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Un an après leur élection à titre de représentants étudiants sur le conseil d’administration (CA) de l’UQAM — et deux mois après l’octroi de leur droit de vote par le ministère de l’Éducation —, Nadia Lafrenière et Samuel Cossette se sont entretenus avec le Montréal Campus, quelques jours avant le dépôt de leur premier rapport annuel. Entrevue.
Si les délégués reconnaissent que le voile de confidentialité enveloppant l’instance suprême de l’Université a été levé depuis leur élection, il ne l’a été que partiellement. La direction uqamienne souffre selon eux d’un « grave manque de transparence ». Et ce n’est pas là la seule critique qu’ils adressent à la maison d’enseignement.
« Il y a une rétention de l’information qui est énorme », affirme sans ambages Samuel Cossette. Il explique que sur papier, tous les membres qui siègent sur le CA sont administrateurs et ont de ce fait accès à l’entièreté des dossiers déposés. « Techniquement, on pourrait demander n’importe quelle information qui a rapport à l’UQAM et on l’obtiendrait, mais ils ne répondent pas à nos courriels ni à nos questions. » « Ou de manière floue », précise Nadia Lafrenière.
Selon eux, le traitement des demandes des différents acteurs de l’instance est inégal. « Si c’était le recteur [qui demandait une information], il ne pourrait pas y avoir de réponse qui serait juste “on ne sait pas” », renchérit M. Cossette, notant du même souffle que les chargés de cours et professeurs siégeant sur le CA éprouvent eux aussi de la difficulté à accéder à l’information.
Une confidentialité décriée
Lorsqu’on leur demande des exemples pour justifier ces impressions, ils soulèvent d’emblée la création des comités de discipline et de révision en décembre 2015, adoptés en catimini par l’administration en réaction aux perturbations du printemps précédent. C’est d’ailleurs l’« exemple le plus probant » du « pouvoir discrétionnaire de l’administration sur la confidentialité des dossiers […] utilisé pour museler des débats », écrivent-ils dans leur rapport divulgué en début de semaine.
Nadia Lafrenière ajoute que les rapports qu’ils diffusent publiquement sur le Web depuis leur entrée en poste semblent « déranger » l’administration. « Même si ce n’est pas de l’information confidentielle, le fait que l’information circule dérange », laisse-t-elle entendre.
Nos rapports, on les publie et dans les quinze minutes tous les membres de la direction l’ont lu. C’est parce que ça dérange. Ce n’est pas parce qu’ils veulent lire notre prose.
Nadia Lafrenière, représentante étudiante au CA de l’UQAM.
En clair, les représentants jugent que « plusieurs dossiers » — incluant la nouvelle politique disciplinaire — dont s’est saisi l’an dernier le conseil d’administration, ont été frappés d’un sceau de confidentialité « de façon injustifiée et pour éviter des confrontations ». « À peu près à chaque [séance du] CA, ils abordent des dossiers, on trouve que ça concerne beaucoup de gens qui ne savent pas que ces dossiers-là existent et on demande d’aller consulter ces gens-là mais ça ne fonctionne jamais », déplore Samuel Cossette. Et lorsqu’ils soulèvent la possibilité de consulter la population universitaire avant de voter, on leur répond « que ça prendrait trop de temps », indique Mme Lafrenière.
Les délégués étudiants soulignent toutefois qu’au terme d’une rencontre avec des membres de l’instance tenue en avril dernier — une initiative de la présidente, Lise Bissonnette —, les personnes qui portent des dossiers confidentiels doivent désormais en indiquer les raisons sur la première page du document. « Il y a des gains qui ont été faits, mais ce n’est pas suffisant selon nous », tranche M. Cossette.
Repenser la politique disciplinaire
Parmi les dossiers sur lesquels comptent travailler les représentants étudiants pour l’année à venir, une nouvelle mouture du Comité de discipline et de celui de révision figure sur la liste.
Concrètement, l’idée serait de prendre en compte « toutes les critiques » qui ont été formulées pour repenser la forme actuelle des comités disciplinaires, révèle Mme Lafrenière. Questionnés sur la façon dont ils comptent procéder, leur plan d’action demeure vague, freiné par ce qu’ils estiment être une fin de non-recevoir des instances uqamiennes et par leur poids restreint au sein du CA.
La déléguée soutient toutefois qu’en dépit du « déséquilibre des forces » — deux tiers des membres du CA ne sont pas issus de la communauté uqamienne, mais proviennent de l’extérieur, font-ils observer —, « ce n’est pas seulement les professeurs, les chargés de cours et les étudiants qui [critiquent la politique disciplinaire]. Il y a des membres externes pour qui la politique disciplinaire dérange parce qu’ils voient que ça a un impact sur l’image de l’Université, soulève-t-elle. Et l’image de l’UQAM n’est pas reluisante par rapport à la discipline ».
Celle qui étudie au doctorat en mathématiques croit que s’ils présentent « une nouvelle politique qui fait consensus » et qui permettra que l’UQAM « arrête de faire la Une pour ses expulsions », leur projet devrait rallier davantage de membres au CA.
Depuis la refonte de la politique disciplinaire, un étudiant a été expulsé pour une session et un autre, menacé d’expulsion définitive de l’Université, est en attente d’une décision finale du comité exécutif de l’UQAM.
Photo: CATHERINE LEGAULT
Nadia Lafrenière et Samuel Cossette
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