Recensement long : la recherche à en péril à l’UQAM

Disparition de données fiables. Augmentation des coûts de la recherche. Abandon de certaines études. Autant de conséquences de l’abolition du recensement long obligatoire d’Ottawa sont décriées par les chercheurs canadiens. Si le gouvernement conservateur ne revient pas sur sa décision, les chercheurs de l’UQAM seront sans ressource.

C’est l’absence de fiabilité des nouvelles données qui inquiète le plus les chercheurs de l’UQAM. Professeurs et étudiants à la recherche sont unanimes. En devenant volontaire, le recensement long de Statistique Canada ne reflétera plus la réalité. Comme l’explique le professeur au département de sociologie, Rachad Antonius, le recensement long permet aux chercheurs d’avoir accès à des données « décomposées », par âge, sexe, langue, etc. Ceux-ci peuvent donc utiliser des données ciblées afin de les combiner à leur propre recherche. Avec un recensement volontaire, il y aura une sous représentation de certains groupes. Ces données sont particulièrement utilisées en sciences humaines, un des créneaux importants de recherche de l’Université du peuple. Faute de données précises chez Statistique Canada, les étudiants à la maîtrise et au doctorat pensent se tourner vers l’Institut statistique du Québec (ISQ). Seul hic, l’ISQ utilise aussi les données de Statistique Canada. Le serpent se mord la queue.

L’Institut québécois déplore lui-même la mesure adoptée par le gouvernement mais il n’y peut rien. Autre solution possible: utiliser des enquêtes statistiques privées. Mais les coûts de cette option seraient astronomiques. Pour l’étudiant-chercheur sur la relation entre l’abstention électorale et l’espace social, Thomas Lafontaine, «c’est un pas vers la privatisation des données.» Selon lui, s’il n’y a pas de financement gouvernemental d’envergure, certains chercheurs devront tout simplement abandonner leur recherche.

Pour les professeurs, le problème se double d’un questionnement éthique. Il sera malaisé de guider ses étudiants vers Statistique Canada, sachant qu’il y a un consensus scientifique autour de la faible qualité des données à venir. Selon Rachad Antonius, la décision du gouvernement va même au-delà de la recherche universitaire. Pour lui, le recensement long obligatoire de Statistique Canada était un bastion de démocratisation du savoir. «Ça permettait aux chercheurs et aux citoyens d’avoir librement accès aux données leur donnant un portrait de leur société.»

Lors de l’annonce de cette mesure en juin dernier, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Tony Clement, prétendait que la mesure répondait à un bon nombre de plaintes portant sur le caractère intrusif de l’enquête. «On a souvent entendu les arguments démagogiques liés à l’intrusion dans la vie privée», dit Rachad Antonius. Mais ce serait parfois nécessaire. Selon lui, on enviait la qualité de notre recensement et la véracité de ses données.

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