Une mère débordée ne sachant plus quoi faire, sa main qui part en direction de son fils. Un homme s’interpose et propose de l’aider. C’est la prémisse du roman Le lieu précis de ma colère, quatrième œuvre de l’écrivaine québécoise Marie Clark. Dès les premières lignes, l’histoire déstabilise et émeut.
Cette rencontre hasardeuse chamboule Benjamin, un homme marginal de trente ans sans emploi pour qui la vie n’a pas de sens. Chaque jour, il promet à Éliane de s’occuper de son enfant, René-Xavier, pour lui accorder un peu de répit. Ensemble, le renommé Benj et le jeune chevalier RX comblent leurs journées en construisant un vaisseau spatial pour les extraterrestres qui sont, comme eux, seuls et différents des autres.
Leur jeu leur permet à tout deux de s’évader. De rafistoler leurs âmes en peine, à force d’éprouver les pertes et l’abandon. Benjamin se reconnaît dans ce petit bout de monstre de huit ans, enfant turbulent et instable, aveuglé par la colère. «Je prenais soin du petit chevalier raté en moi à travers lui», évoque-t-il.
Bientôt, d’autres enfants extraterrestres abimés se joignent à eux. Benj se construit à travers ceux-ci et se découvre une vraie passion d’aide envers ces jeunes qui «ont le pouvoir de ranimer [en lui] ce qu’il y a de prodigieux dans le fait d’être vivant.»
Ce roman poignant et haletant relate par une écriture simple la rencontre entre des enfants au vécu difficile et d’un homme prêt à tout pour leur redonner espoir. Une histoire rafraichissante qui se dévore en quelques heures.
Le lieu précis de ma colère, Marie Clark, 30 janvier 2014, Les Éditions XYZ, 184 pages.
Laisser un commentaire