Un étudiant de l’UQAM aux dernières élections municipales
«Ça a été le plus gros trip que j’ai vécu jusqu’à présent», s’exclame Julien Verville à propos de sa candidature aux dernières élections municipales. L’étudiant en droit à l’UQAM a brigué le poste de conseiller municipal du district 1 de Drummondville, à 20 ans.
Bien qu’il n’ait pas gagné le poste avec 25% des voix contre 38% pour le conseiller sortant, Julien sort ravi de son expérience. «Quand des petits vieux viennent te voir après avoir voté et te prennent le bras avec des étincelles dans les yeux, ça te touche.»
«Ces deux derniers mois, je vivais deux jours à Montréal, cinq à Drummondville, indique Julien. Pendant la semaine, je faisais du porte à porte de 16h à 20h. Samedi et dimanche, c’était à partir de 11h.» Il a en effet tenu à rencontrer le maximum des quelques 5000 personnes du quartier. Pour ce faire, quelques sacrifices ont été nécessaires. «Je n’ai pas pris de cours le lundi soir parce que les séances municipales ont lieu à ce moment là. De six, je suis passé à quatre cours. Si jamais j’avais été élu, j’aurais fait mon BAC en six ans au lieu de quatre.»
Misant entre autre sur le principe d’«équité intergénérationnelle», Julien défend la représentativité que devrait, selon lui, avoir chaque génération dans les différentes strates politiques. «Dans le précédent conseil municipal, l’âge des membres oscillait environ entre 44 et 70 ans. Sur tout le Québec, il y avait seulement 8% des conseillers sortants qui étaient des jeunes [moins de 35 ans] et presque tous dans de petites municipalités. L’année passée, dans les villes de plus de 50 000 habitants, il y en avait 14. Et je voulais être de ceux là.»
Pour mener sa campagne, il a pu compter sur une équipe de 26 bénévoles composée d’amis, d’étudiants mais aussi d’anciens professeurs du cégep. «Ça a permis de faire les choses beaucoup plus rapidement. Par exemple, pour être efficace, il nous fallait les numéros des gens sur les listes électorales. On a passé deux fins de semaine à dix ordinateurs à faire nos recherches sur le 411.» L’aide de ses fidèles a aussi pris des formes plutôt… inusitées dans le cadre d’une campagne électorale. «J’avais quatre hommes sandwich qui portaient mes pancartes.»
Impressionnés par son jeune âge et sa motivation, plusieurs lui ont également donné un coup de pouce pour ses démarches. Son site web a été fait gratuitement par une amie et un imprimeur lui a offert ses pancartes à un bon prix. Pour 30$, un centre communautaire lui a également loué une salle pour un spectacle sur l’implication des jeunes en politique.
Ayant investit lui-même 1000$ dans sa campagne, il fut soulagé d’avoir atteint au moins les 15% de voix. «Au dessus de ce pourcentage, la loi électorale permet de récupérer l’argent que tu as investi dans ta campagne. Heureusement, parce que c’était un véritable pari que j’ai pris.»
Les dessous des élections
«J’avais un speech de deux minutes et il fallait qu’après quatre minutes je sois parti, sinon je n’avais pas le temps de voir tout le monde.» Une véritable course contre la montre qui lui a laissé un goût parfois amer. «Certains te disent que le vote ne change rien, qu’ils s’en foutent. Et ce qui est plate, c’est que je ne pouvais pas rester pour leur expliquer. Les élections municipales, c’est une campagne de visibilité. En fait, si tu as une bonne plateforme, que tu es prêt à faire du porte à porte et que les gens du coin te connaissent, tu peux te présenter n’importe où au Québec.»
Autre déconvenue, Julien a aussi fait les affres d’une concurrence pas toujours loyale de la part d’un de ses rivaux. «On l’a vu déchirer nos pamphlets et retirer nos pancartes!»
Bien que les élections soient désormais passées, pour l’étudiant, rien n’est terminé. «Pour l’instant, ma job ça va être de talonner ce gars là [le conseil sortant qui a été réélu], indique, l’air déterminé Julien Je vais aller aux séances municipales et je vais poser des questions.» Et quand on lui demande s’il compte se présenter au prochain scrutin il répond, l’air un peu évasif, mais tout aussi sûr de lui : «Il ne faut jamais dire jamais…»
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