La game a changé

Mon collègue de la section Société l’a fait lors de la dernière parution: s’arrêter un instant et penser à ce qui va bien au Québec. Dans son cas, des élections (qui approchent) prouvent la légitimité de notre démocratie. Dans le cas de la Culture (avec un grand C, s’il vous plait), c’est des honneurs bien mérités. Les mauvaises langues peuvent bien parler, et oui, Les jeunes loups dominent encore Série Noire. Malgré toutes les chroniques qui louangent la dernière offrande des auteurs des Invincibles, les côtes d’écoutes ne mentent pas. Mais même en Culture, la game a changé.

Avant les fleurs, les tomates. Plus d’un million de téléspectateurs ont encore eu droit à la sempiternelle tirade du boss, Vincent Guzzo à Tout le monde en parle. Le bien-trop-connu propriétaire de cinéma veut encore plus de gros beurre gluant autour de nos films québécois. Plus ça coule, mieux c’est. Cette tirade vient après le long débat autour de ce que le public veut vraiment écouter lorsqu’il daigne sortir de son salon. Épargnez-nous cette chicane qui ressemble de plus en plus à une version ridicule de la commission parlementaire sur la charte (et c’est dur à battre). Les Rendez-vous du cinéma québécois débutent cette semaine, c’est le temps de profiter du savoir-faire unique à la Belle Province. Surtout, il est grand temps d’enterrer la hache de guerre.

Maintenant les fleurs: on oublie que le Québec est un invité de marque dans plusieurs festivals.  Avoir trois nominations dans la catégorie du meilleur film étranger aux Oscars, ce n’est pas rien. Et oui M. Guzzo, les films québécois rayonnent… à l’international, c’est déjà ça. D’ailleurs, notre province est l’invité d’honneur du Festival Internacional de Cine en Guadalajara (FICG), au Mexique. Robert Lepage a aussi été accueilli en roi à la Berlinale en Allemagne pour présenter son dernier opus, Tryptique. Il reste maintenant à susciter autant d’émoi ici qu’à l’étranger. Challenge accepted.

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Les lauriers ne s’attribuent pas seulement qu’au cinéma. Notre journaliste Jean-Philippe Proulx a remis au goût du jour les fameuses sorties étudiantes (voir son article ici). Dans mon temps, le peu de budget alloué par les écoles pour le culturel se comptait avec une calculette Fisher-Price. On allait généralement voir une pièce de théâtre amateur dans une salle miteuse à l’autre bout de la ville. Ça, c’était quand on avait le luxe de se payer une sortie au lieu du traditionnel visionnement de film en classe (mot de code pour distraire les élèves quand le professeur n’avait rien de prévu à l’horaire).

Maintenant, c’est  les théâtres qui viennent aux portes des écoles et non l’inverse. Les metteurs en scène confectionnent un guide pour présenter aux élèves le contenu de la pièce en question. Fini les décors de papier mâché, on est dans les ligues majeures. Aller voir Marie Tudor avec Julie Le Breton, qui passe quand même régulièrement à la tivi, ça change du fils de la prof d’anglais dans une énième version de Grease, mettons.

On peut aussi voir l’initiative comme un moyen de garnir les rangées des théâtres. Ou comme le summum de la paresse chez les profs: laisser le metteur en scène parler durant un cours complet pour ensuite aller s’installer confortablement dans les sièges de velours rouge. Peut-être. Mais j’aurais donné cher pour aller voir une vraie pièce de théâtre dans le cadre d’une sortie scolaire. Il est toujours plus plaisant apprendre par du concret plutôt que par un obscur livre d’histoire. Comme quoi la game a vraiment changé, pour le mieux.

Marion Bérubé

Chef de pupitre culture

Culture.campus@uqam.ca

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