Une manifestation contre l’OTAN vire au chaos

Gaz lacrymogène, vitres brisées, voitures incendiées : la manifestation contre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) organisée par la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) et le collectif Désinvestir pour la Palestine a été le théâtre de grabuge en début de soirée.

La manifestation a débuté dans le calme, au coin des rues Saint-Urbain et Sainte-Catherine. Elle a rapidement dégénéré en chaos, alors qu’un climat de tension s’est installé entre les manifestant(e)s (e)s et la police. Des feux d’artifice et des fumigènes roses ont été lancés vers les corps policiers par des manifestant(e)s portant des masques et des lunettes de ski. Les forces policières se sont massées aux abords de ces derniers.

Les activistes se sont rassemblé(e)s dans la rue en réponse à la visite de l’assemblée parlementaire de l’OTAN à Montréal, du 22 au 25 novembre. Les militant(e)s accusent l’OTAN de participer au financement du conflit israélo-palestinien.

 L’UQAM en grève

Plusieurs associations étudiantes de divers cégeps et universités étaient en grève pour protester contre la visite de l’OTAN. Au total, environ 85 000 étudiant(e)s au Québec étaient en grève le 21 ou le 22 novembre, ou les deux, selon un recensement de la Coalition de résistance pour l’unité étudiante syndicale (CRUES). Environ 800 personnes étaient présentes à la manifestation, selon une source consultée par le Montréal Campus. 

Gaz lacrymogène, vitres brisées, voitures incendiées : la manifestation contre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) organisée par la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) et le collectif Désinvestir pour la Palestine a été le théâtre de grabuge en début de soirée.
Mention photo : Alice Young

À l’UQAM, l’Association facultaire étudiante des arts (AFÉA), l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH), l’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED) et l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE) ont participé à ce débrayage. Selon le recensement de la CRUES, 16 000 uqamien(ne)s étaient en grève pour l’occasion. 

« Que l’AFESPED se positionne contre l’OTAN et son soutien à la campagne génocidaire de l’État d’apartheid israélien en Palestine », indique la pétition de l’association étudiante.

Selon le collectif Grève pour la Palestine de l’UQAM, l’OTAN « profite des guerres du Moyen-Orient pour enrichir ses pays membres ».

« Nous appelons tous les étudiants et travailleurs à venir manifester leur opposition et leur colère contre les semeurs de guerres de l’OTAN », indique une publication de Grève pour la Palestine UQAM, en collaboration avec le Parti communiste révolutionnaire de l’UQAM et le Parti communiste du Québec, Action MTL et Grève pour la Palestine.

Manifester contre l’impérialisme

« Il est important que nos gouvernements, nos institutions et tout citoyen et citoyenne cessent toute complicité avec le maintien de régimes oppressifs par les armes partout sur la planète », a soutenu Benoît Allard, porte-parole du collectif Désinvestir pour la Palestine, en entrevue avec le Montréal Campus

Le militant et son organisation dénoncent l’existence de l’OTAN qui, à leurs yeux, est une institution « fondée sur l’oppression  encourageant l’impérialisme et le militarisme ».

L’OTAN, créée en 1949, regroupe 32 pays, dont le Canada, les États-Unis et récemment la Suède. L’alliance militaire a le mandat d’assurer la défense collective de ses membres. 

L’article 5 de l’OTAN stipule que si l’un des pays membres est attaqué, il s’agit d’une attaque envers l’ensemble des pays alliés qui ont le devoir de le défendre. C’est de cette pierre angulaire de l’organisation qu’à résulté l’occupation de l’Afghanistan par les forces armées américaines, jusqu’en 2021, en réponse aux attentats du 11 septembre 2001.

« Les États-Unis et les États membres de l’OTAN envoient des milliards de dollars en armes militaires en Israël », lance M. Allard. Le militant mentionne entre autres l’utilisation par Israël de la Bombe Mark 84, fabriquée par l’entreprise américaine General Dynamics. L’entreprise possède une usine au Canada et aurait fourni 14 000 bombes à Israël, selon M. Allard.

Les sommes investies par le Canada dans l’OTAN devraient, selon les militant(e)s , être redistribuées dans les « défaillances de notre société » plutôt que « de servir à encourager la violence ».

Pour Justin Massie, codirecteur du Réseau d’analyse stratégique et professeur au Département de science politique de l’UQAM, l’investissement dans la défense militaire est nécessaire.

« Si on a les capacités pour défendre un pays qui ne veut pas vivre sous l’occupation russe, je trouve ça absolument légitime qu’on le fasse. Si on n’investit pas, on n’a pas cette capacité et on va permettre plus d’impérialisme », avance-t-il.

Selon M. Massie, l’OTAN n’aurait pas de rôle à jouer dans l’impérialisme des conflits actuels. 

« La position américaine d’appui presque sans limite à Israël depuis octobre 2023 n’est pas du tout une position commune et partagée par les pays alliés », soutient M. Massie, tenant à faire la distinction entre les États-Unis et le reste de l’OTAN.

Vers 17h 45, les altercations se sont intensifiées. Les manifestant(e)s scandaient des slogans anti-police, alors que les policiers et policières ont aspergé des manifestant(e)s de gaz lacrymogène. Cela a duré jusqu’à 18:45, où les manifestant(e)s ont été dispersés. Le SPVM a procédé à trois arrestations au cours de l’événement.

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