Les mouvements étudiants ont profité de la manifestation contre la hausse des tarifs et la privatisation des services publics du jeudi 1er avril pour protester contre le dernier budget provincial. Au cœur de leurs revendications: la hausse des frais de scolarité après 2012.
C’est sous un ciel dégagé et une température clémente que plus de 10 000 manifestants se sont réunis devant le Square Phillips, sous une forte surveillance policière. Plusieurs associations étudiantes, tant universitaires que cégépiennes, se sont jointes au mouvement et ont envahi le quartier des affaires de Montréal.
L’Université du peuple était représentée par l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH), l’Association facultaire des étudiantes et étudiants en arts (AFEA), l’Association facultaire étudiante de langues et communications (AFELC) et l’Association facultaire des sciences politiques et droit (AFESPED).
Pour le responsable aux affaires externes de l’AFELC, Philippe Bellemare, la présence des associations étudiantes à la manifestation est très importante. «À l’AFELC, nous avons une position historique qui est d’être contre le dégel des frais de scolarité, fait-il remarquer. Nous représentons les étudiants et nous défendons des positions comme l’accès à un soin de santé universel et à une éducation universelle.» Alors que le 31 mars et le 1er avril étaient deux journées de grève étudiante à l’UQAM, il a pu constater une mobilisation particulière des étudiants pour cette manifestation. «Si on compare cela avec la grève de l’année passée, on a eu beaucoup plus d’étudiants motivés, indique le jeune homme. Il y a eu une bonne participation.»
Au milieu de la marée de pancartes, Marie-Ève Julien, étudiante à l’École supérieure de théâtre à l’UQAM, rappelle les moyens financiers limités des étudiants. «Les frais montent de façon considérable à chaque session. À un moment où à un autre, on ne pourra plus étudier et c’est important de se positionner dès maintenant.»
Rappelons qu’une hausse des frais de scolarité est déjà effective. Les étudiants universitaires paient 100$ de plus par année depuis 2007. Cette mesure prendra fin en 2012. Toutefois, le budget déposé le 30 mars dernier continuera les hausses après 2012, dans des proportions qui restent à déterminer.
La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) participait elle aussi au long défilé. «Nous sommes dans un des pays les plus riches et ce gouvernement n’arrête pas de nous dire que nous faisons partie des plus pauvres, vocifère le conseiller pour la FAE, Jacques Benoit. Il n’y a même plus de bonnes conditions matérielles et pédagogiques pour que les étudiants étudient normalement. Nous disons tous au gouvernement aujourd’hui: retourne faire tes devoirs, l’argent est là et on peut le distribuer là où le monde en a besoin.»
Pour la porte-parole de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi, la hausse des frais de scolarité dégrade également la situation des femmes au sein de la société. «Cette manifestation est un moyen de lutter contre la pauvreté et assurer une égalité sociale entre les femmes et les hommes dans toute la société. On s’attaque aux frais de scolarité alors que les Québécois sont encore sous-scolarisés et les femmes ont su très tôt que l’éducation était la clé pour lutter contre l’égalité.»
Entre deux discours, la porte-parole de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, Marie-Ève Rancourt, se confie. «À la lumière du dernier budget, cette manifestation a toute sa raison d’être. C’est non seulement les organisations membres de la coalition qui sont présentes dans la rue cette après-midi, mais aussi toute la population en général.»
La Coalition, regroupant près d’une centaine d’organismes, réclame principalement des mesures fiscales plus équitables et une participation plus importante de la part des entreprises pour le financement des services publics. «Ce que fait le gouvernement Charest, ce n’est pas de financer les services publics avec les impôts, mais plutôt par des tarifs et des taxes qui touchent en premier lieu les plus pauvres et la classe moyenne», ajoute-t-elle.
C’est devant l’hôtel Le Grand Sheraton, où le ministre des Finances, Raymond Bachand, présentait son budget aux gens d’affaires, que les manifestants se sont regroupés. «Cette résistance là, ce n’est pas juste les étudiants et étudiantes qui vont la faire, clame un des porte-paroles de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), Gabriel Nadeau-Dubois. Cette résistance sera faite avec les travailleurs et travailleuses, les organismes communautaires et les organisations féministes du Québec. Cette résistance commence aujourd’hui.»
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