Servir ses intérêts | Chronique UQAM

Le bilan provisoire présenté au Conseil d’administration, le 10 novembre dernier, nous apprenait que l’UQAM serait victime d’une baisse du nombre des nouvelles inscriptions pour l’année 2015-2016 de l’ordre de 4,4 %. Comme le souligne le représentant étudiant au C.A de l’UQAM Samuel Cossette dans l’article de Guillaume Lepage, ce phénomène est loin d’être soudain. Des baisses d’inscriptions ont même été prévues depuis la mise en place du plan d’atteinte de l’équilibre budgétaire 2009-2016.

Le même article rappelle aussi l’attitude du recteur de l’UQAM, Robert Proulx, au lendemain de l’annonce de la baisse globale de 5,3 % des demandes d’admission cette année1. M. Proulx l’avait alors attribuée avec hâte aux évènements «largement médiatisés» du printemps 2015. Bien que cela ne soit pas exclu, il est intéressant de s’attarder à toutes les autres raisons qui peuvent expliquer cette baisse d’intérêt pour l’Université du peuple.

La hausse générale des frais de scolarité entre autres. Même si le sujet a été peu discuté, la baisse du nombre d’inscriptions pourrait être redevable au dégel des frais de scolarité décidé en 2013 à la suite du Sommet sur l’enseignement. Pour l’année 2015-2016, les étudiants doivent avancer 2799$ soit près de 30% de plus que les 2168$ qu’ils avaient à débourser avant 2012.

Un exemple frappant de l’impact d’une hausse des frais de scolarité est l’exode des étudiants français après l’entrée en vigueur d’un nouvel accord de principe Québec-France en février dernier. Celui-ci a eu pour effet de tripler les frais de scolarité de nos compatriotes français qui entreprennent des études de premier cycle dans une université québécoise.

De nombreuses maisons d’enseignement ont ressenti les effets de cette nouvelle politique. À l’École de technologie supérieure (ETS) de Montréal, le directeur général Pierre Dumouchel constatait une baisse du nombre d’étudiants français inscrits de 50 %2, alors que la croissance était continue depuis plusieurs années. Comme quoi une hausse des frais de scolarité peut avoir des effets directs sur les effectifs étudiants, malgré ce que d’autres en pensent.

Dès le début, les raisons possibles de la baisse du nombre d’inscriptions étaient bien trop nombreuses pour s’avancer à en désigner une en particulier. En l’attribuant aux manifestants3, le recteur de l’UQAM, Robert Proulx, a peut-être parlé trop vite. Sinon, il nous prouve encore une fois qu’il agit en fonction de ses intérêts, probablement pour justifier davantage de mesures autoritaires au sein de notre université.

Dans la présente négociation avec les syndicats des professeurs, la baisse du nombre d’inscriptions peut aussi être une raison pour l’UQAM de justifier qu’on se serre davantage la ceinture. Bref, mieux vaut rester vigilant face aux arguments présentés par la direction. L’histoire nous a appris à nous méfier.

1 http://www.ledevoir.com/societe/education/449107/degringolade-des-inscriptions-a-l-uqam-a-l-automne

2 http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/national/2015/08/31/001-etudiants-francais-frais-scolarite-quebec.shtml

3 vhttp://ici.radio-canada.ca/regions/montreal/2015/09/03/001-inscriptions-uqam-automne-2015-manifestations-printemps-recteur-proulx.shtml

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