Julien Durand-Guay et Jérôme Cotte, échassiers
Faire le tour de la Belle Province en échasses pour échanger avec la population sur le rôle de l’éducation, voilà le projet des Échassiers, deux Uqamiens qui revendiquent fort et surtout, de haut!
Julien Durand-Guay et Jérôme Cotte sont deux énergumènes qui sautent dans la vie à pieds joints. Pour eux, tout est sujet à découvrir un peu plus, à apprendre autrement. Ces deux jeunes étudiants en communication politique et société carburent aux projets et aux défis. Leur dernière idée: faire le tour du Québec en échasses pour mettre l’éducation sur un piédestal.
Dès la session terminée, Julien et Jérôme s’armeront de leurs échasses pour traverser quelque 90 villes et villages québécois en quatre mois. C’est près de 2000 kilomètres que les Échassiers parcourront au nom de l’éducation au Québec. «En premier, on désirait vivre une aventure, puis on s’est dit qu’on pourrait lier ça à une cause. Plein de monde font des voyages d’endurance liés au cancer du sein ou à une fondation. Nous, ce qui nous rejoint le plus, c’est l’éducation.»
Questionnés sur les valeurs qu’ils défendent, les Échassiers délient leurs langues et leurs idées s’entremêlent: éviter un certain modèle social, réflexion intérieure, atteindre l’équilibre, le rôle de l’Université… «L’éducation, c’est quelque chose qui pourra nous animer assez pour faire le voyage jusqu’à la fin, parce que ça prend une bonne motivation pour faire quatre mois de marche!»
Leur périple ne se résumera pas à mettre un pied devant l’autre, puisqu’ils animeront des ateliers de conversation sur le rôle de l’éducation dans la société. Ils veulent favoriser les échanges en suivant l’approche de Theodore Zeldin, professeur à Oxford et inspiration des Échassiers. Ce théoricien prône davantage la conversation que le débat d’idées, l’enrichissement intellectuel plutôt que l’argumentation. «On va poser des questions sur l’éducation et les gens vont échanger entre eux sur le sujet», explique Julien Durand-Guay.
Leur but n’est pas de moraliser leurs interlocuteurs. «On n’a pas envie de coloniser. Il y a beaucoup de cela dans le mouvement étudiant qui ne me rejoint pas, des gens qui disent “tu es exploité et je vais t’expliquer pourquoi. Toi tu connais rien, mais moi j’ai étudié, alors je le sais”. Je ne veux pas mouler la conscience des gens à ma façon de penser», souligne avec sérieux Jérôme Cotte.
Ce que déplorent les deux uqamiens dans le système d’éducation actuel, c’est le cadre dans lequel les étudiants doivent se conformer pour atteindre un statut. «L’université, c’est comme un préambule à une carrière. L’éducation est un passage obligatoire pour avoir un diplôme, mais la vie commence avant l’université et se continue après! Le capitalisme forme notre société en ce moment et ça ne me rejoint pas.» D’un hochement de tête, Julien approuve et relance. «Je n’ai nullement perdu confiance dans les individus. J’ai perdu confiance dans le système. Il faut revaloriser une dimension interieure.»
Pelleteux de nuage?
Jérôme et Julien se ressemblent beaucoup. Même attitude joviale, même bouille souriante, mêmes yeux pétillants. En plus de compléter les phrases de l’un et l’autre, les deux amis partagent les mêmes idées. On pourrait croire qu’ils se connaissent depuis l’âge des couches, mais c’est à l’université qu’il se sont rencontrés. «Quand j’ai vu Jérôme entrer dans la classe, je ne sais pas pourquoi, mais je me suis dit qu’on allait être amis», lance en riant Julien. Dès lors, les deux acolytes se sont liés d’amitié et ont enchaîné les projets communs.
Rapidement, ils ont découvert qu’ils partageaient les mêmes affinités politiques, la même volonté de vivre autrement, de sortir du carcan social. Aventuriers, ils ont traversé ensemble les Pyrénées à vélo, ils ont vu l’Espagne et le Maroc. Anticonformistes, Julien et Jérôme ont participé à plusieurs manifestations, autant pour le retrait du Canada de l’Afghanistan que pour protester contre la hausse des frais de scolarité. «L’important, c’est de passer à l’acte», disent-ils. Et ils ont trouvé en chacun d’eux un allié pour aller au front.
Sur leur site Internet, les Échassiers se décrivent comme des philosophes de salon à shisha. Selon Jérôme Cotte, une partie importante du militantisme est de réfléchir avant d’agir. «Ça peut avoir l’air péjoratif quand tu parles de pelletage de nuages, mais quand tu dis pelleter, j’ai toujours l’image du gars qui pellette. C’est quand même un ouvrier, quelqu’un qui travaille et qui passe à l’acte.»
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