Pas besoin de vos prises électriques

Sweet Grass parle de chasse et d’amour autour du Lac Saint-Jean. Devant eux, une valse belle comme «une volée d’outardes».

C’est par sa simplicité que ce groupe chicoutimien touche ses auditeurs. Tout est organique, des percussions à la guitare. Ils chantent la nature avec une parlure bien de chez eux, en donnant la chance aux auditeurs de goûter à cet environnement qui les a longtemps entourés. «Nos sujets sont différents de ceux des autres qui n’ont vu que des boulevards et n’ont pas eu de cour», explique Ovide Coudé, le banjoïste du groupe. Elle leur est propre cette couleur du Sagnenay-Lac Saint-Jean, qui crée une sensation d’unité entre chaque personne présente lors de leur spectacle du 12 novembre dernier au Divan Orange, dans le cadre du festival Coup de cœur francophone. Un amour, une fraternité qui a fait asseoir la foule au grand complet lorsqu’Ovide a débuté la pièce Le Condor avec sa mandoline, une chanson qui rappelle énormément El Condor Pasa de Simon and Garfunkel.

Très folk, bluegrass sur les bords, les membres de Sweet Grass s’inspirent beaucoup de leurs voyages et de leur coin de pays pour écrire leurs pièces. Johannie Tremblay est derrière le squelette de chaque chanson, mais tous s’occupent de leur partie instrumentale. Ils se permettent un peu d’improvisation lors de leur solo dans un spectacle, mais respectent tout de même la structure déjà établie. «Ovide n’a jamais joué un même solo, il s’inspire de comment il se sent lors des spectacles», confie Johannie Tremblay. C’était d’ailleurs la première fois que le groupe jouait une pièce qu’il n’avait pas lui-même composée au Divan Orange, qui a tout aussi bien été reçue par la foule grâce aux harmonies à la manière des Sœurs Boulay.

Elle est belle cette chimie qui unit Sweet Grass. Ce projet est parti d’une envie commune de Joannie Tremblay et d’Alexandrine Rodrigue de démarrer un groupe avec Ovide Coudé, leur colocataire dans leur résidence du cégep d’Alma. Ils ont greffé à leur formation Pierre-Antoine Tanguay et Pascal Gagnon-Gilbert, des gars qu’ils connaissaient par l’entremise d’amis. C’est un peu par hasard qu’ils se sont rencontrés, tout comme leur agent, qu’ils ont connu grâce à Joëlle Saint-Pierre lors d’une résidence d’écriture à Tadoussac. Rien n’est encore signé, faute de papier selon les membres du groupe, mais ça ne saurait tarder. Ils s’enfermeront cet hiver dans un chalet, près de leurs racines, pour finir d’écrire et enregistrer leur premier album, entre «une sortie de ski de fond et un chocolat chaud» comme l’illustre Johannie Tremblay. D’ici là, ils se produiront au Bloc à Béton, organisé par le Gala alternatif de la musique indépendante du Québec.

C’était pas le jour de l’an, mais presque

Dylan Perron et Élixir de Gumbo ont pris la relève au Divan Orange, avec uniquement cette fois-ci des instruments à cordes. La foule était complètement disjonctée, se fonçait l’un dans l’autre avec comme arrière-plan les histoires et les légendes de Dylan. Malgré deux cordes brisées sur son banjo, il a offert à la foule de bonnes raisons de redoubler d’énergie dans sa danse frénétique en augmentant constamment la vitesse de ses rythmes country. Les gens ont fait du crowd surfing, quelqu’un s’est accroché au luminaire du plafond, mais rien n’a réussi à empêcher une fille sur qui quelqu’un est tombé de continuer à danser, et ce, malgré la glace qu’elle appliquait sur sa mâchoire… L’énergie de la foule a atteint son paroxysme lors de l’interprétation de la légende de la chasse-galerie par Dylan Perron. Le contrebassiste a carrément volé la vedette aux autres membres du groupe lors de ses solos particulièrement bien réussis. Dylan Perron et Élixir de Gumbo ont su rendre leur spectacle accessible même à ceux qui apprécient un peu moins ces rigodons parfois violents.

Photo : Clara Lacasse

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