Quoi de plus redondant pour le Montréal Campus que d’entamer l’année en détaillant ses attentes et en présentant ses critiques envers l’administration uqamienne au chapitre de la transparence? Ce thème était déjà dans la mire de nos prédécesseurs, qui y ont consacré l’an dernier une chronique bien fouillée et un éditorial incisif.
Il y a quelques semaines , les artisans du journal ont été pris d’un certain vertige lors de l’allocution du recteur Robert Proulx. Talonné par les représentants syndicaux quant à la confidentialité excessive entourant les documents institutionnels, M. Proulx a suggéré que la culture opacifiante qui était reprochée à son administration tenait du mythe. « Les questions de budgets sont confidentielles jusqu’au moment où le conseil [d’administration] en est saisi; après ça, elles deviennent publiques» a-t-il remarqué.
Nos expériences passées nous laissent hautement sceptiques. Rappelons la réponse obtenue l’an dernier après que nos collègues eurent demandé en bonne et due forme d’obtenir le budget de l’UQAM pour l’année 2014-2015, adopté par le conseil d’administration en avril 2015. La documentation représentait à ce moment, nous a-t-on dit, « un secret industriel » qui, s’il était divulgué, « risquerait vraisemblablement d’entraver une négociation en vue de la conclusion d’un contrat, de causer une perte à l’organisme ou de procurer un avantage appréciable à une autre personne ». D’autres établissements comme l’Université de Montréal publient pourtant assidûment ces informations, accessibles à tous au bout de quelques clics avisés.
Que dire du contrôle accru de l’information entre les murs de l’UQAM? À l’heure où la «décentralisation organisationnelle» fait l’objet de consultations publiques, nos activités quotidiennes nous suggèrent qu’une centralisation progressive du message s’opère dans ses échanges avec la communauté. Nos demandes d’entrevues auprès des personnes-ressources sur le campus demeurent trop souvent relayées — parfois sans explication — à la Division des relations avec la presse et événements spéciaux de l’UQAM, branche du Service des communications. Cette mesure affecte nécessairement la qualité du message transmis à la communauté étudiante puisque les personnes les mieux qualifiées pour témoigner des situations précises se retrouvent écartées du dialogue au profit de réponses policées et formatées.
Il nous a semblé que cette tendance se soit intensifiée depuis une réorganisation des instances de direction en juillet 2015, qui a notamment annexé le Service des communications — et donc la Division des relations avec la presse — au rectorat.
En produisant la présente édition imprimée, une de nos collaboratrices a demandé une entrevue aux principaux responsables du dossier qui l’occupait. Elle a été rapidement redirigée vers les canaux officiels de l’UQAM pour ensuite obtenir une réponse… fondée sur des statistiques compilées par les intervenants qu’elle voulait initialement consulter. Son cas est loin d’être isolé; ces détours inutiles et autres entraves déplorables au dialogue font désormais partie de notre routine. Transigeons-nous toujours avec cette même administration qui, au dépôt de son Plan stratégique 2015-2019, souhaitait «ouvrir des espaces de dialogue et de communication» et créer une «dynamique constructive de partage et d’échange»?
En réponse à une telle tendance inquiétante, le Montréal Campus se montrera d’autant plus obstiné à s’adresser directement aux intervenants les mieux à même de traduire les réalités vécues par les étudiants sur le terrain. Nous nous ferons de plus en plus intolérants face aux réponses laconiques qui nous sont parfois servies sur la base d’arguments discutables. Si un dialogue transparent et ouvert avec l’Université s’avère compromis, nos questions et nos critiques, elles, auront le mérite d’être claires.
Illustration: VALASKA
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