Mykalle Bielinski : Explorer l’art sacré

L’artiste éclectique Mykalle Bielinski présente du 13 au 17 décembre sa troisième création scénique Warm up dans laquelle l’ancienne étudiante de l’École supérieure de théâtre de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) s’intéresse à l’écologie et la décroissance. Portrait de cette créatrice et interprète polyvalente.

En plus d’allier chant, poésie, théâtre et rituel, la jeune créatrice produit elle-même l’énergie nécessaire au fonctionnement de son spectacle à l’aide d’un vélo sur scène. « Le but était d’assumer le coût écologique de mon spectacle le plus possible, explique-t-elle. J’ai décidé de faire un spectacle qui parlait d’activisme, d’écologie radicale et de décroissance : je voulais donc être décroissantiste dans le processus même. »

Dans sa nouvelle création, l’artiste pluridisciplinaire présente ainsi une quête du sacré liée à la nature et à la crise climatique. Seule sur scène, elle y dénonce la surconsommation ainsi que l’exploitation des ressources naturelles à travers une expérience immersive et sensorielle.

Une performance inclassable

Diplômée en interprétation théâtrale, Mme Bielinski utilise ses multiples talents pour élaborer des prestations scéniques impliquant plusieurs disciplines. « C’est quand même difficile à classer! », affirme-t-elle en riant au sujet de son art. « Ça demeure du chant sur une scène, mais ce n’est pas de la comédie musicale ou un concert typique. Il y a quand même une narration, une forme de rituel et une sorte de méditation », ajoute l’artiste.

Warm up fait ainsi écho à ses deux premières créations, soit les spectacles Gloria et Mythe. Dans ses prestations, l’interprète cherche à « provoquer le sublime » chez les spectateurs et les spectatrices. « C’est autant pour moi la démesure et l’intensité que les émotions comme le deuil ou la guérison », définit-elle. Sur scène, l’artiste espère éveiller des sensations de bien-être et de bienveillance.

Mme Bielinski souligne que son passage à l’UQAM a été particulièrement important dans sa démarche et dans son parcours. « Ça a vraiment été un lieu de découverte et d’expérimentation, indique-t-elle. C’est un peu là que tout s’est joué et que j’ai compris ce que j’aimais, ce que je voulais faire. »

À la fin de ses études, la créatrice a eu envie de développer son propre langage afin de rejoindre les gens par son art. « J’ai pu explorer plein de choses et à un certain moment, j’ai commencé à rendre réelles mes idées pour aller au bout de mes rêves, même si c’était un peu fou! », explique-t-elle.

Talent créatif et recherche du sacré

Avant d’étudier à l’UQAM, Mykalle Bielinski a obtenu un diplôme d’études collégiales en théâtre au cégep de Saint-Laurent. C’est là qu’elle a croisé la route de l’enseignant Pascal Belleau, qui parle aujourd’hui de cette dernière avec beaucoup de fierté. « Sans dénigrer la moyenne de mes autres étudiants, [Mykalle] avait beaucoup de talent », raconte-t-il d’un ton complice.

Celui qui enseigne l’interprétation au collégial depuis 1985 multiplie les éloges au sujet de Mme Bielinski. Il se souvient entre autres de leurs nombreux échanges sur l’art et le théâtre, de sa bonne humeur et de ses grandes compétences artistiques. « C’était une étudiante et une créatrice extraordinaire, témoigne M. Belleau. Je garde un souvenir impérissable de sa formation et de la complicité qu’on avait. »

Il ajoute qu’au cours de ses études, Mykalle Bielinski avait un côté très rassembleur et qu’elle apportait beaucoup de positif à ses pairs et à ses professeur(e)s. « C’est quelqu’un qui dit oui à la vie », mentionne-t-il joyeusement.

En plus de ses prestations scéniques, Mme Bielinski a récemment publié un recueil de poésie et enregistré un album de chants sacrés. Ce concept de « sacré » est d’ailleurs au cœur de ses différents projets. « Pour moi, [le sacré,] c’est une forme de transcendance de l’être et d’interconnexion avec ce qui existe, énonce-t-elle. Je pense que ça nous fait plonger dans notre intériorité et que ça nous fait ressentir davantage ce qui est fondamental pour nous. »

Pour l’artiste, ce sacré s’exprime notamment par sa voix et ses chants, mais aussi par la mise en scène et la présence de méditation dans la performance. Selon elle, son dernier spectacle permet aux gens qui y assistent d’entrer dans un espace déconnecté de la réalité, où ils et elles peuvent s’abandonner. « Le sacré, c’est ce qui nous donne une raison de vivre et qui rend l’existence magnifique », conclut-elle.

Mention photo Maxime Côté (Mykalle Bielinski)

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