Le Québec rend hommage à Guy Rocher

Des centaines de dignitaires et d’enfants de la Révolution tranquille ont rendu hommage au sociologue Guy Rocher lors de ses funérailles nationales le 2 octobre à l’UQAM. 

Un défilé silencieux s’est formé devant les cendres de Guy Rocher, exposées en chapelle ardente dans l’agora du pavillon Judith-Jasmin en matinée. Décédé le 3 septembre à l’âge de 101 ans, le sociologue Guy Rocher était un fervent défenseur de la laïcité et de la langue française, en plus d’avoir contribué à la création des cégeps et de l’UQAM. «C’est le père fondateur de l’UQAM», a répété le recteur, Stéphane Pallage, au cours de la journée.

Mention photo : Léa Lemieux

La chancelière de l’UQAM, Pauline Marois, a affirmé avoir eu la chance de parler à Guy Rocher quelques jours avant son décès. «Il m’a dit : “vous savez l’UQAM, c’est un peu mon enfant”», a-t-elle raconté avec émotion. Lors de cet échange, le sociologue lui avait confié que ses 50 années d’enseignement ont été sa plus belle contribution au Québec, rapporte Mme Marois. 

La chapelle ardente du sociologue était sobre visuellement, mais chargée d’histoire. L’agora Judith-Jasmin n’a pas été choisie au hasard pour l’événement : elle est le lieu de l’ancienne église Saint-Jacques, devenue laïque, à l’image du défunt.

L’héritage d’un penseur

Les nombreuses distinctions de M. Rocher, notamment ses médailles de l’Ordre National du Québec, étaient mises en évidence devant les fleurs. De longs panneaux blancs rassemblant quelques-unes de ses déclarations les plus marquantes longeaient le cortège.

Mention photo : Léa Lemieux

Figures politiques, proches et ancien(ne)s collègues n’ont pas hésité à rappeler l’importance de son legs. «On ne serait pas ici sans lui», a clamé Alexandre Cloutier, président du réseau de l’Université du Québec. Dans les années 1960, avant les réalisations de M. Rocher, seuls 7% des Québécois(es) ont effectué des études collégiales ou universitaires, rappelle M. Cloutier. 

«C’était réservé à une élite. Et vous voyez le résultat : en 56 ans [d’existence], l’UQAM compte [environ] autant d’étudiants diplômés que l’Université McGill», qui existe depuis plus de 200 ans, renchérit M. Pallage.

Un «pilier» de la société 

En après-midi, le cortège s’est rendu à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau pour une cérémonie d’hommage laïque. À l’instar de MM. Pallage et Cloutier, plusieurs personnalités politiques et intellectuelles, comme le premier ministre François Legault, l’auteur et océanographe Boucar Diouf ainsi que le journaliste et biographe de M. Rocher, Pierre Duchesne, ont tenu à témoigner de l’humilité et la singularité du défunt devant l’audience. 

Le montage photographique Le Québec de Guy Rocher — ses forêts, ses villages, ses saisons — a défilé sur l’écran géant au son de C’est ici que je veux vivre de Monique Leyrac. Les notes d’un quatuor à cordes se mêlaient aux sanglots étouffés. 

La salle baignée d’une basse lumière s’est tue lorsque Anne-Marie Rocher et ses sœurs ont déposé une à une les œuvres de leur père sur son vieux bureau d’enseignant. «Aujourd’hui, nous portons tous un de ses livres avec nous», a murmuré Anne-Marie Rocher, la voix brisée par l’émotion. «Nous allons les transporter auprès de lui», a-t-elle ajouté.

L’Ensemble vocal Katimavik a entonné ses derniers accords. Au centre de la scène, il ne restait plus que le bureau, les livres et cette lumière sur le bois usé,  comme si Guy Rocher, une dernière fois, invitait le Québec à s’asseoir et à réfléchir.

Interrogée sur la relève de Guy Rocher, Pauline Marois a lancé un regard confiant : «elle est probablement en route ».

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