Les étudiants en arts visuels et médiatiques de l’UQAM se butent à des portes closes quand vient le temps de présenter le fruit de leur labeur. Pour compléter leur apprentissage, ils réclament de nouvelles vitrines d’exposition.
Les étudiants de premier cycle en arts visuels et médiatiques peuvent travailler de longues heures sur des projets qui leur tiennent à cœur sans pouvoir les présenter à un grand public. Hormis lors de l’exposition prévue à la fin de leur baccalauréat, les salles actuelles n’affichent pas leurs oeuvres. Au pavillon Judith-Jasmin, pour l’instant, aucun local n’est disponible pour les artistes en formation. Sur le campus, des étudiants se mobilisent pour faire bouger la situation.
Le Comité initiative POUR un espace de diffusion du premier cycle en arts visuels a été mis sur pied à l’hiver dernier par une quinzaine d’étudiants las du manque d’espace accordé à leurs œuvres. À la suite d’une pétition de plus de 200 noms réclamant des espaces de diffusion ainsi qu’à un mandat voté en assemblée générale par les membres de l’Association des étudiants en arts visuels et médiatiques (AÉMAV), les artistes en formation se sont donnés pour mission de résoudre le problème d’espace.
À la recherche d’une vitrine d’exposition, les bureaux de professeurs situés en face du Centre de diffusion et d’expérimentation (CDEx), dans le pavillon Judith-Jasmin, leurs semblent idéaux. «Ça nous permettrait de regrouper les trois espaces d’exposition, c’est-à-dire la Galerie de l’UQAM, le CEDx et celle des premiers cycles, sur un seul étage, à moins de 100 mètres les unes des autres», explique un des membres du comité, François Rioux. Il reste toutefois conscient de l’ampleur de l’entreprise avec la relocalisation des locaux de professeurs ailleurs sur le campus, pour ensuite réaménager les espaces. «C’est super compliqué, mais l’UQAM a déjà eu la volonté de louer des pavillons pour les bureaux de professeurs, comme c’est le cas dans le pavillon Berri (AC). Elle pourrait le faire à nouveau si elle le voulait», revendique François Rioux.
Les étudiants en arts visuels et médiatiques souhaitent également voir les portes de la Galerie de l’UQAM s’ouvrir à eux avant l’exposition qui souligne la fin de leur baccalauréat. Ses multiples mandats rendent leur accueil impossible. «La galerie de l’UQAM a eu une allure professionnelle dès sa création dans les années 1970», assure sa directrice, Louise Déry. La galerie présente régulièrement des expositions d’art contemporain d’artistes québécois, canadiens et internationaux. En plus d’accueillir les projets des finissants en arts visuels et médiatiques, la salle doit aussi recevoir ceux des étudiants en muséologie et en histoire de l’art. Quant au CDEx, bien qu’il soit souvent inoccupé, il est réservé aux étudiants à la maîtrise.
Ayant tout juste débuté son baccalauréat en arts visuels, Clara Painchaud regrette la liberté d’expression qu’offrait son ancien établissement scolaire. «Au cégep du Vieux-Montréal, n’importe quel dessin, même le plus laid, avait le droit d’être affiché spontanément», se désole-t-elle. Selon l’étudiante, un établissement de formation ne devrait pas être à ce point axé sur le professionnalisme. «C’est important d’expérimenter, ça fait partie de l’apprentissage», croit-elle. Surtout qu’à l’UQAM, les professeurs encouragent leurs étudiants à repousser les limites de leur créativité. «On nous incite à faire beaucoup d’art conceptuel et contemporain, qui n’entre pas forcément dans le cadre des galeries conventionnelles. C’est d’autant plus important d’avoir un espace ici pour tester nos projets», ajoute-t-elle.
Déborder du cadre scolaire
Louise Poissant est consciente des demandes de ses étudiants. «Nous les appuyons très activement», assure-t-elle. Contrainte par le manque d’espace dans le pavillon Judith-Jasmin, la doyenne fait beaucoup de démarches pour développer des partenariats externes. «Chaque mois de janvier, l’Espace Georges-Émile-Lapalme de la Place des Arts recevra l’exposition Paramètres», énonce-t-elle. Il s’agit de l’exposition annuelle réservée aux étudiants de premier cycle ayant accumulé un certain nombre de crédits. Bachelier en arts visuels et médiatiques, Jérôme Bouchard-Desjardins voit cette décision d’un bon œil. «C’est sûr que c’est dommage de perdre une occasion d’exposer à la galerie de l’UQAM, mais en même temps ils ont trouvé une galerie extérieure pour les œuvres, affirme-t-il. On est quand même gagnants d’avoir une exposition dans une galerie professionnelle.»
Le partenariat avec la Place des Arts comprend aussi un concours pour les étudiants spécialisés en vidéo, dont les œuvres gagnantes seront projetées sur un mur dans un corridor très achalandé. «Ce sont près de 35 000 personnes qui passent par là chaque jour, c’est une visibilité beaucoup plus avantageuse», remarque Louise Poissant. Les œuvres qui ne seront pas retenues pourront figurer sur un des 35 panneaux obliques du corridor entre le métro et l’Espace Georges-Émile-Lapalme. Un autre projet pour les étudiants en enseignement des arts est en train de se développer avec l’Économusée du fier monde et se déroulerait tous les mois de février pour une période de cinq ans.
La directrice de la Galerie de l’UQAM appuie également les étudiants qui veulent plus d’espaces d’exposition, tout en apportant un bémol à leurs revendications. «Je les comprends de vouloir exposer, mais le milieu des arts nécessite de la débrouillardise», soutient Louise Déry. Elle encourage les étudiants dans leurs démarches, mais se doit de les mettre en garde sur ce qui les attend au dehors. Avec beaucoup d’appelés et peu d’élus, les étudiants en arts ne peuvent uniquement compter sur leur institution d’enseignement, selon elle. Ce sont à eux d’être inventifs et de se dégoter des lieux d’exposition à l’extérieur. «Ils doivent aller occuper l’espace. En sortant de l’université, ils vont être confrontés à un monde professionnel. La situation actuelle favorise cette transition», estime la directrice de la galerie.
Même sans local, les étudiants en arts visuels et médiatiques se réunissent chaque semaine pour discuter de leur plan d’action. Ils ont installé leur table de réunion au milieu des couloirs du pavillon Judith-Jasmin. Cette semaine, ils lancent un appel de projet pour inciter les gens à réfléchir au moyen d’exposer à l’intérieur de l’UQAM sans avoir de lieu réservé.
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