Dossier IARenouveau dans l’industrie musicale 

Même si la perspective d’une IA de plus en plus performante fait peur aux musicien(ne)s de demain, « ce sont les humains qui resteront au centre de la création », affirme Ons Barnat, professeur au Département de musique de l’UQAM spécialisé en technologie musicale.

« La première réaction, c’est que ça fait peur, c’est malade, c’est déjà super avancé. Tu peux faire des tunes de A à Z en deux secondes », s’inquiète Éloi Desjardins, étudiant au Département de musique à l’UQAM. « Mais en même temps, ça me fascine. »

Bien qu’Ons Barnat confie au Montréal Campus qu’il observe une certaine crainte au sein de la communauté étudiante, lui n’est pas inquiet pour son futur. 

« Il y a toujours un humain derrière ces technologies-là, autant dans la création, que dans l’architecture de l’intelligence artificielle, que dans l’utilisation », explique-t-il.

Une portée sociale 

Selon le professeur, les émotions humaines et le vécu des individus sont l’essence même de la musique. Historiquement, les courants artistiques sont nés grâce à des artistes qui ont su innover et casser l’ordre établi. « Je pense que c’est trop extrême de penser que c’est fini le temps des compositeurs et des créateurs », dit M. Barnat.

« L’IA ne pourra jamais porter un mouvement culturel ou un mouvement social »

Éloi Desjardins, étudiant au Département de musique à l’UQAM.

« Quand j’écoute de la musique québécoise, il y a une proximité. C’est écrit par quelqu’un qui fait partie de la société, […] qui connaît les codes et qui veut transmettre un message », dit-il avec passion.

Rafaël Soulard-Alfaro et Léonardo Monteiro Beauchamp du groupe de rap Isotope, originaire de Gatineau, estiment que l’aspect humain de la musique est irremplaçable. « Tu as l’impression de connaître les artistes. Si c’étaient des robots, il n’y aurait pas cet aspect humain que le monde recherche », explique Léonardo.

M. Barnat avance aussi que la musique créée entièrement grâce à l’IA fait en réalité du recyclage de toutes les données disponibles. Ainsi, la machine numérise, résume et regroupe des données selon les paramètres qui lui sont indiqués pour offrir un arrangement musical qui semble original, mais qui est loin de l’être.

Savoir dompter la machine

Selon Éloi Desjardins, qui l’utilise souvent dans ses propres créations, il faut voir l’IA comme une force plutôt qu’une nuisance et « l’intégrer à ta pratique et faire en sorte que ça te rende meilleur ».

« Je le vois plus comme un nouvel outil dont il faut apprendre à se servir, comme l’arrivée de l’ordinateur dans le monde de la musique », confie Rafaël Soulard-Alfaro.

L’IA offre également plus de possibilités pour les musicien(ne)s émergent(e)s au budget limité. C’est le cas d’Éloi et de son groupe Gazebo Gang qui ont opté pour une image de couverture générée par l’IA pour leur récent simple Parapluie. Cette décision a permis au groupe indépendant de financer une séance avec un photographe pour la couverture de leur nouvel album. 

Des outils d’intelligence artificielle permettent désormais de créer de la musique à partir de prompts. Le Montréal Campus a tenté l’expérience. Mention : Marilaure Lambert avec le logiciel SUNO!

Réglementation nécessaire

L’avancée de l’IA dans la musique comporte son lot de risques pour les artistes qui tiennent à protéger leurs droits d’auteurs, leur image et leur carrière. Les avancées technologiques de l’IA sont arrivées tellement rapidement qu’au moment d’écrire ces lignes, il n’existe que très peu de réglementation à ce sujet au Canada.

Pour sa part, Ons Barnat tente d’intégrer cette nouvelle technologie dans son enseignement en incitant ses étudiant(e)s à explorer ces nouveaux outils. 

« Je leur dis : “Voyez-le comme un outil qui va vous permettre de tester quelle est votre identité propre. Utilisez-le comme une manière de vous confronter au monde.” » Pour lui, c’est une occasion pour les étudiant(e)s de faire un travail de réflexion éthique.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *