Le débat houleux entourant le déversement d’eaux usées dans le fleuve St-Laurent emprunte une nouvelle tangente, alors que des experts universitaires montréalais tentent de calmer le jeu en relativisant ses impacts écologiques.
Un document publié le 8 octobre dernier par des spécialistes de l’École polytechnique de Montréal se veut rassurant face au sujet du déversement de 8 milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent par la Ville de Montréal. Il fait, entre autres, mention du faible taux de toxicité de ces eaux usées et des conséquences modérées qu’elles auront sur la vie aquatique du fleuve.
Cosignataire du texte, Sarah Dorner, professeure agrégée et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la dynamique des contaminants microbiens dans les sources d’approvisionnement en eau, précise tout de même qu’un processus de traitement de l’eau sera nécessaire. «Un système d’ozonisation sera cependant important, même si le déversement n’est pas plus préoccupant que ce qui se fait déjà régulièrement», indique-t-elle.
Mme Dorner va même jusqu’à affirmer que le rejet des eaux usées est la seule option qui s’offre à la Ville de Montréal. «Il n’y a vraiment pas d’alternatives réalistes, étant donné l’énorme quantité d’eau à évacuer. On ne peut pas demander aux gens d’arrêter d’utiliser leur toilette, ou de demander à la pluie d’arrêter de tomber» explique-t-elle.
Le Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie et en environnement aquatique (GRIL) a aussi tenu réagir à l’enjeu. Selon l’organisme, qui jouit d’une grande reconnaissance dans l’étude d’écosystèmes aquatiques, il n’y a pas matière à s’alarmer. Le professeur à l’Université de Montréal et membre du GRIL Richard Carignan tient à préciser le contexte du déversement. «Ce déversement de sept jours n’aura pas plus d’influence sur la vie aquatique et la qualité de l’eau en aval de l’Île de Montréal que les nombreuses surverses des stations d’épuration de Montréal, Laval et Longueuil qui se produisent à chaque pluie abondante que reçoit la région», relativise-t-il.
Critique de l’administration Coderre
Le groupe écologiste Greenpeace se montre quant à lui beaucoup moins rassuré par rapport au plan de la Ville. «Nous déplorons le manque de transparence de la Ville de Montréal et réclamons un moratoire, le temps de fournir des explications claires à la population et d’étudier les alternatives possibles», a affirmé l’organisme par voie de communiqué de presse. Greenpeace s’est cependant porté en faveur du processus d’ozonisation du fleuve prévu en 2018, qui, selon ses membres, représente une étape essentielle à la santé d’un cours d’eau d’une telle ampleur.
Le président du Comité exécutif de la Ville de Montréal, Pierre Desrochers, tient à justifier la décision de la Ville suite à ces sorties. «Beaucoup d’experts comprennent que c’est la seule décision qu’on peut prendre. Ce n’est pas la situation idéale, ce n’est pas ce qu’on aurait souhaité, mais vu les circonstances, c’est la seule option pour nous.», reconnaît-il.
Environnement Canada rendra sa décision sur la poursuite de cette opération mardi au plus tard.
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