Les applications pour apprendre des langues comme Duolingo, Babbel et Preply gagnent massivement en popularité auprès des jeunes apprenant(e)s. Les aspirant(e)s polyglottes ont l’apprentissage au bout des doigts gratuitement, mais ces plateformes ne semblent pas être la solution absolue pour maîtriser une nouvelle langue.
« Parler plusieurs langues est très valorisé dans ma famille. C’est une manière de vraiment comprendre mes origines », explique Éric Hassin, étudiant en linguistique à l’Université Concordia.
Celui qui parle couramment cinq langues, soit l’anglais, le français, l’arabe, l’arménien et l’espagnol, apprend également le turc et le russe.
« J’ai utilisé une grande majorité des plateformes sur mon téléphone, mais c’est avec Duolingo que j’ai le plus appris. »
Des angles morts
La qualité et l’accessibilité de l’enseignement sur les plateformes en ligne semblent dépendre en grande partie de la popularité d’une langue. « En espagnol, [les applications] ont beaucoup de niveaux, mais c’est une langue très favorisée dans le monde que les gens veulent apprendre », soulève Éric Hassin.
« Quand je vais en Amérique du Sud, j’ai tout de même de la difficulté à comprendre les gens parce que les accents sur Duolingo sont standardisés », remarque-t-il.
Caroline Anne Payant, professeure en didactique des langues à l’UQAM, soutient que, « pour l’anglais et le français, c’est beaucoup plus avancé. Je fais des cours de coréen avec Duolingo et j’ai beaucoup moins de fonctions, ce n’est pas du même niveau ».
L’aspect culturel lié à la langue est aussi souvent délaissé lors de l’apprentissage, particulièrement sur les plateformes en ligne. « C’est encore très négligé, il n’y a pas d’enseignement par rapport à l’autre, aux valeurs, aux cultures, ce sont les limites des plateformes », déplore Mme Payant.
En duo avec soi-même
« Nous avons toutes les possibilités sur le Web, il n’y a plus de limites géographiques », indique Jessica Payeras-Robles, professeure et directrice des programmes d’espagnol à l’École de langues de l’UQAM. Elle a constaté, dans les dernières années, un intérêt marqué des étudiant(e)s pour les variétés de langues hispanophones, notamment à l’aide de l’application Duolingo.
« Plusieurs étudiants sont très motivés, puisque c’est comme un petit jeu », poursuit l’enseignante d’origine colombienne qui est venue étudier à l’UQAM en 1992.
Duolingo offre des leçons de quelques minutes sous une formule ludique « d’apprentissage implicite » dans plus d’une quarantaine de langues. « Les gens aiment beaucoup les applications parce qu’il y a une rétroaction corrective immédiate. On n’a pas d’explication, mais on se fait dire si c’est bien ou pas », mentionne Caroline Anne Payant.
Fondée en 2011, l’application Duolingo reste gratuite. « Les étudiants n’ont pas tous le luxe de se payer un cours complet », soulève Mme Payeras-Robles.
La recette gagnante
Les applications d’apprentissage en ligne ne sont pas qu’une source de divertissement, puisqu’elles ont avant tout un objectif commun avec les cours en classe. « [Les applications] permettent aux utilisateurs de développer un vocabulaire, d’être exposés à la langue et de pouvoir ensuite avoir des conversations », spécifie Caroline Anne Payant, qui a elle-même étudié et enseigné à l’étranger.
Pour Éric Hassin, les applications font un survol des bases en langues : « Je les utilise de manière complémentaire à mes cours, je fais de la révision, j’essaye simplement de m’exposer à plus de contenu dans la langue. »
Peu importe la langue ou son niveau dans celle-ci, la meilleure stratégie d’apprentissage semble être de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. « Il faut que ce soit omniprésent et que tu t’exposes à la langue tous les jours, en plus de varier le type de contenu [consulté] », avance l’étudiant.
D’après Mme Payant, il n’y a pas de mauvaise manière d’apprendre : « En réalité, tout peut soutenir l’apprentissage. Les applications sont une seule façon d’apprendre les langues. »
Selon son expérience, l’apprenant(e) doit impérativement être confronté(e) à des situations de communication authentiques qui favorisent les interactions. « On apprend beaucoup avec la gestuelle et le contact humain. Ça ne pourra jamais être remplacé », assure Mme Payant.
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