L’UQAM accroît sa sécurité après les faux attentats de décembre
Les 11 et 12 décembre dernier, l’UQAM a vécu au rythme des interventions d’urgence. Même si les détonations entendues, l’appel à la bombe et les objets suspects trouvés au sein de l’Université laissent présager un canular, l’UQAM réévalue son système de sécurité.
Des pétards, des balles de calibre 22 et deux couteaux sont trouvés dans le pavillon de l’Éducation vers 14 heures le jeudi 11 décembre. Un colis contenant une minuterie et du filage est déposé près d’un lavabo des toilettes de l’Université le lendemain matin et un appel à la bombe est reçu d’une boîte téléphonique publique vers 23 h. Malgré le dérangement, les canulars auront au moins permis à l’UQAM de revoir ses tactiques d’intervention.
Les évènements imprévus ont «permis de tester en temps réel le système de sécurité de l’UQAM», mentionne le directeur de la prévention et sécurité, Alain Gingras. Son équipe d’une quinzaine de personnes a ainsi pu appliquer les procédures d’urgence prévues dans de tels cas. Après la réception d’un message confus disant qu’il y avait des coups de feu, des douilles et des armes blanches au niveau métro, les policiers ont été appelés. Ils ont installé un périmètre de sécurité. Des messages ont ensuite été diffusés en boucle dans les pavillons N, W et A, disant aux gens qu’ils étaient confinés dans les locaux où ils se trouvaient.
Les deux minutes qui tuent
L’UQAM tire des leçons de ces évènements et avoue qu’il y a des améliorations à apporter à l’intervention de la sécurité, notamment quant au temps de réaction du service. Deux à cinq minutes se sont écoulées le 11 décembre entre le moment où des pétards, dont le son ressemble à des coups de feu, ont été entendus dans l’ascenseur du pavillon Thérèse-Casgrain et l’arrivée des policiers. «Deux minutes, c’est suffisant à un tueur pour faire du mal», explique Alain Gingras. Toutefois, selon l’agent à l’entretien qui a alerté la sécurité lors de la découverte du sac, Pierre Luxon, quelqu’un avant lui avait déjà appelé les agents, mais sans être pris au sérieux, ce que dément le service de prévention et sécurité.
Les policiers ont ensuite eu des difficultés à se repérer dans l’Université, ne connaissant pas les bâtiments. D’autre part, les messages d’information ont été diffusés uniquement dans les pavillons concernés, ce qui a déplu à de nombreux individus présents dans l’UQAM. Virginie Bouchard, étudiante en journalisme, était au laboratoire informatique du pavillon Judith-Jasmin lorsque les pétards ont été entendus. «Au début on ne savait rien, puis les techniciens du laboratoire ont allumé Radio-Canada et les gens ont reçu des appels sur leurs cellulaires. L’Université ne nous a jamais dit ce qui se passait. On ne savait même pas où ça se passait, si c’était proche ou loin.» Alain Gingras admet que l’Université a volontairement masqué le déroulement des évènements aux personnes des autres bâtiments pour éviter d’affoler les gens. «Le service de la prévention et sécurité réétudie cette façon de faire.»
Renfort espéré du gouvernement
L’Université veut profiter de ces faux attentats pour renouveler ses demandes de financement en matière de sécurité au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS). L’UQAM ajoute de nouvelles requêtes à une demande de 1,3 million de dollars au MELS, demeurée sans réponse depuis l’automne dernier. L’établissement souhaite dans un premier temps perfectionner son réseau de surveillance, qui compte actuellement une centaine de caméras. La direction veut également être en mesure de diffuser, à partir d’un point central, un message à tous les pavillons de l’UQAM, mettre en place un serveur pour envoyer des messages d’urgence sur les ordinateurs et installer des écrans pour diffuser ces messages. Le budget de la nouvelle requête se chiffre à 100 000 dollars par pavillon. Si le ministère accède à sa demande, les installations seront mises en place en mai, espère Alain Gingras.
En plus de ces nouveaux équipements, l’Université souhaite offrir des formations aux professeurs, qui sont les premiers à devoir réagir en cas de tuerie ou d’incendie. L’UQAM veut de plus afficher les consignes générales de sécurité dans les espaces publicitaires de Montréal Campus ou à côté des tableaux dans les salles de cours. L’embauche de trois agents de sécurité supplémentaires est également prévue.
Pour permettre aux policiers de mieux se repérer dans l’Université, le service de sécurité veut leur fournir des sacs à dos contenant des ordinateurs portables, un plan du campus avec les adresses des pavillons, les numéros de téléphone d’urgence et des émetteurs-récepteurs portatifs. Enfin, des formations de reconnaissance sur le terrain seront mises en place au début du mois de janvier.
Une enquête qui donne du fil à retordre
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) refuse de divulguer les développements de son enquête. Ses agents tentent toujours de savoir s’il y a un lien entre le sac retrouvé le jeudi après-midi et le colis déposé le lendemain dans les toilettes de l’UQAM. Le SPVM étudie également l’alerte à la bombe faite par téléphone, les films enregistrés par les caméras de surveillance, ainsi que les résidus du filage et de la minuterie que contenait le colis. L’enquête devrait permettre de déterminer s’il était réellement explosif.
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) refuse de divulguer les développements de son enquête. Ses agents tentent toujours de savoir s’il y a un lien entre le sac retrouvé le jeudi après-midi et le colis déposé le lendemain dans les toilettes de l’UQAM. Le SPVM étudie également l’alerte à la bombe faite par téléphone, les films enregistrés par les caméras de surveillance, ainsi que les résidus du filage et de la minuterie que contenait le colis. L’enquête devrait permettre de déterminer s’il était réellement explosif.
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