À tous les jeunes qui ont peur de ne jamais être

Jamais n’a-t-on autant aimé parler du droit à la vie des autres, comme s’il nous appartenait. Le fœtus a une valeur inimaginable alors que l’existence du jeune trans est effacée. Il est temps de se regarder en face comme société et de revoir nos priorités, au risque de détruire la vie de nos enfants.

À mon avis, l’histoire n’est qu’une grande preuve que le la politique est un yoyo, rebondissant de droite à gauche. Seulement, le yoyo est actuellement à droite et la corde est en train de se casser. Avec la première élection de Donald Trump, le respect envers les minorités visibles et sexuelles semblait être tombé au plus bas, mais, surprise, 2025 est en train de battre tous les records. Et il n’est pas seulement question de nos voisins du Sud : le monde entier semble pencher vers le  côté droit de la bascule. 

Pour forcer leur manière de penser dans les esprits des gens, les admirateurs et les admiratrices du mouvement MAGA (Make America Great Again) ont jeté leur dévolu sur la question des jeunes transgenres. De l’extérieur, ils et elles critiquent une attaque envers les enfants et défendent bec et ongles le droit à la vie pour se positionner en saints et saintes. Mais la réalité se trouve à l’intérieur. Tel un cheval de Troie, les partisan(ne)s de la droite extrémiste religieuse cachent une haine et un besoin de contrôle sur la personne enceinte comme sur le ou la jeune LGBTQ+. L’image de saints et saintes laisse place à celle de marionnettistes.

Cette façade s’est déjà infiltrée dans la société canadienne et québécoise. Interligne, un organisme québécois qui propose une ligne d’écoute pour les personnes de la communauté LGBTQ+, a remarqué une augmentation des appels depuis la seconde élection de Donald Trump.

« Les gens nous en parlent plus. Les gens nous disent qu’ils ont peur, qu’ils ont peur de ce qui se passe aux États-Unis, mais qu’ils ont peur que ça se propage jusqu’au Canada », confie Élo Gauthier Lamothe, coordonnateur aux communications.

La montée de la haine crée un climat dangereux pour toute la communauté, mais particulièrement les jeunes trans et non-binaires. En effet, l’identité de genre et les questions des hormones chez les jeunes créent le plus de débats dans la sphère publique, parmi les questions liées à la communauté LGBTQ+.

Interligne note également une augmentation depuis les dernières années des appels à propos de l’identité de genre. « Si ce n’est pas des personnes en questionnement, c’est simplement des personnes trans qui sont inquiètes de tout ce qui se passe », raconte Élo Gauthier Lamothe.

Pour certain(e)s, c’est la peur de ne pas avoir accès à des hormones ou des chirurgies d’affirmation de genre dans un futur proche. Pour d’autres, c’est de voir ses parents qui semblaient compréhensifs avoir de plus en plus de doutes et donc ne plus se sentir accepté(e)s chez soi.

Enfin, l’organisme vit lui-même cette augmentation de la haine. Bien que les communications indésirables représentent encore 3% du total des appels reçus, le nombre habituel pour l’organisme, les propos violents se multiplient dans leur nombre et dans leur intensité. Ces propos visent « les personnes LGBTQ+, la ligne d’écoute en tant que telle ou notre organisme vraiment en particulier », explique l’employé d’Interligne.

Oui, l’extrême droite participe à une recrudescence de cette haine, toutefois, elle a trouvé une aide précieuse dans les médias. Le besoin de produire rapidement et d’attirer l’attention fait de presque toutes les productions médiatiques abordant la transidentité ou la non-binarité des épaves de sens et d’empathie.

Les réalités trans et non-binaire sont celles de communautés à l’intersection de plusieurs discriminations, relativement petites et avec peu d’expert(e)s pour la représenter justement. Selon moi, ces expert(e)s ont pendant de nombreuses années donné de leur temps aux journalistes pour que leurs propos soient finalement réduits à quelques lignes et que le micro soit donné à ceux et celles faisant le plus de bruit.

À mon sens, il n’est absolument pas question d’arrêter de parler des jeunes trans et non binaires, mais, en tant que contre-pouvoir, il est nécessaire pour le journalisme de réfléchir sur comment nous avons abordé cet enjeu dans le passé et de rectifier le tir.

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