Un monstre dans mon lit!

Problème de punaises dans les résidences universitaires

De nombreuses résidences universitaires québécoises, dont celles de l’UQAM, sont aujourd’hui confrontées à un vieux fléau: la punaise de lit, une petite bestiole qui se nourrit de sang. Dépassées par les événements, les administrations de ces établissements n’arrivent pas à enrayer l’invasion.

 

Karine Pépin a commencé par remarquer les boursouflures sur ses bras, en paquets de trois. «Je me suis dit que ce devait être des allergies, ou de l’urticaire.» Puis, des petites tâches de sang sont apparues dans ses draps. Finalement, une bestiole brunâtre d’environ quatre millimètres s’est pointé le nez en plein jour et elle a eu la confirmation: des punaises de lit avaient envahi sa chambre des résidences de l’Université de Sherbrooke.

 

Karine n’est pas la seule dans cette situation. Depuis quelques années, les cas de punaises de lit ont explosé dans la province: les experts en extermination contactés par Montréal Campus s’entendent pour dire qu’il y a présentement une hausse spectaculaire des infestations. En 2008, 811 interventions pour chasser ces indésirables ont eu lieu dans des logements de l’Office municipal de l’habitation de Montréal, une augmentation de 370% par rapport à 2006.

Malheureusement pour les universitaires, les résidences étudiantes sont particulièrement à risque. Les exterminateurs ont dû intervenir trois fois dans les résidences de l’UQAM durant la dernière année, et l’Université Laval et l’Université McGill ont également été touchées. «Les punaises peuvent être transportées d’un endroit à un autre, explique l’exterminateur Michel Grenier. Comme les résidences ont un gros roulement, c’est sûr qu’elles sont plus à risque.»

Les punaises envahissent souvent les immeubles en s’abritant dans les draps et les matelas de logements déjà infestés. Une fois à l’intérieur, les insectes se déplacent entre les chambres par les fissures des murs, installant généralement leurs nids dans les matelas, où ils laissent parfois des petites tâches noires, leurs excréments. Si cette présence est détectée, un appel au propriétaire est impératif, tout comme contacter un exterminateur, car les bestioles ne partent pas facilement. Karine Pépin a pu le constater. «Ils ont dû revenir trois fois pour s’en débarrasser et ils ont fermé mon pavillon pour l’été. Maintenant c’est réglé, mais c’est le pavillon voisin qui a des problèmes.»

 La Ville de Montréal pilote présentement une campagne de sensibilisation qui invite les citoyens à faire preuve de vigilance, notamment lors de l’achat de meubles ou de vêtements usagés. «On peut aussi transporter des punaises dans une valise ou un sac à dos, précise le porte-parole de la Ville, François Goneau. Si on va à la buanderie, il suffit de laisser son sac de vêtements ouverts près de celui de quelqu’un d’autre qui a des punaises, et c’est possible de les ramener.»

Leur vitesse de reproduction assure une invasion éclair: en moins de deux mois, les punaises peuvent passer de quelques individus à plusieurs milliers, entraînant dans leur sillage démangeaisons et pertes de sommeil. «J’ai été relativement chanceuse, raconte Karine Pépin. Ma voisine d’en face avait le ventre couvert de piqûres. Elle ne pouvait plus dormir, elle rêvait presque à ça. Elle a fini par déménager.»

 

Prévention difficile

Aucune des résidences universitaires interrogées par Montréal Campus n’avait de plan précis pour éviter la propagation de punaises. «La prévention est difficile, affirme François Goneau. Le mieux est sans doute de sensibiliser les étudiants afin de détecter la présence de punaises le plus rapidement possible.»

Le directeur des résidences de l’UQAM, Karim Khelfaoui, a admis ne pas avoir de stratégie de lutte contre les punaises. «La mesure de prévention, c’est de s’assurer que les lieux sont toujours propres». Une affirmation que réfutent les experts en la matière. «Tu as beau être très propre, ça ne veut rien dire, explique l’exterminateur Pierre St-Louis. J’ai travaillé dans des hôtels avec des suites à 700 dollars la nuitée, tout comme dans des dortoirs d’auberges de jeunesse.» François Goneau abonde dans le même sens: «Ce n’est pas comme une coquerelle, il n’y a pas du tout de lien entre la propreté et la présence de punaises.»

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