Le Comité d’experts indépendants chargé d’analyser le financement des universités québécoises et son impact sur l’UQAM a finalement fait le devoir exigé par le recteur Claude Corbo. Remis au conseil d’administration avec plus de trois mois de retard, le rapport rappelle que l’Université du peuple est désavantagée par les règles de financement du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) et propose 20 mesures qui permettraient à l’UQAM d’obtenir 28,1 millions de dollars supplémentaires, dont 19,1 annuellement.
Si quelques recommandations semblent néfastes pour la mission de l’Université – le Comité suggère notamment de fermer les «programmes déficitaires et non prioritaires» –, d’autres s’avèrent tout à fait légitimes. Par exemple, de 2000 à 2006, le MELS a financé les programmes d’études des deuxième et troisième cycles en sciences de l’environnement comme s’ils appartenaient au secteur de l’administration, un domaine beaucoup moins subventionné que celui des sciences pures. Une erreur administrative de Québec qui a privé l’UQAM de 9M$ et que le Comité somme d’être compensée.
Cette recommandation sera sans aucun doute la plus facile à revendiquer. Aucune université n’a de raison de s’y opposer et le gouvernement serait bien mauvais joueur s’il refusait de corriger la bêtise de quelques fonctionnaires égarés.
La partie s’annonce toutefois beaucoup plus corsée pour le reste des suggestions du Comité. Toutes visent à améliorer la position – peu enviable – de l’UQAM dans la répartition des subventions gouvernementales. Or, le budget réservé aux universités – 2,2 milliards – est fermé. Inévitablement, ce que le MELS donne de plus à une institution, il le prend dans la poche des autres. Dans un contexte où les universités sont sous-financées et doivent se battre pour le moindre sou noir, laquelle serait prête à faire des concessions pour l’UQAM?
Santé ou éducation?
Les recommandations du Comité ne favorisent cependant pas uniquement l’UQAM. D’autres institutions pourraient, par exemple, profiter des suggestions entourant le financement de la formation des médecins. Dans la foulée de sa décision d’augmenter le nombre de toubibs, le gouvernement a rehaussé le financement accordé par étudiant en médecine de 14%. Désormais, les universités reçoivent davantage d’argent qu’il ne leur en coûte pour former un praticien. Elles cherchent donc à accueillir davantage d’étudiants dans ce domaine pour utiliser les surplus engendrés ailleurs. Les institutions d’enseignement qui n’ont pas de faculté de médecine sont perdantes sur toute la ligne: elles payent pour la hausse de futurs médecins, pour la hausse des subventions et une partie des sommes qu’elles ont en moins sont détournées au profit de secteurs autres que la médecine.
Pour pallier la situation, le Comité suggère que les montants alloués par étudiant en médecine soient revus à la baisse et que le financement de la résidence, c’est-à-dire les années de spécialisation en milieu clinique, soit assumé par le ministère de la Santé et des Services sociaux en collaboration avec le MELS.
Si l’UQAM souhaite obtenir gain de cause dans ce dossier, son seul espoir réside en une association avec les institutions absentes du domaine médical, telles Concordia et les constituantes du réseau de l’Université du Québec. Cette alliance des pauvres receverait toutefois une opposition farouche des poids lourds que sont l’Université de Montréal, Laval, Sherbrooke et McGill.
Grâce à une série d’associations ponctuelles semblables à celle-ci, l’UQAM pourrait contraindre le MELS à modifier les règles budgétaires. Mais Claude Corbo devra jouer au renard pour parvenir à ses fins: le MELS et les autres recteurs semblent pour l’instant plutôt froids à l’idée de modifier une grille de financement qui est en application depuis trois ans seulement.
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