Injustice sur le bulletin

Barèmes de notation universitaires inégaux

Au Québec, les barèmes de notation varient d’une université à l’autre et parfois entre les programmes d’une même institution. Au moment de s’inscrire à la maîtrise, les étudiants sont déboussolés.

 

Photo Elise Martin

Samuel Leduc-Frenette, étudiant au baccalauréat en journalisme à l’UQAM, n’y comprend rien. Pour une même note exprimée pourcentage, la lettre obtenue varie d’une faculté à l’autre. Dans un cours d’histoire, un résultat de 75% lui mériterait un B, alors que dans un cours de communication, il devrait se contenter d’un C. La raison est bien simple: à l’UQAM, le barème de notation n’est pas uniformisé.
Cette situation peut-être désavantageuse pour les étudiants qui désirent poursuivre vers le deuxième cycle. C’est le cas d’Éliane Gagnon, étudiante en sexologie à l’UQAM, qui compte déposer une demande d’admission à la maîtrise en Art Therapy à l’Université Concordia. Elle pourrait se trouver en compétition directe avec des étudiants de psychologie à l’UQAM. Pourtant, si une note de 80 % vaut B en sexologie, un étudiant de psychologie se mérite un A- pour le même résultat. «C’est injuste», commente-t-elle.

Le vice-doyen de la Faculté de communication, Philippe Sohet, est incapable de justifier ces inégalités. «Je ne comprends pas pourquoi des facultés, des programmes et même des cours ont besoin de barèmes différents.» Selon lui, si la barre est placée trop haute, certains étudiants sont pénalisés. Par contre, «si la moyenne d’un cours est d’A, c’est désastreux pour les bons étudiants qui n’arrivent pas à se démarquer», souligne-t-il.

Au cours d’une récente réunion des vice-doyens, la question de l’uniformisation pour l’ensemble de l’Université a été soulevée, mentionne Philippe Sohet. Il rappelle toutefois qu’un barème commun ne serait pas une solution miracle. En effet, le barème n’est qu’un guide qui peut être sujet à négociation entre le professeur et les étudiants au début de la session. «La question n’est pas d’adopter des chiffres, mais de sensibiliser les professeurs à les appliquer de la bonne façon», précise-t-il.
À l’intérieur de la Faculté de communication, un comité de concertation a été mis sur pied pour assouplir le barème de notes. Des représentants du Département de communication sociale et publique, de l’École de langues et de l’École des médias étudient cette possibilité.
 
La cote Z à la rescousse
Malgré l’absence d’un barème uniformisé, les étudiants ne sont pas pénalisés lorsqu’ils demandent une bourse à la Fondation de l’UQAM, puisque la cote Z est employée pour choisir les plus méritants. Plus l’étudiant se démarque de son groupe, plus l’écart avec la moyenne est grand et plus la cote Z augmente. L’utilisation de cet outil d’évaluation permet de départager équitablement les candidats.
Le processus de sélection utilisé par le Département d’histoire de l’UQAM règle également le problème. La directrice des études de cycles supérieurs au Département d’histoire, Fernande Roy, affirme qu’elle revoit à la hausse la note d’un étudiant qui a terminé son baccalauréat dans un domaine où le barème de conversion des notes est plus sévère. «Je porte une attention particulière à ce genre de candidature, surtout si l’étudiant indique à quel pourcentage sa note équivaut dans sa lettre de motivation.»
 
Le diplôme de l’UQAM subit une décote
La différence entre les échelles de notation des différentes universités est aussi une source de confusion pour les étudiants. Certaines universités, dont McGill, utilisent une échelle de 4.0, tandis que l’UQAM fonctionne avec une échelle de 4.3.
L’adjointe au directeur général de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ), Esther Dansereau, confirme qu’il n’existe pas de position commune concernant les échelles de notes des différentes universités: «Les établissements sont autonomes quant au système de notation qu’ils utilisent.»
Cette situation n’est pas véritablement désavantageuse pour les étudiants de l’UQAM. La note inscrite au relevé est convertie et ramenée sur un dénominateur commun. «C’est tout simplement une règle de trois qui est appliquée», explique Bobby Ansari, le responsable aux admissions pour la Faculté des arts à l’Université McGill. Ainsi, un B+ à l’UQAM se transforme en B.
La situation est différente à l’Université de Montréal (UdeM), puisque celle-ci utilise la même échelle que l’UQAM pour produire ses relevés de notes, soit 4.3. Pourtant, la moyenne d’un étudiant de l’UQAM qui soumet sa candidature pour être admis à la maîtrise en histoire à l’UdeM sera abaissée. «Comme la moyenne en histoire à l’UQAM a toujours été un peu plus élevée dans les années passées, nous abaissons le résultat d’environ 0.2», explique Carl Bouchard, professeur au Département d’histoire de l’UdeM et responsable des admissions au deuxième cycle. Celui-ci se base sur les statistiques du Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture pour obtenir les moyennes des années précédentes dans différents établissements et établir une grille de conversion. Toutes les facultés de l’UdeM ne procèdent pas de cette façon pour évaluer les candidatures. Les étudiants doivent donc s’informer avant de soumettre leurs demandes d’admission au deuxième cycle pour connaître leurs chances d’êtres acceptés.

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