Les associations de la table ronde

Nouvelle association étudiante nationale

Cinq associations étudiantes ont claqué la porte de la Fédération étudiante universitaire du Québec depuis six ans. Quatre se réuniront bientôt pour devenir le deuxième plus important regroupement étudiant de la province: la Table de concertation des associations indépendantes.

Des associations étudiantes indépendantes des universités Laval, McGill et de Sherbrooke ont décidé de briser leur solitude. Si leurs membres l’acceptent, elles formeront dès la mi-avril la Table de concertation des associations indépendantes, forte de 70 000 étudiants. Ce groupe serait à mi-chemin entre la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ).

La Table est née d’une initiative du Regroupement des étudiants de maîtrise, de diplôme et de doctorat de l’Université de Sherbrooke (REMDUS). Après s’être désaffiliés de la FEUQ en 2008, ses quelque 5 000 membres ont rapidement senti le besoin de retrouver une voix porteuse au plan national. «Une petite association comme la nôtre a peu de poids lorsqu’elle fait une sortie médiatique seule. Travailler à la création d’un nouveau regroupement était donc conditionnel à la désaffiliation de la FEUQ», explique la présidente du REMDUS, Christelle Lison. Soucieuces d’avoir elles aussi un impact significatif sur le mouvement étudiant, trois autres associations ont choisi de joindre les rangs de la Table de concertation. Parmi celles-ci se trouvent la Confédération des associations d’étudiants et étudiantes de l’Université Laval (CADEUL), l’Association des étudiants et étudiantes de Laval inscrits aux études supérieures, ainsi que la Student Society of McGill University.
L’Association étudiante du secteur des sciences de l’UQAM (AESS), également indépendante, pourrait devenir membre de la Table de concertation dans les prochaines semaines. «Considérant le sous-financement actuel de l’UQAM, il nous apparaît important que notre message se rende jusqu’au oreilles du gouvernement, explique le coordonnateur général de l’AESS, Alexis Laferrière. La Tale nous donnerait une tribune plus efficace.» Une assemblée générale sur une éventuelle affiliation a eu lieu mardi, mais au moment de mettre sous presse, les résultats n’étaient toujours pas connus.
 
 
Objectif: décentralisation
Selon Simon Bérubé, président de la CADEUL, plusieurs associations indépendantes se sont désaffiliées de la FEUQ à cause de l’attitude de la fédération. Dans un mémoire déposé en juillet 2005, la CADEUL critique vivement que «les décisions prises en instance soient toujours influencées par l’exécutif, avant même que les débats aient pris place autour de la table». Le nouveau regroupement compte d’ailleurs se démarquer de la FEUQ par une structure simplifiée. Pas de comité exécutif, mais un conseil d’administration où les associations discuteraient des positions à adopter. «L’objectif est de créer un processus décentralisé ayant un grand respect de la souveraineté locale, affirme Simon Bérubé, président de la CADEUL. Chaque association sera libre d’appuyer ou non les positions proposées. Cependant, on compte sur leur bonne foi pour ne pas enfreindre le processus de concertation.»

Une telle méthode laisse cependant présager de nombreux défis. Les assemblées générales seront plus fréquentes afin de prendre le pouls des membres sur chaque enjeu, et les associations tenteront de continuellement sensibiliser les étudiants sur ceux-ci. Simon Bérubé insiste: «On tient à constamment interpeller les étudiants, et pas seulement en temps de crise, afin de conscientiser nos membres sur le long terme». De nombreux enjeux sont déjà à l’ordre du jour des futures discussions: financement des universités, désuétude de l’aide financière aux études, frais afférents, gouvernance des universités. Le projet de la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, d’augmenter aux deux tiers le nombre de sièges réservés aux membres indépendants dans les conseils d’administration universitaires est en tête des priorités de la future Table de concertation, affirme Christelle Lison.
 
Une troisième voie
Pour le président de la CADEUL, la Table de concertation se présentera comme la troisième voie du mouvement étudiant. «Elle souhaite se positionner à mi-chemin de l’approche coopérative de la FEUQ à l’égard du gouvernement et de l’attitude de confrontation de l’ASSÉ», souligne-t-il. L’arrivée d’un nouveau joueur ne devrait pas fragiliser l’efficacité de la mobilisation étudiante, croit Christelle Lison: «Au contraire, on donne un poids significatif à des milliers d’étudiants qui présentement ne sont représentés sur le plan national que par leur association isolée». D’autant plus que le nouveau regroupement pourra s’asseoir avec la FEUQ et l’ASSÉ pour prendre des positions communes sur des enjeux précis, fait-elle savoir.
L’ASSÉ ne se sent pas menacée par l’apparition d’un nouveau regroupement. «La Table de concertation semble vouloir miser sur la mobilisation, mais on est encore loin du militantisme de l’ASSÉ», souligne leur secrétaire aux communications, Youri Couture. De son côté, la FEUQ hésite à commenter un regroupement qui n’est pas encore reconnu.
Une fois qu’il sera officialisé par ses associations constituantes au printemps, le nouveau regroupement compte travailler à sa reconnaissance gouvernementale pendant l’été. La table sera donc mise pour la ministre de l’Éducation.
 

 

 
 

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