Pas d’évaluation cet automne

Pour la première fois depuis des années, les Uqamiens n’évalueront pas leurs enseignants à la fin de la session. Le Syndicat des professeurs et professeures de l’UQAM (SPUQ) et le Syndicat des chargés-es de cours de l’UQAM (SCCUQ) se sont tous deux opposés à l’exercice semestriel, car celui-ci allait se dérouler sur le Web et non sur le traditionnel papier à cocher.

Si le SCCUQ et le SPUQ se plaignent – à juste titre – que l’UQAM aurait dû les consulter avant de changer le mode de consultation, les autres arguments invoqués par les syndicats sont plus contestables. Selon le directeur du bureau de l’enseignement et des programmes, André Burret, ils craignent notamment que les étudiants soient moins rigoureux dans leur évaluation et auraient souhaité que la nouvelle méthode soit testée sur un petit groupe avant d’être implantée à l’ensemble de l’Université.

Pourtant, avec l’évaluation en ligne, seul le mode de consultation aurait changé tandis que les questions seraient demeurées exactement les mêmes. Dans ce contexte, difficile de comprendre pourquoi les étudiants bâcleraient leur tâche davantage sur Internet que sur papier, d’autant plus que le processus est anonyme dans les deux cas.

Le seul risque véritable pointé par les syndicats aurait été une baisse du taux de participation. L’UQAM en était consciente et estimait que 30 à 40% des étudiants feraient leur devoir en sur le Web. Le SCCUQ et le SPUQ, au lieu d’offrir leur aide pour encourager les Uqamiens à remplir le questionnaire, ont préféré mettre des bâtons dans les roues de l’Université.

Afin d’éviter la controverse, l’UQAM a préféré reporter l’implantation de l’évaluation en ligne à la session d’hiver. Le hic, c’est qu’avant de consulter les syndicats, l’Université a affirmé aux facultés et départements – qui coordonnent habituellement l’évaluation – que la consultation se ferait sur le Web dès cet automne. Le papier à lecteur optique nécessaire pour recueillir les commentaires des étudiants n’a donc pas été commandé. «C’est un processus très lourd et il est trop tard pour se retourner», affirme André Burret. Résultat: pas d’évaluation des enseignants cet automne.

Échec pour tous

Sans consultation anonyme, peu d’étudiants oseront communiquer avec leurs professeurs pour pointer leurs points forts et leurs points faibles. Ce silence ne favorisera ni les étudiants, qui sont en droit de signifier leur appréciation de l’enseignement reçu, ni les professeurs, qui seront privés d’un outil de perfectionnement professionnel précieux.
L’absence d’évaluation aura également des conséquences sur la carrière du personnel enseignant de l’UQAM. Selon André Burret, les nouveaux chargés de cours qui souhaitent obtenir une plus grande tâche d’enseignement et les professeurs qui demandent leur permanence risquent de voir leurs démarches retardées d’une session. «Contrairement à ce que plusieurs pensent, les évaluations des étudiants ont un impact, particulièrement dans ces cas-là.» Les contrecoups seront toutefois moindres dans les – rares – cas d’incompétence, puisque les mauvais commentaires doivent s’accumuler pour que des mesures correctionnelles soient appliquées.

Le plus frustrant demeure que cette situation aurait facilement pu être évitée. L’UQAM travaille depuis trois ans à l’implantation de l’évaluation en ligne. Trois longues années pendant lesquelles les différends avec les syndicats auraient été réglés si l’Université n’avait pas attendu à la dernière minute – cet automne – pour annoncer sa décision.
Si le SPUQ et le SCCUQ sont bel et bien en droit de se plaindre, ils auraient très bien pu faire preuve de plus de flexibilité envers l’UQAM. D’autant plus que les plus grands perdants demeurent leurs propres membres.

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