Plusieurs cours n’ont pas été dispensés à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), lundi, alors que les accès aux pavillons du campus central ont été bloqués par des membres du Syndicat des employé-e-s étudiant-e-s (SETUE), en grève générale illimitée depuis le 7 décembre dernier.
Dès 8h30, plusieurs dizaines de grévistes, tracts à la main, ont déployé pancartes et banderoles devant les accès au campus central afin de protester contre la «stagnation» des négociations avec l’administration uqamienne pour renouveller leur convention collective. «On veut montrer aujourd’hui que le travail des membres du syndicat est essentiel en fin de session», explique la porte-parole du syndicat Chloé Fortin-Côté, ajoutant que le SETUE espère arriver à une entente «avec des gains au niveau des revendications principales» le plus rapidement possible. «Il y aura du piquetage tous les jours jusqu’à ce qu’on arrive à une entente [avec l’UQAM]», a-t-elle également indiqué au Montréal Campus.
Sans convention collective depuis le 31 décembre 2013, le SETUE a formulé plus d’une dizaine de revendications, notamment de «réduire à 10% l’écart salarial» entre le premier cycle et les cycles supérieurs, une plus grande transparence dans l’octroi de contrats et une «entente de reconnaissance intellectuelle» pour les auxiliaires de recherche dans le cadre des contrats de plus de 40 heures. «Ça fait deux ans que les négocations traînent pour différentes raisons, dénonce Alexis, un employé étudiant interrogé sur place. La grève générale illimitée s’inscrivait dans une escalade de moyens de pression.»
Syndicats solidaires
Des membres du Syndicat des étudiant-es salarié-es de l’Université de Montréal (SESUM) et de l’Association pour une Solidarité Syndicale des Employés de Polytechnique (ASSEP), tous deux en négociations avec leur employeur respectif, se sont joints aux lignes de piquetage. «Je pense que c’est important de démontrer notre solidarité, déclare le coordonnateur du SESUM, Vincent-Carl Leriche. Nous voulons montrer aux administrations que nous sommes capables de nous parler et que nous avons un message cohérent en éducation».
Un peu avant 10h, des policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont indiqué aux étudiants massés devant les accès bloqués de l’Université à la station Berri-UQAM qu’ils pouvaient disposer. En réaction aux messages similaires qui circulaient sur les réseaux sociaux, la maison d’enseignement du Quartier latin a toutefois indiqué en début d’après-midi, via son compte Twitter, que les cours n’étaient pas suspendus. Alors que les pavillons du campus central ont été bloqués par les employés étudiants, le Complexe des Sciences Pierre-Dansereau n’a été le théâtre d’aucune perturbation. Les cours s’y sont déroulés normalement, a confirmé la porte-parole de l’UQAM, Jenny Desrochers.
Réactions
Le SETUE avait annoncé dimanche qu’il comptait tenir une série de trois blocs de piquetage pendant la journée, en phase avec les heures de cours. Les employés étudiants ont finalement bloqué les portes de l’UQAM jusqu’en milieu d’après-midi. Les cours dispensés pendant ces deux plages horaires dans les pavillons du campus central ont rapidement été annulés, le Syndicat des professeurs et professeures (SPUQ) et celui des chargées et chargés de cours (SCCUQ) ayant invité les étudiants à respecter les piquets de grève. Les cours de 18h ont vraisemblablement été donnés, alors qu’une poignée de grévistes seulement occupaient les accès.
Le piquetage a suscité la grogne chez certains étudiants. «Je savais que la grève commençait, mais je ne savais pas que [le SETUE] allait bloquer les portes ce matin, se désole une étudiante qui a préféré garder l’anonymat. Je trouve que ce n’est pas juste pour les autres.» Cette réaction trouve écho chez une autre étudiante en médias interactifs, Tala, qui avoue considérer la situation frustrante. «Je devais finir ce que j’avais à faire cette semaine parce que j’ai d’autres projets plus tard, donc là je me retrouve un peu décalée, témoigne-t-elle. J’imagine qu’on va rendre [les travaux et les examens] plus tard.» Si le piquetage semblait en prendre plusieurs par surprise, d’autres ont manifesté leur appui au geste posé lundi par les membres du SETUE. «Sur le coup, j’étais un peu frustré, mais je comprends parfaitement leur point de vue, pourquoi ils se battent et pourquoi il y a la grève», souligne Simon, étudiant au baccalauréat de psychologie.
Tard en soirée, le Vice-recteur aux Ressources humaines, à l’administration et aux finances, André Dorion, a annoncé par voie de communiqué que l’UQAM demandait «la nomination d’un conciliateur dans le cadre de la négociation avec le SETUE»; une information qu’a confirmée la porte-parole du syndicat, Chloé Fortin-Côté. Cette dernière a ajouté que «le négociateur du SETUE [avait] reçu un appel du négociateur de l’UQAM» sans toutefois être en mesure de préciser si une rencontre entre les deux parties avait été fixée.
Fondation 1625
Selon des rumeurs qui circulaient sur les réseaux sociaux lundi, des étudiants de l’UQAM auraient contacté la fondation 1625 en vue d’obtenir une injonction pour assurer la tenue des cours en dépit des lignes de piquetage. «Il a des gens qui nous ont contactés, a admis un associé de l’organisme, Miguaël Bergeron. On regarde la situation et ce qu’on peut faire pour permettre aux gens d’avoir accès à leurs cours et surtout à leurs examens finaux.» Rappelons que la fondation 1625, créée dans la foulée de la grève étudiante du printemps 2012, supporte d’ores et déjà, via des conseils disponibles sur leur site web, des étudiants qui souhaitent obtenir une injonction pour obtenir l’accès à leur cours.
Sur la photo : des étudiants tentent d’entrer au pavillon J.-A. DeSève mais sont bloqués par une ligne de piquetage de membres du SETUE. Crédit photo : Alexis Boulianne
Laisser un commentaire