L’heure de la poésie

Photo Courtoisie FIL

Le Quartier latin sera envahi du 19 au 27 septembre par les bibliophiles venus assister à la quatorzième édition du Festival international de la littérature. Pour ceux qui préfèrent encore se faire faire la lecture, les 5 à souhaits promettent d’en conter de belles.

 


C’est maintenant une tradition établie au Festival International de la Littérature (FIL): le temps des 5 à souhaits, le poète, codirecteur et animateur de l’événement, José Acquelin fait monter sur scène une dizaine de poètes connus ou inconnus. Avec la collaboration de son ami pianiste Pierre St-Jacques, ces démonstrations poétiques se dérouleront sur la tribune du cabaret du Saint-Sulpice.
Pour les auteurs, l’existence même de ce type d’événement est une bénédiction, explique José Acquelin. «Il y a entre quatre cents et cinq cents poètes actifs au Québec et on n’en entend jamais parler.» Ce passionné de poésie invite donc, depuis maintenant 12 ans, des générations de poètes aux styles bien différents à collaborer aux 5 à souhaits. Ces rendez-vous permettent aux artistes participants de remettre les choses en perspective, de médiatiser un peu le phénomène poétique, mais surtout de faire connaître de nouveaux noms de la poésie en faisant se côtoyer la relève et les grands poètes québécois.

Changement de cap
Dans le but de faire évoluer le concept des 5 à 7 poétiques, José Aquelin a décidé cette année de faire partager l’affiche de ces soirées concept à des auteurs d’autres genres littéraires. En mariant plusieurs types d’écriture, le poète espère faire découvrir à l’auditeur l’omniprésence des influences poétiques en littérature. «La poésie est le laboratoire de la langue, affirme-t-il. Tout écrivain est travaillé par la langue, mais il doit ensuite la travailler.»
Des romanciers, conteurs, chanteurs, dramaturges et philosophes viendront donc tour à tour lire leurs créations, poétiques ou pas. Le docteur en philosophie Pierre Bertrand, auteur de plusieurs essais philosophiques (L’Art et la vie, L’Éloge de la fragilité, L’Intime et le prochain) fait partie de ceux qui se livreront cœur et âme devant le public du Saint-Sulpice. Pierre Bertrand s’est laissé tenter par la poésie pour la première fois en 2007 dans son essai épistolaire Parole de l’intériorité: dialogue autour de la poésie, qu’il a écrit avec le poète Martin Thibault. N’ayant jamais reçu de formation poétique, le professeur de philosophie du cégep Édouard-Montpetit parle plutôt de sa démarche comme en étant une de création. «C’est d’abord l’aspect créatif qui m’a incité à participer aux 5 à souhaits, car cela ressemble à la création philosophique.» Selon lui, la création, qu’elle soit philosophique ou poétique, ne peut se faire que d’une façon, «avec nos tripes», explique-t-il, paraphrasant Nietzsche. Pierre Bertrand est convaincu que ce concept de lectures publiques répond à un besoin, celui de renforcer la confiance en soi du poète en l’obligeant à s’ouvrir aux autres.

De romancière à poète
Ceux qui assisteront à l’une des lectures publiques du FIL croiseront peut-être sur leur chemin la romancière et scénariste Monique Proulx, une habituée des 5 à souhaits. L’auteure du roman Champagne considère que le FIL se démarque par l’originalité de sa programmation, où lectures publiques, spectacles extérieurs et animations créent une ambiance incomparable. «Il y a des stars qui sont invitées, de grands poètes, et la salle est toujours comble», affirme l’auteure.
Pour la première fois cette année, elle se prêtera même au jeu des lectures, elle qui n’a jamais écrit de poésie, «enfin rien de publiable!» selon ses dires. Monique Proulx considère pourtant la poésie comme la première forme d’art exprimé par l’humain. «Adolescent, tout le monde a déjà écrit des poèmes», croit-elle. Pour l’auteure, la création poétique et la romanesque ne se ressemblent cependant pas beaucoup. «Écrire un poème a quelque chose de jubilatoire parce que c’est instinctif, c’est la parole qui surgit, alors que pour écrire un roman, il faut se servir d’une trame logique.»
C’est donc avant tout un plaisir pour la romancière de venir partager ces mots qui coulent de source. Bien que le manque de médiatisation préoccupe plusieurs artistes du milieu littéraire, Monique Proulx ne s’en formalise pas trop. Elle se dit prête à se battre pour «les vrais débats», tels que les suppressions de programmes dans le domaine de la culture par le gouvernement Harper. Là n’est toutefois pas le mandat premier de l’artiste, croit l’écrivaine. «Les artistes doivent avant tout produire.»

 

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