Une ligue qui déménage

La LicUQAM a 15 ans

La Ligue d’improvisation centrale de l’UQAM va bientôt fêter ses 15 ans de jeu… et de déménagement perpétuel. Les artisans de cette ligue nomade partagent leurs souvenirs avec Montréal Campus.

Courtoisie de Frédéric barbusci

La LicUQAM, c’est le rendez-vous des uqamiens amateurs d’impro. Ceux qui ont un emploi le vendredi soir tentent de déplacer leur quart de travail. Ceux qui ont une date l’amènent voir le match. Depuis 15 ans, toutes les raisons sont bonnes pour assister aux joutes de la LicUQAM.

Deux universitaires, Christian Laurence et Marc-Antoine Godin, fondent ImproUQAM à l’hiver 1995. Trois équipes jouent alors au Café des arts du pavillon Judith-Jasmin. Christian Robitaille, un étudiant en théâtre, se joint rapidement à la ligue. «On se disait qu’avec les programmes de théâtre et de communication, ça n’avait pas de sens qu’il n’y ait pas de ligue d’impro à l’UQAM.» À la session suivante, il se greffe aux deux fondateurs d’ImproUQAM pour lancer la Ligue d’improvisation centrale de l’Université du Québec à Montréal (LicUQAM). «Le “centrale”, c’était parce qu’il y avait déjà une ligue à l’UQAM, celle du programme d’animation culturelle, raconte Christian Laurence. Et avec un “c”, LicUQAM sonnait mieux.»

La ligue est lancée avec les moyens du bord. «Nos premiers chandails avaient seulement LIC écrit dessus», se rappelle Christian Laurence, qui entraîne maintenant l’équipe des Bleus de la Ligue nationale d’improvisation (LNI). «On les avait achetés d’une ligue à Longueuil, qui s’appelait la Ligue d’improvisation comique. On a pris leurs bandes aussi.» Marc Longchamps, animateur aux Services à la vie étudiante, s’en souvient. «Faire fabriquer des bandes par un menuisier, ça coûtait un bras! Christian avait payé 400$ de sa poche pour l’équipement usagé. Comme il n’avait pas de reçu, il a dû me faire une déclaration solennelle pour que je le rembourse.» La LicUQAM a utilisé ces bandes jusqu’à l’an dernier.

«Pour les équipes, on avait besoin de quatre noms, et on ne voulait pas utiliser des couleurs, explique Christian Robitaille. Comme on avait déjà la thématique de la girouette dans nos affiches, on est allés voir dans le dictionnaire pour trouver les noms de vent les plus groovy.» Ainsi naissent l’Alizé, le Mistral, le Sirocco et le Zéphir.

Début broche à foin

En 1996, la LicUQAM joue au petit Café Aquin. Si petit que «le caucus se faisait avec les spectateurs», rigole Christian Robitaille. Christian Laurence en rajoute: «Il y avait une grosse colonne en béton au milieu de la scène. C’était vraiment broche à foin!» Malgré tout, dès la deuxième année, ils commencent à refuser des spectateurs. Cette saison-là, 70 personnes se présentent au camp de recrutement. «La première année était à tâtons, mais la deuxième, on était partout! affirme Christian Robitaille. On a fait tellement d’animation. On jouait une petite partie pendant un évènement, une autre à la pause d’un gala. On était la gang d’acteurs de l’UQAM.»

Les membres de la ligue deviennent rapidement des hommes à tout faire de la scène. «Dans le temps, si t’avais besoin d’animateurs, t’appelais la ligue, explique Marc Longchamp. Vingt-quatre heures après t’avais une réponse, et 48 heures après, c’était settlé.»

En 1997, la LicUQAM remporte sa première Coupe universitaire d’improvisation. Ce succès sera répété quatre fois dans son histoire. L’année suivante, dans le palmarès des universités canadiennes du magazine Maclean’s, le seul point positif de l’UQAM est l’engagement étudiant. Grâce à son équipe d’improvisation, l’Université du peuple obtient la première position du palmarès Value added, les valeurs ajoutées. «C’étaient les grosses années», constate Christian Laurence, qui avait à ce moment arrêté de jouer pour devenir entraîneur.

Une ligue itinérante

«La LicUQAM, ça a été un pivot dans ma carrière d’improvisateur», déclare Frédéric Barbusci, recrue de l’année de la LNI en 2005 et champion compteur de 2005 à 2007. «Avant, je voulais juste faire rire les gens et avoir l’étoile du match. Là, j’ai appris à me dépasser. S’il n’y avait pas eu la LicUQAM, j’aurais sûrement arrêté de faire de l’impro depuis longtemps. Je me serais tanné!»

Pour trouver un local où  les talents comme celui de Frédéric Barbusci peuvent s’exprimer, les organisateurs de la LicUQAM ont travaillé d’arrache-pied. «La LicUQAM, c’est la ligue la plus itinérante au monde», blague Alexandre Cadieux, ancien joueur de la ligue qui arbitre maintenant à la LNI. En effet, la LicUQAM quittait les emplacements «pas cool» du campus pour aller jouer à d’autres endroits plus agréables qu’elle perdait peu après. Comme ces locaux de pratique du programme de théâtre, à l’ancien pavillon St-Timothée, où il y avait «de la place, des rideaux». Ils n’y ont joué qu’une saison avant que l’UQAM ne cesse de louer le bâtiment. L’an dernier, la ligue a même quitté l’UQAM pour jouer au bar l’Alizé, sur la rue Ontario.

«En 15 ans, toutes les places ont été envisagées, poursuit Alexandre Cadieux. L’Alizé, c’était bien, mais ce n’était pas à l’UQAM.» Le problème devait être réglé avec l’îlot Voyageur, souligne Marc Longchamps. «Dans la simulation, il y avait de la place pour la LicUQAM et tout leur personnel étudiant.» Mais le fiasco financier qui a privé l’UQAM du bâtiment a mis fin aux espoirs.

Cette année, la LicUQAM inaugurera son dixième emplacement, le Grimoire, le café-bar dans le pavillon Hubert-Aquin. Pascale Renaud-Hébert, membre du conseil d’administration de la LicUQAM et capitaine de son équipe, aime ce nouvel emplacement. «C’est plus accessible, c’est dans l’UQAM, la bière n’est pas chère. Il y a quelques vendredis où l’on va se faire déloger par le hockey, mais c’est tout.»

Douze joueurs se sont joints à la LicUQAM cette année. «Il y a un vent nouveau, annonce Pascale Renaud-Hébert. Nouvelle salle, nouveaux joueurs… La ligue est en effervescence.» La preuve: après négociation, c’est finalement la LicUQAM qui déloge le hockey.

Les matchs de la LicUQAM ont lieu les vendredis à 20h au Grimoire.

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