S’en mettre plein les poches ou vider celles des autres

L’ancien ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSSQ) et associé du fonds d’investissement en santé Persistance Capital Partners, Philippe Couillard, a fait surface dans l’actualité à deux reprises au cours de la dernière semaine. Alors que le Commissaire au lobbyisme du Québec ouvre une enquête sur les agissements du docteur Couillard lors de ses derniers mois en poste au MSSSQ, l’Université McGill annonçait avoir créé un poste exprès pour l’ex-ministre, qui devient le conseiller principal de l’établissement en matière de droit de la santé.

 

Cette nomination s’inscrit dans le déni des règles élémentaires d’éthique qui aura marqué la fin de la carrière politique du principal intéressé. L’Université McGill ne pouvait pas savoir qu’une enquête allait être déclenchée à propos des magouilles probables ayant entouré le passage de Philippe Couillard de responsable du système de santé québécois à membre d’une société qui vise à le brader dans l’intérêt de quelques-uns. Mais le fait que l’institution d’enseignement la plus prestigieuse du Canada n’hésite pas à s’associer avec un personnage aussi controversé ne peut que désoler les citoyens qui croient encore au service public désintéressé et aux nobles principes dont se réclament les élus des différents paliers de gouvernements au pays.

D’ailleurs, à propos des autres niveaux de gouvernement, l’embauche de l’ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Frank Zampino, par la firme de génie qui vient de décrocher le plus important contrat en sous-traitance de l’histoire de la municipalité, Dessau, est aussi scandaleux et désolant. Comme dans le cas de Philippe Couillard, les anciens collègues de Frank Zampino à l’Hôtel de ville et dans le parti politique au sein duquel il œuvrait n’ont rien trouvé à redire. Peut-être qu’ils souhaitent se ménager des portes de sortie pour leur propres carrières après la politique, peut-être qu’ils ne voient rien de répréhensible à ce type de débauche d’élu aux relents de corruption, peut-être enfin que cette façon de mener une carrière «publique-privée» est définitivement entrée dans les mœurs et n’indigne plus qui que ce soit. Les seuls à s’en plaindre seront dorénavant les adversaires provenant des autres formations politiques, et ce, pour des raisons strictement partisanes et électoralistes.

De l’autre côté de la rivière des Outaouais

Le décès de Jean Pelletier, chef de cabinet de Jean Chrétien durant l’ensemble de la période au cours de laquelle a été mis en œuvre l’infâme programme des commandites, est venu rappeler cette semaine encore que la corruption gangrène l’ensemble des structures du système politique canadien à des degrés divers. Si la responsabilité de Jean Pelletier dans le système de ristournes du budget fédéral aux coffres du Parti libéral du Canada n’est pas établie avec certitude, tout porte à croire que la magouille était téléguidée du bureau de l’ancien premier ministre Jean Chrétien.

Un ex-premier ministre parfois regretté, contre toute attente, par l’auteur de ces lignes en constatant les mensonges, l’arrogance et les magouilles du «Nouveau gouvernement du Canada». Au lieu de simplement s’en mettre plein les poches ou de se préparer une deuxième carrière lucrative dans une entreprise liée à ses fonctions publiques, à l’instar de Guy Chevrette ou de Pierre Corbeil, Stephen Harper transforme radicalement les fondements même du pays afin de satisfaire ses ambitions idéologiques rétrogrades et servir des intérêts économiques particuliers et minoritaires.     

 
Lors de leur arrivée au pouvoir en 2006, les conservateurs ont hérité d’un appareil d’État dont la richesse faisait l’envie de l’ensemble des pays développés. Le Canada était plus qu’à l’aise financièrement, tout en offrant une large gamme de services sociaux et économiques à ses citoyens. Il y avait une foule de choses à améliorer, bien sûr, mais justement, les bases étaient solides et il y avait lieu de penser en matière d’amélioration, non de catastrophe et de sauvetage des meubles comme c’est dorénavant le cas. Stephen Harper a rapidement transformé le gouvernement de ce pays en canard boiteux à l’envergure politique minuscule. Il l’a amputé de ses moyens jusqu’à en faire un gouvernement qui crée des déficits sans même parvenir à fournir des services convenables à ses citoyens, comme celui des États-Unis dirigés par les républicains. Ces derniers seront remplacés la semaine prochaine. Espérons que les Canadiens puissent faire la même chose au cours des semaines suivantes.

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