Les membres de la communauté étudiante en résidence temporaire au Québec déplorent le fait que certaines bourses exigent la nationalité canadienne ou la résidence permanente pour poser une candidature.
« C’est quand même un fort désavantage [la résidence temporaire] », avance Adrien Bade, étudiant à l’Université de Montréal en biologie. « J’aurais pu avoir accès aux bourses du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada [CRSNG], sauf que c’est réservé aux citoyens canadiens », appuie-t-il.
« Je ne me sens pas forcément exclu, mais je sais qu’on n’a pas non plus les mêmes chances qu’un Québécois », expose un étudiant de l’UQAM. Ce dernier n’a pas souhaité révéler son identité, car cela pourrait lui porter préjudice au niveau professionnel.
« Inégalités » au sein de la communauté étudiante
« Pour certaines personnes, c’est difficile de trouver un stage, de trouver une maîtrise, mais ça l’est encore plus pour les non-Canadiens », énonce Adrien Bade. « C’est un poids supplémentaire [de ne pas avoir accès aux bourses] », dit-il.
Selon lui, cela entraîne « des inégalités vis-à-vis des autres étudiants qui déjà doivent payer plus de frais de scolarité, mais qui en plus n’ont pas accès à certaines bourses ».
La communauté étudiante internationale paie des frais de scolarité au moins deux fois plus élevés que les étudiants et les étudiantes qui ont une résidence permanente si leur pays a une entente avec le Canada et jusqu’à quatre fois plus si ce n’est pas le cas.
L’étudiant de l’UQAM qui souhaite rester anonyme estime que de ne pas avoir accès à certaines bourses a des impacts sur la gestion de son budget. « Tu n’auras pas d’aide, du coup, tu réfléchis différemment à tes placements d’argent », assure-t-il.
Il ne comprend pas pourquoi certaines bourses écartent la communauté étudiante internationale. « Je pense qu’on est tous égaux et qu’il faut qu’on ait toutes les mêmes égalités et les mêmes chances dans la vie », affirme l’étudiant.
Jean-Philippe Brunet, avocat spécialisé en droit de l’immigration, explique que ce sont les universités ou les instances qui remettent les bourses qui imposent ces limites, et non Immigration Canada.
Une question de budget
Louise Poissant, directrice scientifique du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC), ne comprend pas pourquoi certaines bourses excluent la candidature des étudiants et étudiantes en résidence temporaire.
Les bourses du Fonds de recherche du Québec sont adressées à toute la communauté étudiante québécoise. « [Avoir la] résidence temporaire n’est pas une référence [écrite] dans nos règles nulle part, ni comme [critère] d’exclusion, ni d’inclusion », indique Mme Poissant.
« Le financement derrière les bourses [qui excluent les étudiants et étudiantes en résidence permanente] requiert probablement qu’on les offre à des citoyens canadiens et à des résidents permanents », indique Jean-Philippe Brunet.
« Généralement, par rapport au budget, [les institutions qui offrent les bourses] ont la possibilité de limiter ça à des citoyens et à des résidents permanents. Elles ne peuvent pas vraiment limiter autrement, parce qu’on les accuserait de discrimination », ajoute l’avocat.
Fais ton balado, un concours présenté par Radio-Canada, est proposé aux jeunes entre 18 et 25 ans. La résidence permanente ou la nationalité canadienne est requise pour y participer.
« Les candidats qui sont sélectionnés sont ensuite formés et embauchés par Radio-Canada pour travailler un minimum de trois jours par semaine, donc ils doivent être légalement autorisés à travailler au Canada pour pouvoir être sélectionnés », explique Émilie Brazeau Béliveau, première chef de la publicité, du marketing et des relations publiques audio et radio de Radio-Canada.
D’autres opportunités
Même si l’étudiant de l’UQAM aimerait pouvoir appliquer aux bourses et aux concours, il tient à souligner les opportunités dont il a pu profiter en étudiant au Québec. « On a déjà de la chance de pouvoir venir ici en tant qu’étudiants internationaux », appuie-t-il.
Parmi ces opportunités, il y a les bourses du Fonds de recherche du Québec, pour lesquelles seule l’excellence du dossier académique compte. « On trouve important et intéressant que des étudiants viennent étudier au Québec, on pense que ça enrichit le milieu universitaire, le milieu académique et le savoir en général », explique Louise Poissant.
Elle rapporte que dans les universités québécoises, les jeunes qui arrivent d’autres pays contribuent au développement de certains secteurs, notamment celui des sciences de la nature.
Pour Radio-Canada, l’objectif de Fais ton balado est « de former la relève pour le milieu du balado au Canada », affirme Émilie Brazeau Béliveau. Elle avoue envisager de changer les critères de sélection dès l’année prochaine afin que le concours soit également ouvert aux étudiants et étudiantes issu(e)s de l’étranger qui peuvent travailler au Canada.
« Tant qu’ils sont autorisés à travailler pour le nombre d’heures qui est écrit dans le règlement, je pense qu’on pourrait, en effet, ouvrir cette porte-là », concède-t-elle.
Mention illustration : Chloé Rondeau
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