Sans une économie salariale de plusieurs millions de dollars réalisée lors de la grève des professeurs l’hiver dernier, l’Université du peuple aurait raté son objectif budgétaire, avec un déficit annuel de plus de 10 millions de dollars.
L’UQAM reste dans le rouge pour l’année 2008-2009 avec un déficit de 7,9 millions de dollars. Sans la grève des professeurs, il aurait atteint les 12 millions. Dans le cadre de son Plan d’équilibre budgétaire, le déficit annuel de l’Université ne devait pas dépasser les 10 millions. Le Plan, s’il est suivi, devrait permettre à l’institution de dégager des surplus en 2015-2016.
Le trésorier du Syndicat des professeurs de l’UQAM, Mario Houle, estime que l’économie causée par l’abandon des salles de classes par les professeurs «se situe à environ 4,8% du total de la masse salariale des professeurs, soit une économie d’environ 4 à 4,5 M $.» L’Université aurait ainsi enregistré un déficit de près de 12 millions sans la grève des professeurs.
La vice-rectrice aux affaires administratives et financières, Monique Goyette, explique qu’habituellement «une grève dans le secteur universitaire entraîne une baisse des subventions du Ministère. Par contre, les masses salariales diminuent et les frais de scolarité continuent d’affluer, ce qui a mené à un surplus.»
L’administratrice s’est toutefois dite rassurée par les états financiers 2008-2009 de l’UQAM. «Malgré le déficit, nous voyons enfin la lumière au bout du tunnel.» L’année passée, le bilan 2007-2008 révélait un déficit de 21,3 millions de dollars.
Cependant, si le déficit annuel est en baisse par rapport à l’année précédente, le déficit cumulé de l’UQAM demeure toutefois en hausse et atteint désormais 72,9 millions de dollars.
Pour atteindre son objectif, l’UQAM a également profité d’un taux d’intérêt plus bas que prévu sur le financement de sa dette. «Nous avions envisagé 2,5-3% et les taux sont descendus sous les 1%, indique la vice-rectrice. Ça nous a permis de souffler.»
Un logiciel désuet
Dans les faits, l’Université a généré un surplus de fonctionnement d’un peu plus d’un million de dollars. Toutefois, le déficit a été creusé par un investissement de cinq millions pour un nouveau logiciel de gestion administrative. «À cause des nouvelles demandes comptables du gouvernement et l’intégration au réseau des Universités du Québec, le programme informatique Banner que nous utilisions n’était plus vraiment compatible et performant, fait valoir la vice-rectrice. Nous avons donc dû les changer pour le logiciel SIGA3.»
Une firme indépendante a par ailleurs conseillé l’Université dans cette voie. L’UQAM aurait dû «dépenser encore 9,2 M $ pour finaliser le système Banner sans pour autant avoir un système performant.» La vice-rectrice précise toutefois que des frais supplémentaires seront à défrayer avec SIGA3 et que les deux systèmes auraient coûté la même somme au final.
Des sous pour l’École des médias
Un transfert de fonds de 4,2 millions dollars à l’École des médias a aussi contribué à ramener l’Université dans le trou. La somme, provenant du fonds de fonctionnement de l’UQAM, servira à remplacer les vieux équipements analogiques par des appareils numériques.
Jean-François Renaud, directeur de l’École des médias, voit d’un œil très favorable l’arrivée de ces fonds. «C’est évidemment une très très bonne nouvelle. On va pouvoir outiller et former convenablement nos étudiants avec les technologies utilisées dans l’industrie. Le reste du montant demandé permettra de pallier le manque cruel d’espace au Judith-Jasmin, qui nous place 30% sous la barre de ce qui est normalement concédé dans d’autres facultés.»
L’UQAM réclamait le montant au gouvernement depuis 2006. «Le ministère refusait de nous accorder les sommes parce que nous étions trop endettés, explique Monique Goyette. Si nous avions encore été dans l’impossibilité de mettre à jour les équipements, nous aurions dû fermer complètement l’École des médias. Heureusement, l’investissement a vu le jour.»
Sur la bonne voie
L’Université espère renouveler avec l’équilibre budgétaire d’ici 2015-2016. Toutefois, le déficit cumulé actuel de 72,9 millions de dollars ne sera pas encore résorbé au terme du plan. Ce dernier prévoit sa diminution à 42 millions en 2016.
Afin d’atteindre ses objectifs budgétaires, l’Université souhaite recruter plus de 1700 étudiants supplémentaires à temps plein. «Et surtout, insiste Monique Goyette, nous ne planchons pas sur une potentielle hausse des frais de scolarité et des frais afférents pour équilibrer notre budget.»
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