Moins de coupures, plus d’argent

Revendications électorales du milieu universitaire

En ce début de campagne électorale provinciale, un consensus règne au sein des associations étudiantes nationales et des syndicats de l’UQAM: les chefs de parti doivent faire de l’éducation une priorité et mettre en œuvre les moyens nécessaires pour que le Québec soit la société du savoir qu’elle prétend être.

«Pour avoir un Québec gagnant, qui se donne le pouvoir ou qui met l’économie d’abord, il faut maximiser l’accès au savoir. Nous avons besoin de diplômés et c’est en misant sur l’éducation que nous sortirons tous gagnants», a lancé le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), David Paradis, lors de la conférence de presse qui dévoilait les revendications de son organisation pour la campagne électorale provinciale, le 9 novembre dernier.

 

L’une des principales demandes de la FEUQ est la bonification du système de prêts et bourses. «Au moment où le gouvernement annonçait un dégel des frais de scolarité, la ministre de l’Éducation reconnaissait qu’il y avait encore un manque à gagner de 71 millions de dollars dans l’aide financière aux études, rappelle David Paradis. Ce dégel empêchera de 6 000 à 13 000 étudiants potentiels d’entreprendre des études universitaires. Le régime d’aide financière doit être solidifié.»

Pour le président du Syndicat des chargés-es de cours de l’UQAM, Guy Dufresne, la situation est encore plus urgente. «L’enseignement supérieur souffre d’un sous-financement chronique, dit-il. Même si le paquebot qu’est l’UQAM est sorti du gouffre financier et vogue sur des eaux plus calmes, il n’y a pas plus de nourriture pour ceux qui sont à bord. Il faut que le gouvernement arrête de s’entêter à investir dans le béton et qu’il investisse dans le savoir.»

 

Publicité choc

En entrevue avec Montréal Campus, le président du Syndicat des employés de l’UQAM (SEUQAM), Roland Côté, a dit craindre l’élection d’un gouvernement qui n’a pas l’éducation à cœur. Selon lui, le nombre d’employés de soutien n’a pas augmenté depuis 15 ans, mais davantage d’étudiants fréquentent l’UQAM. «Cela provoque des changements négatifs dans la qualité de vie de ceux qui fréquentent l’établissement.» Si le prochain gouvernement n’investit pas dans l’éducation postsecondaire, il croit que «les services administratifs pourraient être touchés eux aussi et que toute l’Université traînerait de la patte».

Afin de faire entendre ses craintes, le SEUQAM a lancé au début du mois de novembre une publicité radiophonique choc qui s’adresse au premier ministre du Québec, Jean Charest. «On n’est pas coupables. Pourquoi forcer l’UQAM à couper nos emplois? […] Nous, les employés de soutien de l’UQAM, avons déjà sacrifié beaucoup pour aider l’Université. Notre effectif est au minimum vital», dit l’annonce audio.

Par hasard, la campagne publicitaire du SEUQAM a coïncidé avec le déclenchement des élections provinciales. «Tant mieux, lance Roland Côté. Il faut être capable d’en parler et de régler le problème. On ne peut faire plus avec moins, surtout qu’Ottawa a annoncé une diminution des surplus budgétaires pour l’éducation. La cage se devait d’être brassée.»

Interpeller les partis

Dans le but d’aider ses 160 000 membres à faire un choix éclairé lors du scrutin du 8 décembre prochain, la FEUQ, en collaboration avec la Fédération étudiante collégiale du Québec, a envoyé un questionnaire aux principaux partis politiques afin de recueillir leurs positions sur les différents dossiers d’actualité, dont l’éducation et la santé. «Plusieurs jeunes ne se sentent pas interpellés par les politiciens, dit David Paradis. À la lecture des réponses, ils pourront se faire une meilleure idée des plateformes électorales. C’est aussi un moyen pour nous de revenir sur les propos des chefs de parti une fois l’élection terminée. S’ils ne suivent pas la ligne de pensée qu’ils avaient écrite dans notre questionnaire, nous serons là pour le leur rappeler.»

À l’instar de la FEUQ, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) souhaite aussi aider ses adhérents dans leur réflexion politique. «Nous n’allons jamais appeler nos membres à voter pour un parti, mais nous allons éclairer leurs idées, dit le secrétaire aux relations internes, Eloï Bureau. Actuellement, les chefs ont du chemin à faire pour gagner les votes des étudiants.»

Bien que l’ASSÉ n’ait toujours pas formulé de demandes précises aux partis politiques, elle attend des prises de positions claires des chefs des trois grandes formations. «Ils tiennent des discours dans lesquels ils réfutent les idées des autres partis, mais ils ne présentent pas de projets clairs. Lorsqu’ils se seront prononcés, nous pourrons confronter leurs propos, faire la promotion de nos idéaux et défendre les droits de nos 40 000 membres qui sont aussi des citoyens du Québec. C’est dans cette vision, et dans leurs intérêts, que nous envisageons cette campagne.»

Avenir

Pour les associations étudiantes et les syndicats d’employés de l’UQAM consultés, l’élection du prochain gouvernement québécois décidera de l’avenir de l’Université et de la qualité de l’éducation qu’elle offrira. «La ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Michelle Courchesne, a demandé à l’UQAM d’équilibrer son budget et l’administration a dû couper où elle le pouvait, déplore Roland Côté. Quarante employés ont été licenciés au début de l’été et nous craignons que 70 autres le soient bientôt. Tout le monde écope. C’est triste pour ces employés et leur famille, mais aussi pour les étudiants et les professeurs qui auront des services moins rapides et une vie universitaire moins agréable.»

À long terme, Roland Côté, qui fréquente l’UQAM depuis 1978, d’abord comme étudiant, puis comme travailleur, craint que cette baisse de qualité ne nuise à l’institution. «Pendant combien d’années des postes seront-ils coupés et durant combien de sessions les étudiants paieront-ils des frais afférents haussés? Nul ne le sait. On espère seulement que le nombre d’étudiants ne baissera pas à cause d’une mauvaise réputation qui pourrait être attribuée à l’Université. Ce qui est certain, c’est qu’il faut investir massivement et arrêter les coupures. On se dit une société du savoir, prouvons-le.»

* Le Syndicat des professeurs de l’UQAM n’a pas répondu aux demandes d’entrevue de Montréal Campus.

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