Politicien sur deux roues

Michel Labrecque, président de la STM

Photo Jean-François Hamelin

La Route verte, le Tour de l’île, le Festival Montréal en lumière: Michel Labrecque a laissé sa trace un peu partout à Montréal. Le mordu de vélo devra désormais se mettre au métro, car il est maintenant à la tête de la STM.

 

Rares sont les politiciens qui utilisent le transport en commun. Encore plus rares sont ceux qui, comme Michel Labrecque, n’ont même jamais eu de permis de conduire. Conseiller municipal du district du Mile-End, dans l’arrondissement du Plateau Mont-Royal, cette carte en moins dans son porte-monnaie s’avère dorénavant un atout, lui qui a été nommé en mars dernier président de la Société de transport de Montréal (STM).

 

Après plusieurs années passées à Vélo-Québec et au Festival Montréal en Lumières, Michel Labrecque a été élu pour la première fois en 2005 sous la bannière d’Union Montréal. Un passage qui est toutefois loin de l’avoir transformé en animal politique. Un cola à la main, l’élu peut parler longuement des avantages cyclistes des villes danoises ou du retard nord-américain en matière de Trains à grande vitesse (TGV). Mais lorsqu’il est interrogé sur le bilan de son premier mandat, ses paroles se tarissent soudainement. «C’est très près de ce que je pensais que c’était, se contente-t-il de dire. J’entretenais peu d’illusions, donc je n’ai pas pu en perdre.»

Sa langue se délie toutefois lorsqu’il est question du transport en commun, qu’il devra maintenant superviser. Le Montréalais est persuadé du rôle central que peuvent jouer le métro et l’autobus. «Le développement économique des villes va passer par les transports collectifs», affirme-t-il avec assurance. Une situation qui s’avère particulièrement vraie pour la Belle Province. «L’automobile n’est pas un bon choix pour le Québec. On n’a pas de pétrole, on ne fabrique pas d’autos.»

Quand le maire Gérald Tremblay l’a appelé un dimanche pour lui offrir le poste de président de la STM, l’hésitation a été très courte. «Je lui ai posé quelques questions, raconte Michel Labrecque, puis j’ai tout de suite dit oui.» Le milieu environnemental a réagi très favorablement à sa nomination. Équiterre l’a notamment qualifié de «personne toute désignée pour le poste».

Malgré ces éloges et son style atypique, Michel Labrecque insiste sur le fait qu’il ne compte pas apporter de grands changements au système montréalais, lui qui est solidaire des décisions passées de l’administration Tremblay. Une amélioration qui lui tient toutefois à cœur est celle de l’information fournie par la STM. Adepte de son Blackberry et de son iPhone, il souhaite mettre la technologie au service des utilisateurs. «On devrait pouvoir savoir par SMS si l’autobus qu’on prend est en retard ou en avance.»

Pour pouvoir enfiler les souliers de dirigeant de la STM, il a dû se détacher du Festival Montréal en lumières, une institution qu’il dirigeait depuis 1998. Après dix ans, il se réjouit de la direction qu’a prise le festival. «C’est un événement de nature différente, parce qu’on ne contrôle pas 100% de la programmation. Il faut coordonner l’action de près de 300 collaborateurs différents. Il y avait des sceptiques au début, mais maintenant, ça anime l’hiver.»

Vélo et politique
Tout est une question de transport chez Michel Labrecque, même son entrée en politique. Il s’est présenté sous la bannière Union Montréal pour la première fois en 2005, avec l’objectif principal de développer sur le Plateau un Plan de déplacement urbain (PDU), une formule française qui vise à redéfinir la place des différents modes de transport et à optimiser le partage de la voie publique. Nombre de stationnements pour vélos doublé, vitesse réduite à 30 km/h dans les rues locales, aménagement de rues piétonnes: le plan sur quinze ans déposé plus tôt cette année par Michel Labrecque a comme objectif clair de diminuer les déplacements automobiles dans ce quartier, où seulement 35% de la population l’utilise régulièrement. «Présentement, 7% des habitants du quartier se déplacent à vélo, clame fièrement le conseiller municipal. C’est le taux le plus élevé en Amérique du Nord, mais on veut quand même l’augmenter à 10%.»

Une situation qui a de quoi le ravir, lui qui a longtemps œuvré dans le milieu cycliste. Lors de son passage à Vélo-Québec, il a notamment contribué à la mise en place de la Route verte, de la Maison des cyclistes et du Tour de l’île. Il se réjouit aujourd’hui de voir le rôle que joue le cyclisme dans les déplacements des Québécois. «On était un mouvement très organisé, se plait-il à raconter. On devait convaincre les autorités que le vélo n’était pas seulement un jouet. Maintenant que les pistes sont pleines, on peut leur dire: vous voyez bien que si on construit les aménagements les gens vont le prendre.»

S’il reconnaît les avantages environnementaux évidents de la bicyclette, c’est cependant loin d’être l’huile qui nourrit sa flamme pour le cyclisme. «Je ne pédale pas pour sauver la planète, je pédale parce que c’est plus rapide et plus efficace.»

Plus rapide et plus efficace: reste à voir si la STM pourra être qualifiée ainsi après le passage de Michel Labrecque à sa tête.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *