Bibi et Geneviève: 20 ans déjà

Photo Marie-Dominique Asselin

 

Bibi Z99944X est ici! Après avoir atterri dans le salon de Geneviève et de celui de milliers de Québécois il y a 20 ans, Bibi débarque sur les tablettes des clubs vidéo. L’intégrale de la première saison est maintenant disponible aux nostalgiques de l’extra-terrestre aux cheveux verts. Montréal Campus a rencontré Michel Ledoux et Sophie Dansereau, le Milzédien et la Terrienne qui ont marqué toute une génération.


«Je suis à la recherche des artistes qui interprétaient Bibi et Geneviève. Est-ce que vous auriez leurs numéros?» Dans la quarantaine, la relationniste de l’Union des artistes (UDA) ne le cache pas, la requête la fait rigoler. «Et bien oui! Ils sont encore membres», lance-t-elle, triomphante.

 

Geneviève, c’est Sophie Dansereau. À la voir débarquer de sa voiture familiale, les raisons de son absence télévisuelle et théâtrale surgissent peu à peu. «Déjà à trois enfants, on commence à faire peur aux producteurs. À cinq, on est presque un monstre», lance-t-elle, mi-figue, mi-raisin.

Un monstre pas très monstrueux. Même si le temps a laissé sa trace sur le visage de la comédienne, le regard bienveillant de celle qui expliquait les choses de la vie au Milzédien n’a pas changé, surtout lorsqu’elle parle de ses cinq merveilles, quatre filles et un garçon, âgés entre neuf et vingt ans. «Mes trois premières filles sont nées à l’époque de Bibi et Geneviève. La plus vieille, qui a grandi avec Bibi, était très jalouse du personnage. Elle ne comprenait pas l’intérêt des autres enfants de la garderie pour moi quand j’allais la chercher. Ma quatrième, elle, est très fière. Elle a même fait un exposé oral sur moi dans son cours d’anglais.»

Même si l’artiste de 46 ans demeure membre de l’UDA, elle avoue ne plus être très active dans le milieu. «Quitter Bibi, ça été un deuil profondément douloureux. J’ai connu un gros creux de carrière. J’étais très associée au rôle de Geneviève. Dans mon esprit, ma carrière était lancée. J’étais sollicitée et j’ai eu la naïveté de croire que ça durerait. Mais je n’ai ni amertume, ni regrets.»

Au centre de l’émission depuis 1988, Sophie Dansereau quitte le bateau en 1994, ses conditions de travail étant devenues trop exigeantes et sa relation avec le producteur, houleuse. «C’est un escroc de grand chemin. J’étais sa création et on aurait dit que je ne pouvais pas avoir de vie en dehors de Bibi. Les contrats étaient mal négociés avec les comédiens, et j’avais de plus en plus l’impression de faire Geneviève pour ses intérêts au lieu de ceux des enfants.» Diffusée dans 54 pays jusqu’en 2001, l’émission poursuit sa lancée sans Geneviève. Les anciens épisodes sont rediffusés. Seuls les blocs concours sont mis à jour.

Après un détour de deux ans en périnatalité comme accompagnatrice à la naissance, la comédienne revient à ses premières amours. «Avec quatre enfants et un cinquième en route, c’était difficile d’être toujours sur appel. Et le théâtre me manquait.»

Elle retourne donc à l’université, compléter un baccalauréat en enseignement. «J’avais 40 ans. Ça n’a pas été évident. Et ça faisait drôle de se retrouver avec des jeunes qui avaient été mon public. Mais ça m’a permis de mieux accorder ma vie familiale avec ma vie professionnelle.»

Maintenant enseignante en art dramatique, la femme se passionne pour les projets qu’elle prépare pour ses groupes du primaire et du secondaire, même si elle doit souvent faire avec les moyens du bord. «Il faut tout créer. On travaille souvent dans des conditions épouvantables, mais ça vaut la peine.»


Bibi s’ennuie de Geneviève

«Sophie, ça a été ma plus grande amie dans les années où on a tourné Bibi et Geneviève. Elle fait partie de l’album souvenir le plus marquant de ma vie», se rappelle Michel Ledoux, alias Bibi. La voix grave du marionnettiste, nouvellement quinquagénaire, est difficile à reconnaître. Ce dernier ne se fait cependant pas prier pour reprendre les intonations milzédiennes. «On me demande tout le temps de le faire», lance-t-il en riant. Il faut dire qu’il y avait beaucoup du comédien dans le personnage. «Bibi, c’était mon enfance. Un Bibi fâché ou triste, c’était un Michel de 10 ans fâché ou triste.»

Pour lui, l’aventure Bibi et Geneviève s’est terminée en 2001, avec la fin des blocs concours et de l’émission Bibi et Zoé, une émission pour adolescents, diffusée en Ontario, mettant notamment en vedette Christian Bégin. Seul marionnettiste parlant pendant plusieurs années, Michel Ledoux a prêté sa voix et ses mains à de nombreux personnages. «Seulement pendant Bibi et Geneviève, je travaillais sur quatre concepts et six personnages en même temps.» Salut Martin, la grand-mère Graziella dans La maison de Wimzi, certains personnages épisodiques de Pacha et les chats et Les aventures du pirate Mad Dog: ils étaient tous interprétés par Michel Ledoux. Très prisé dans le secteur jeunesse, qu’il considère comme «sa maison», il a également participé à des consultations pour la deuxième génération de Passe-Partout.

Maintenant artisan sur le plateau de l’émission Toc Toc Toc, Michel Ledoux ne manque pas de projets. «Je travaille sur deux nouveaux concepts jeunesse. Un a été élaboré avec Michel Courtemanche et sera présenté en 2009 à Télétoon, l’autre devrait remplacer Cornemuse.»

Questionné sur ce qu’il pense des émissions jeunesse de nos jours, celui qui garde précieusement chez lui la marionnette de la planète XY1000Z ne perd pas de temps avant de s’enflammer. «Le secteur jeunesse a vraiment écopé de la disparition de Canal Famille. On ne donne plus d’émissions aux jeunes. Les producteurs ont des miettes pour produire des concepts intelligents.»

Michel Ledoux est également le co-metteur en scène du spectacle de l’humoriste André Sauvé, son cousin. «On travaille ensemble pour les brainstormings de ses capsules dans 3 600 secondes d’extase et nous commençons à penser à un nouveau concept télé.»
Sa fille Marie demeure quant à elle son baromètre. «C’est devant elle que je fais mes tests de voix. C’est une ado, alors quand quelque chose est poche, elle ne se gêne pas pour me le dire.»

Si leurs trajectoires ont pris des directions opposées, les deux anciens collègues sont d’accord sur une chose: jamais ils n’auraient cru que les 650 épisodes (130 par année) de Bibi et Geneviève marqueraient autant la génération Y. «Jamais je n’aurais pensé que ça lèverait autant», s’étonne encore Sophie Dansereau. «Canal Famille était un nouveau poste, câblé en plus. Je croyais que ça allait mourir rapidement», ajoute Michel Ledoux, visiblement un peu nostalgique.

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