Laide laide…

Si Montréal était une femme, comme le suggère Jean-Pierre Ferland, elle ne serait pas le genre à briguer les auditions pour Loft Story. Ses collègues de travail vous diraient qu’elle est vive, travaillante, qu’elle a de «belles valeurs». Un peu conservatrice lorsqu’il s’agit de chambouler ses habitudes, bien moins game que Toronto.


Mais belle? Pas exactement. Habillée un peu tout croche, un mélange de plusieurs époques juxtaposées, ce ne serait pas le premier mot qui viendrait à l’esprit en la voyant arriver avec ses gros sabots.

Demandez autour de vous, et vous constaterez à quel point la beauté − ou son absence − de notre métropole est loin d’être une question anodine. En 2005, La Presse avait posé la question à plusieurs artisans du développement urbain, qui l’avaient trouvée malhonnête. Inutile de tourner le fer dans la plaie et d’étendre la comparaison aux belles pitounes que sont Paris ou Barcelone: Montréal, sa Main, son Parc Lafontaine et ses quêteux n’ont tout simplement pas cette envergure, disaient-ils en substance.

 

Beaux projets ou utopies?
Montréal n’est pas Paris. Mais qu’on s’en souvienne, elle a été désignée Ville UNESCO du design en 2006. En adhérant à ce programme, nos élus municipaux se sont engagés à promouvoir la créativité locale avec constance.
Ils ont renouvelé leurs vœux l’année d’après en signant le Plan d’action 2007-2017 Montréal, Métropole Culturelle. «La Ville améliorera l’intégration du design à ses pratiques – qu’il s’agisse d’aménagement d’espaces publics, de nouveaux immeubles, de réfection routière ou de mobilier urbain – tout en poursuivant son effort de promotion du design auprès des citoyens et de ses partenaires institutionnels ou privés […]» promettent les élus dans le cadre de ce plan. Dix ans pour faire de Montréal un exemple à suivre en matière d’urbanisme, un engagement très clair.

Les résultats de ces belles promesses se font toutefois attendre. Pendant ce temps, Québec fait des jaloux avec les prouesses réalisées pour le 400e, notamment la revitalisation réussie du quartier St-Roch, un secteur de la ville auquel à l’origine notre Saint-Henri n’avait pas grand-chose à envier.

La semaine dernière a fait exception à la règle d’inertie dont semble s’être pourvue Montréal. Le maire Gérald Tremblay a ainsi convoqué plusieurs maires d’arrondissement le 30 septembre le temps d’une soirée Pecha Kucha, spécial élus. Le but: établir une connexion entre les politiciens qui tiennent les cordons de la bourse, et les créateurs regorgeant d’idées pour revamper leur ville. Les Benoît Labonté, Claude Dauphin et autres représentants y ont résumé en 20 diapositives leur vision de Montréal

La rencontre n’aura peut-être pas été concluante, mais le simple fait de s’être plié à la discipline de fer du Pecha Kucha a permis aux élus toujours très verbeux de synthétiser leur pensée, tout en se remettant les objectifs de Montréal, métropole culturelle bien en tête.

Le maire Tremblay a aussi profité de l’occasion pour lancer un concours emballant, 5 shukos pour Montréal, dont les paramètres seront dévoilés dans les prochains jours. En gros, ces 5 appels de projets ont pour but de revitaliser, embellir, relooker certains éléments de la ville qui en ont bien besoin, comme le Champ de Mars, cet espace bétonné jouxtant la station de métro du même nom, ou le mur aveugle du Palais de justice, un peu plus loin sur Notre-Dame.

Le projet de M. Tremblay n’a peut-être pas l’ambition des boulevards imposants d’Hausmann ou des dentelles gothiques de Gaudi, mais Montréal a tellement besoin de sang neuf que la moindre initiative esthétique peut faire une différence. Une petite touche de rouge à lèvres, un bijou, et Montréal, à défaut d’être belle, sera une femme de charme.

culture.campus@uqam.ca

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