Une pancarte de Pauline Marois est accrochée devant mon appartement, à la hauteur de mon balcon. Chaque matin, quand je sors ramasser mon journal, je me souviens que le Québec vit probablement l’évènement politique le plus important depuis le référendum de 1995. Pourtant, j’ai en moi ce sentiment bien désagréable que nous sommes en train de passer à côté de quelque chose.
L’élection majoritaire du Parti québécois paverait la voie à un vote sur l’avenir de la nation québécoise, alors qu’une victoire du Parti libéral du Québec refroidirait les ardeurs souverainistes à tel point qu’on en oublierait cet hiver interminable.
Le débat entourant l’indépendance est donc incontournable. Pauline Marois se doit d’être transparente quant à son «agenda» souverainiste et Philippe Couillard devrait faire un sacré ménage dans ses idées brouillonnes entourant l’adhésion du Québec à la constitution canadienne. Hop, on crache le morceau pogné dans la gorge et on passe à autre chose s’il-vous-plaît.
Outre l’idée d’indépendance, les orientations économiques, environnementales, éthiques et sociales sont en jeu. Cette élection déterminera le Québec au sein duquel nous vivrons pour les quatre prochaines années. Le 7 avril prochain, nous aurons un gouvernement provincial renouvelé et non pas un nouveau pays sous les bras. La distinction doit être faite, car avant de courir, il faut apprendre à marcher.
L’élection provinciale de 2012 avait été extrêmement médiatisée, un record selon les données recueillies par l’agence Influence Communication. Entamée sur les chapeaux de roues, il ne serait pas étonnant que cette campagne électorale obtienne une couverture médiatique similaire. Je pourrais désormais écrire la biographie complète de Pierre Karl Péladeau en six volumes. Je suis presque certain que Gaétan Barrette est obèse et opportuniste. Mon passeport canadien restera mien dans un hypothétique Québec souverain, ça aussi je sais. Les enjeux de fond, ça par contre, je n’en ai aucune idée. Le projet Saint-Laurent, quossé ça? Et l’accès aux études supérieures, ils en disent quoi les politiciens ? Il serait peut-être temps qu’on se donne le go avec notre tête pour parler des vraies affaires…
Mon constat sera plutôt étrange de la part d’un journaliste, mais en période électorale, les électeurs ne devraient pas se fier uniquement à la parole des médias. Cela ne fait aucun doute, la candidature de Pierre Karl Péladeau au Parti québécois est une des plus grosses prises politiques de la dernière décennie, mais je me questionne sur la pertinence d’en faire les manchettes dix jours de suite. Je ne dis pas que les journalistes font un mauvais travail, mais que c’est simplement la game médiatique qui suit son cours.
Si les journalistes ont le mandat de rapporter la nouvelle, l’électeur a le devoir de s’informer du mieux qu’il le peut. Les plateformes des partis politiques sont facilement accessibles en ligne et chacun d’entre nous devrait au moins feuilleter les grandes orientations des principaux partis politiques. L’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), l’Institut économique de Montréal (IEIM), ainsi que plusieurs autres associations plus neutres sont en mesure de vous informer sur les enjeux qui vous intéressent. Une fois l’information récoltée et le vote glissé dans l’urne, vous aurez tous les outils en main afin de chialer tout au long des quatre prochaines années.
Louis-Philippe Bourdeau
Chef de pupitre Société
societe.campus@uqam.ca
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