Des étudiants de McGill pris à la gorge

Le ministère de l’Éducation (MELS) a retiré l’Aide financière aux études (AFE) du programme de MBA de l’Université McGill. Les vingt étudiants québécois inscrits au prestigieux programme (sur 65) doivent donc composer avec un fardeau financier supplémentaire, alors que leur établissement a récemment fixé leurs frais de scolarité à 29 500$ par année.
 
 
Le MELS avait changé sa politique de reconnaissance des programmes pour l’attribution de l’aide financière en mai dernier. Mais c’est la semaine dernière, lors de la période de recalcul des ressources financières, que les étudiants ont vu les changements s’opérer dans leur dossier pour l’année scolaire 2010-2011. 
 
Le président de l’Association des étudiants du programme de Master of Business Administration (MBA) et nouvel étudiant du programme, Pat Tenneriello, a vu fondre les montants que lui avait consenti l’AFE. On lui avait promis 6000$ en bourses et 3000$ en prêts, mais l’AFE ne lui a finalement accordé que 7600$ entièrement sous forme de prêts. Tout comme d’autres étudiants du programme, il n’a pas eu d’autres choix que de solliciter un prêt auprès d’une institution financière privée. 
 
«Ça montre la mauvaise foi du gouvernement en matière d’aide financière. Il est en train de causer des précédents inacceptables!» s‘insurge le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Louis-Philippe Savoie. Il dénonce également le laisser-aller du gouvernement Charest au sujet de la privatisation ainsi que les graves conséquences que le phénomène peut engendrer s’il n’est pas contrôlé. 
 
 Le président de la FEUQ estime par ailleurs qu’une telle mesure aura des répercussions néfastes sur les résultats académiques des étudiants, puisqu’ils devront travailler pour s’assurer un revenu. Mais Pat Tenneriello s’objecte. Selon lui, les étudiants continueront de s’endetter plutôt que d’occuper un emploi à temps partiel, vu la charge de travail importante que représente le MBA.
 
Le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Léo Bureau-Blouin, est lui aussi inquiet. Il soutient qu’il s’agit «non seulement d’une attaque directe à l’accessibilité financière aux études, mais aussi une façon d’étouffer la relève avec une dette importante.»
Changement de cap
Malgré le désaccord du MELS, l’Université Mc Gill a augmenté les tarifs du programme à l’automne 2010, qui souffrait d’un important déficit année après année. Les étudiants du prestigieux programme de MBA de l’Université McGill doivent désormais assumer les frais de scolarité annuels de 29 500$ au lieu des 1700$ par trimestre qui étaient exigés auparavant. Ces frais augmenteront même de 3000$ pour l’année scolaire 2011-2012. À titre comparatif, l’Université Queen’s, en Ontario, exige 60 000$ par année pour obtenir un diplôme de MBA.
 
L’ancienne ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, n’était pas en accord avec la  privatisation du programme MBA et avait même proposé de donner une amende à l’Université McGill de près de 17 500 $ par étudiant du MBA et de retirer la subvention de 11 000 $ par étudiant accordée à l’Université pour être allée à l’encontre des directives de Québec. La nouvelle ministre, Line Beauchamp, n’a toutefois pas encore pris position sur le sujet.

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