer leur entraînement avant l’arrivée de la neige. Outre le financement de l’université, la formation sollicite des commanditaires et des donateurs pour couvrir ses activités.
Michel Huot remarque que la compétition a évolué à un tout autre niveau depuis l’époque où l’UQAM raflait les bannières. « Avant, c’était des jeunes qui s’occupaient de l’équipe. Maintenant, c’est plus sérieux et c’est la responsabilité des universités de les superviser », soutient-il, ajoutant que l’UdeM engage des entraîneurs à temps plein. Michel Huot regrette les succès qu’il a connus avec les Citadins. « Ça me fait quelque chose quand je pense aux championnats qu’on a remportés. Je me dis: “Tabarouette, pourquoi ça n’a pas continué?” »
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