On aura tout entendu | 6e soir des Francouvertes

Les oreilles présentes à ce 6e soir des éliminations des Francouvertes au Cabaret Lion d’Or ont eu droit à une vaste gamme de styles lundi soir, passant du folk sympathique de Philémon Cimon en ouverture au bruit strident du détecteur de fumée lors de la performance de Simon Daniel. Présence paranormale, zèle de créer une ambiance mystique, allez savoir.

C’est une odeur d’urine qui embaumait l’air ambiant la première fois que Simon LeBlanc a commencé à gratter sa guitare en public, aux confins du métro Sherbrooke, en 2013. Trois ans plus tard, c’est avec des chansons peaufinées et un nouveau nom de scène que Simon Daniel s’est présenté sur les planches du Cabaret Lion d’Or. Après une introduction très aérienne, il est vite tombé dans un registre à mi-chemin entre le folk et le rock. C’est lorsqu’il a entamé Rue Jones qu’il a réussi à se sortir de ce son légèrement conservateur. Dans un blues nostalgique, Simon et ses musiciens ont vogué sur des mélodies fort jolies. S’en est suivi un son plus suave avec Soif, une pièce aux consonances byzantines, qui s’inscrit bien dans le registre de ll’‘Acadien aux cheveux châtain cla. Avec cette version beaucoup plus accrocheuse que celle présente sur son EP, il a séduit la foule qui l’a chaudement applaudi. Simon Daniel voulait créer un moment, réussir à faire détacher les yeux des gens de leur téléphone le temps d’une soirée et les transporter dans le folklore acadien. Il a relevé ce défi haut la main.

Deux perdrix endiablées

De ce folk-rock-alternatif-lyrique-métaphorique, la foule s’est fait projeter dans une folie à la limite du politiquement correct. C’est que Perdrix n’a pas peur de choquer. Les sœurs Harel-Michon parlent de perte de l’hymen, de cunnilingus et de bowling et rendent pratiquement sexy le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Le tout avec une candeur et de l’autodérision à profusion. Une vibe qui rappelle assurément Guillaume Mansour Expérience, aussi des Francouvertes de cette année. Toute jeune, cette formation a soufflé sa première bougie dernièrement, et leur fougue est loin de s’épuiser. Perdrix, c’est surtout un spectacle incroyable donné par des artistes qui ont soif d’être sur scène. Leur EP n’est pas en soi un coup de cœur, mais lorsqu’il s’incarne sous les yeux d’un public ébahi devant tant d’impertinence, le potentiel du band devient palpable. Toutefois, la grandiloquence de leur performance vole la vedette aux voix fort jolies des sœurs Harel-Michon. Ce n’est que dans la pièce Le collectionneur qu’il est possible de pleinement saisir l’ampleur du spectre que peuvent couvrir les cordes vocales de Marie-Hélène, un élément qui gagnerait à être exploité.

Introspection

Avec ses cheveux bleus et ses lanternes lumineuses, La Valérie a clos la soirée dans une atmosphère à des kilomètres de ce qui avait précédemment été fait. Pour elle, un spectacle ne se résume pas qu’à une présentation de ses pièces musicales, «c’est de créer une bulle». Un endroit douillet où elle peut étaler au grand jour des parcelles d’elle-même. Elle ne peut s’imaginer autrement lorsqu’elle écrit ses pièces, qui sont longtemps mijotées. Le message prime, bien plus que de créer des suites de métaphores qui n’expriment rien au final. C’est lorsqu’elle laisse tomber sa guitare avec Les cordes à linge que cette plongée dans son âme se fait le plus légèrement, lorsque sa douce voix prend enfin toute la place qui lui revient.

Les trois formations ont toutes réussi à se glisser parmi les 9 demi-finalistes. Simon Daniel s’est retrouvé en 7e position, alors que La Valérie et Perdrix ont obtenu respectivement la 8e et la 9e place.

Photo : Marissa Groguhe

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