Un petit plaster pour une grosse hémorragie

Patient: Services à la vie étudiante (SVE) de l’UQAM. Symptôme: déficit anticipé de 666 156 $ pour l’année 2011-2012. Remède? Les étudiants de l’UQAM paieront 0,78 $ de plus par crédit universitaire pour éviter une saignée immédiate des SVE, le temps qu’un Comité de révision des services aux étudiants n’établisse un diagnostic complet et un traitement à long terme. 
 
Voilà trois ans que les dépenses prévues dépassent les revenus des SVE, explique la vice-rectrice au Soutien académique et à la vie étudiante, Diane Demers. Les Services à la vie étudiante ont jusqu’ici contenu l’hémorragie en reportant le remplacement de matériel informatique et en laissant certains postes vacants, ajoute-t-elle. «Cela ne peut plus durer. Les employés et leurs syndicats ont montré par de nombreux griefs, dénonciations et pétitions qu’il ne peut plus en être ainsi.»
 
Les SVE sont financés par une «enveloppe close» – soit un budget indépendant de celui de l’Université – alimentée à environ 65% par les cotisations étudiantes et à 35% par une subvention dédiée du ministère de l’Éducation. Les cotisations n’ont pas augmenté depuis 2005-2006, tandis que la masse salariale, qui représente 91% du budget des SVE, enfle constamment en raison des ajustements salariaux prévus par les contrats de travail. La plaie a aussi été agrandie par les compensations versées en vertu du règlement sur l’équité salariale et l’obligation, auparavant assumée par l’UQAM, de payer les frais liés aux départs à la retraite des employés.
 
Pour combler le trou, les SVE avaient posé un ultimatum aux associations étudiantes facultaires: les étudiants devraient payer plus. Sans cela, des services seraient coupés dès l’automne 2011. Les réseaux sociaux professionnels et les subventions aux groupes et projets étudiants auraient été amputés les premiers. Le Comité de la vie étudiante (CVE) a finalement tranché en faveur d’une hausse des cotisations étudiantes le 18 mars dernier, lors d’un vote majoritaire de ses 11 membres étudiants – dont un pour chacune des sept associations facultaires – et de ses 10 membres institutionnels. Les étudiants à temps plein verseront une dizaine de dollars de plus par session pour les services aux étudiants. Reste au Conseil d’administration de l’Université d’approuver la mesure, qui portera la facture totale par uqamien à 63,45 $.  
 
Représentants étudiants et institutionnels du CVE ont aussi voté unanimement pour la mise sur pied d’un Comité de révision. Des représentants étudiants et institutionnels ausculteront la structure, le financement et les services offerts tant par les SVE que par l’UQAM. Un tel bilan de santé n’avait pas été réalisé depuis 1993. «Il s’agit d’un comité à mandat large qui permet de mieux connaître la réalité des étudiants et de voir en quoi les services offerts répondent à leurs préoccupations, souligne Diane Demers. La population étudiante a changé au cours des vingt dernières années et il y a certainement lieu de revoir les services actuels.» 
 
Après avoir pris le pouls des SVE, ce comité de révision devrait accoucher d’un rapport en mai 2012, date à laquelle des réformes pourraient être mises en place. «On donne un an de sursis parce que les coupures annoncées sont très handicapantes pour les étudiants, estime Martine Desjardins, présidente de l’ADEESE. Il est plus coûteux de couper, puis de recréer un service que de le maintenir en place.» 
 
Électrochocs nécessaires
«C’est un non-sens que la cotisation soit fixe alors que les dépenses augmentent d’année en année», soutient Félix-Antoine Daigle, président de l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AEESG), qui propose l’indexation  des cotisations étudiantes. 
 
Autre diagnostic préliminaire: la lourdeur de la bureaucratie. «La façon de gérer l’argent n’est peut-être pas optimale, croit Philippe Pesant-Bellemare, coordonnateur général de l’Association facultaire étudiante des langues et communications (AFELC). Il faut arrêter de mettre de l’eau dans une passoire.» Certains services semblent dédoublés, d’autres n’ont jamais été évalués, mentionne la présidente de l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE), Martine Desjardins. De plus, «les étudiants n’ont presque aucun droit de regard sur la gestion courante des SVE alors qu’ils les financent», renchérit le coordonnateur général de l’Association facultaire étudiante de sciences politiques et de droit (AFESPED), Samuel Ragot.
 
Parmi les thérapies possibles pour guérir  les SVE de leurs maux, les réseaux sociaux professionnels pourraient être récupérés par les facultés, suggère Stéphanie Bernier, coordonnatrice générale de l’Association facultaire des étudiants en Arts (AFEA). Les services à certaines clientèles, comme les étudiants handicapés, pourraient aussi être gérés directement par l’UQAM. Finalement, les représentants étudiants sont unanimes: une réforme est nécessaire. «On ne veut pas reconduire une formule qui continuerait à creuser les déficits», plaide Stéphanie Bernier. 

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