Enseignants et étudiants dénoncent la loi spéciale

La loi spéciale qu’adoptera l’Assemblée nationale d’ici vendredi attise la colère des étudiants et des enseignants de l’UQAM. Ils y voient un affront à la démocratie alors que le projet de loi 78 encadrera le droit de manifester.

Le premier ministre Jean Charest et la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, ont annoncé mercredi soir le dépôt d’un projet de loi visant à modifier le calendrier scolaire des cégeps et universités en grève. À moins d’une entente prochaine avec les associations étudiantes, la session d’hiver serait suspendue et reprise au mois d’août pour se terminer à la fin septembre. La session d’automne débuterait quant à elle en octobre.

Les manifestations, quant à elles, devront être connues des policiers et ne pourront avoir lieu à moins de 50 mètres des établissements scolaires. Le projet de loi viserait ainsi la désobéissance civile pour garantir l’accès aux salles de cours, notamment en infligeant des amendes salées aux contrevenants.

Le gouvernement espère par cette loi spéciale calmer le jeu. Toutefois, les représentants étudiants sont d’avis contraire. «Ça mettra davantage le feu aux poudres», affirme le président de l’Association facultaire des étudiants en langues et communications (AFELC), Philippe Bellemare. Il craint que le projet de loi impose un cadre légal aux assemblées générales et porte ainsi atteinte au droit de grève. «Ce qu’on constate, c’est que le gouvernement tente de limiter nos actions et nos moyens de pressions.»

Le président du Syndicat des chargés de cours de l’UQAM (SCCUQ), Guy Dufresne, qui se dit aussi «pas content», ne mâche pas ses mots pour dénoncer la loi spéciale. «C’est une honte pour le gouvernement Charest, déclare-t-il. C’est une attaque envers les droits sociaux et le droit d’association. Il balaye le droit de grève des étudiants, reconnu depuis fort longtemps. C’est dégueulasse!» Le chargé de cours s’inquiète des conséquences qu’aura la suspension du trimestre sur les étudiants et professeurs. Selon lui, ceci apportera des problèmes de gestion, dont l’organisation de la session d’automne décalée. «On ne gère pas un centre universitaire comme une cafétéria ou un centre d’achat», clame-t-il.

La SCCUQ et l’AFELC maintiennent leurs solutions pour sortir de la crise. Ils proposent d’abord un moratoire et, par la suite, des états généraux afin de débattre des enjeux de l’enseignement supérieur.

Changement de forme, mais non de fond

L’arrivée de Michelle Courchesne au poste de ministre de l’Éducation, à la suite du départ de Line Beauchamp, et sa façon de gérer la crise n’impressionnent guère. Philippe Bellemare de l’AFELC soutient qu’elle n’apporte aucun changement. Il rappelle que Michelle Courchesne, qui a déjà été responsable de ce ministère de 2007 à 2010, n’est pas étrangère à la communauté uqamienne. Sa gestion de la grève des professeurs de l’UQAM, notamment, laisse un goût amer aux syndicats. Pour Guy Dufresne, Jean Charest demeure toujours le maître du jeu.

Le 22 mai prochain aura lieu une deuxième manifestation nationale à Montréal, à 14h, à la Place des festivals. Cette marche marquera le 100ième jour de la grève étudiante, la plus longue de l’histoire du Canada.

Crédit photo: Olivier Lauzon

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