Bien réels sur les tablettes métalliques des bibliothèques, les livres de l’UQAM se matérialisent également dans l’infini du Web. Lorsque le binaire s’allie au littéraire, un nouveau chapitre s’entame dans le monde de la recherche.
Une recherche qui nécessitait auparavant des heures se réalise maintenant en quelques clics. Grâce à la revitalisation des bases de données, le domaine de la recherche universitaire a vécu une véritable révolution. Accessible à distance, stocké dans un nuage virtuel et favorisant les partenariats entre universités, le numérique a la cote autant chez les étudiants que chez les professeurs et chercheurs.
À défaut d’investir dans le rafraîchissement de ses installations ou dans l’achat de nouveaux livres, l’UQAM accorde aujourd’hui 75% du budget de ses bibliothèques aux ressources en ligne. Avec la dématérialisation des documents, la réalité physique des bibliothèques a énormément changé. «Depuis l’achat des banques de données, ces institutions ne sont plus des entrepôts à livres», indique la directrice du soutien aux études des bibliothèques du réseau de l’Université du Québec, Caroline Lessard. Les bibliothèques sont plutôt devenues des lieux de soutien. «Les étudiants y vont davantage pour faire de la recherche, y travailler et obtenir l’aide d’employés compétents», explique-t-elle.
Les avancées technologiques dans l’univers de la documentation sont utiles pour les universitaires autant que pour la direction des bibliothèques. «Les bases de données permettent aux étudiants d’accéder à de multiples informations et ce, même à distance, dénote Caroline Lessard. La plupart du temps, ces achats de bases de données se font de manière commune avec d’autres institutions du Québec, ce qui permet de diviser les coûts.»
L’UQAM est affiliée au réseau canadien de documentation pour la recherche afin de bénéficier des avantages des achats collectifs. Ainsi, les ressources électroniques de l’UQAM offrent cette année un accès à 513 bases de données. Ce tournant technologique influence le nombre de monographies imprimées achetées annuellement. En 2010 – 2011, l’UQAM s’est approprié 22 919 volumes alors qu’en 2000 – 2001, elle en a acquis près de 28 000.
Ces nouvelles technologies font place à un éventail beaucoup plus vaste de possibilités. Les bases de données permettent de réaliser des recherches qui étaient impossibles auparavant, explique le docteur et professeur en histoire et sociopolitique des sciences à l’UQAM, Yves Gingras. «Puisque la plupart des revues ou magazines numérisent chaque édition, il est facile d’avoir accès aux textes de ces publications et ce, même si elles datent de plusieurs années», ajoute-t-il avec passion.
Des statistiques inquiétantes
En 2006, le Montréal Campus mettait en lumière le retard flagrant des bibliothèques de l’UQAM par rapport à celles des autres universités montréalaises. De l’investissement budgétaire à la quantité d’ouvrages dans sa collection, l’Université du peuple traînait de la patte. En 2013, cet écart est toujours bien réel, d’autant plus que les ressources électroniques exigent un investissement grandissant (voir encadré). Caroline Lessard explique toutefois qu’il ne faut pas pour autant s’alarmer devant ces comparaisons peu flatteuses pour l’UQAM. «Le budget des universités dépend de plusieurs facteurs, tient-elle à préciser. Il faut prendre en compte le nombre d’étudiants qui fréquentent l’établissement. Par exemple, l’UQAM a accès à plus de documentation matérielle que l’ETS. En plus, l’argent investi dépend surtout des sortes de programmes offerts et de leur besoins.»
Néanmoins, les bibliothèques de l’UQAM sont mieux financées depuis quelques années. N’ayant investi en 2006 qu’un maigre 3,52 M$ en acquisition de ressources documentaires matérielles, l’UQAM y a consacré l’année dernière plus de 5 M$ de son budget. Il en est de même pour les ressources électroniques dont le financement a triplé depuis 2008. «On a pu assister à une amélioration remarquable,» souligne Yves Gingras.
Les différences entre les ressources bibliothécaires de l’UQAM et celles des autres établissements de la province ne sautent pas aux yeux pour ses usagers. Selon Christine Péloquin-Cooper, une étudiante en philosophie, il n’y a pas de quoi se plaindre. «J’ai toujours trouvé tous les ouvrages que je désirais à la bibliothèque de l’UQAM, estime la jeune femme. Il y a dans ma discipline un très bon choix de documents.» L’étudiante en kinésiologie Marie-Claire Pharand, qui fréquente régulièrement la Bibliothèque des sciences, partage le même avis. «Je n’ai même jamais eu à demander de l’aide d’un membre du personnel puisque c’est très facile de se servir des nombreuses bases de données.»
Même si la révolution du Web freine l’archivage de documents sur les tablettes des bibliothèques de l’UQAM, elle est loin de ralentir le stockage de données dans les cerveaux des universitaires. Quel que soit le sujet de recherche, les étudiants ont plus que jamais un accès direct à l’information.
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L’UQAM, bonne dernière
Nombre d’étudiants pour un employé des bibliothèques dans les quatre plus grandes universités au Québec*:
UQAM : 242
Université Laval : 218
Université McGill : 177
Université de Montréal : 153
Le budget de l’UQAM alloué aux documents papier en 2013 est deux fois moins élevé que celui de l’Université de Montréal, Laval et McGill. Les dépenses liées aux ressources électroniques, quant à elles, sont de deux à trois fois moins élevées que celles de ses homologues.
La direction des bibliothèques de l’UQAM n’a pas voulu commenter ces données.
*Source : Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ)
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